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Dans les mailles du filet ! Le trafic triangulaire bis !

Publié le 07 décembre 2015 par Halleyjc

Bannière752x440Qu’elle est belle, cette morue ! Un peu trop belle peut-être. C’est l’actrice principale d’une aventure qui a duré 500 ans : la grande pêche. Et c’est une actrice qui rapporte… Au point qu’elle a longtemps été appelée « l’or blanc ». Pourquoi un tel engouement pour la morue ?

La morue, ou cabillaud, ou gadus morhua pour les puristes, est un poisson vorace qui vit dans les eaux froides de l’Atlantique Nord. Elle peut atteindre 1,50mètre de long pour 90kg ! On la reconnait à sa robe vert-brun, son ventre blanc, ses trois nageoires dorsales et ses deux ventrales, mais surtout son barbillon mentonnier et sa grande bouche. Et elle est délicieuse…

Depuis la découverte du Nouveau Monde, à la fin du 15e siècle, des pêcheurs basques et bretons se rendaient sur les bancs de Terre-Neuve et d’Islande pour pêcher la morue. Ces expéditions duraient de 6 à 8 mois et étaient extrêmement dangereuses : il fallait traverser l’Atlantique, survivre dans des conditions terriblement difficiles, puis revenir à bon port. Mais les milliers de marins qui étaient appelés pour cette « grande pêche » n’hésitaient pas : le poisson était si abondant qu’on pouvait presque parler de « pêche miraculeuse » à chaque fois, et les pêcheurs, quand ils revenaient, étaient donc sûrs de pouvoir échanger leur « or blanc » contre de l’or… or (en tout cas, contre beaucoup d’argent).

Au fil des siècles, cette grande pêche s’est développée, devenant un enjeu économique majeur et bénéficiant d’avancées technologiques qui l’ont rendue de plus en plus efficace, au point de menacer la pêche elle-même. De la pêche à la ligne, on est passés à la pêche au chalut, qui est plus rapide et qui prend beaucoup plus de poissons, mais qui met donc en danger le stock : pour que la pêche puisse continuer, il faut bien que quelques poissons survivent !

Voici donc en quelques mots l’aventure de la grande pêche à voir au musée national de la Marine du 07 octobre au 26 juin 2016 ! 

Merci à Myriam ALAMKAN pour cette ouverture vers le trafic triangulaire un peu ignoré.

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Je sais que pour la plus part de mes lecteurs, le trafic triangulaire est synonyme de traite négrière transatlantique. Cependant, en histoire maritime il n'existe pas qu'un seul type de trafic triangulaire. Le commerce morutier a longtemps été un commerce triangulaire. Un bâtiment unique était utilisé pour le transport du sel depuis les ports européens, vers Terre-Neuve puis de la morue était acheminée vers les Antilles et la Guyane et des Antilles partaient le rhum et le sucre.

Pour illustrer notre propos voici une carte montrant le commerce triangulaire mis en place par Jean Talon, premier intendant de la colonie de la Nouvelle-France entre 1665 et 1672. Elle montre la diversité des produits transportés suivant le modèle triangulaire, en plus de la morue et autres poissons salés.

Les campagnes de pêche à la morue étaient particulièrement longues et ont laissé de multiples traces dans la culture française et antillo-guyanaise. Mais nous ne nous intéressons ici qu'à l'aspect culinaire, une autre fois nous parlerons des chants de marins.

Carte, manuel scolaire, Le Québec, une Histoire à suivre p.95, édition le Grand Duc

Carte, manuel scolaire, Le Québec, une Histoire à suivre p.95, édition le Grand Duc

La morue est indissociable de la culture gastronomique antillaise et guyanaise. Toutes les familles ont leurs recettes. Et quasiment personne ne songe au processus qui a conduit ce poisson des mers froides à devenir un fleuron de la cuisine sous les tropiques. C'est ce questionnement qui m'a conduit à m'intéresser à ce que je nomme "la tropicalisation de la consommation de la morue" et qui a été le titre de ma première communication sur l'histoire de la consommation de la morue en Guadeloupe.

De ce travail de recherche j'en ai tiré une conférence gourmande que notre association Trésors du Patrimoine organise régulièrement en Guadeloupe pour faire découvrir l'histoire et les pratiques culinaires liées à la morue: "Mi Mori!" est une rencontre histoire et cuisine.

Nous avons reçu pour cela l'aide de plusieurs chef cuisiniers: Alexandre Rémy du Brésil et les chefs guadeloupéens Joël Kichenin et Jocelyn Corvo qui ont partagé leurs recettes avec le public et rendu chacune de nos rencontres des délices culinaires. Merci de leur aide.


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