Faire le vide
S’asseoir et regarder.
Ou plutôt non, s’asseoir pour ne pas regarder.
Juste être là, sans penser, ou du moins en essayant de ne pas penser. Juste ressentir ce qui est devant, de l’eau, des plantes, du bleu, du vert, du blanc. Mais non il n’y a ni eau, ni plantes, ni bleu, ni vert, ni blanc. Rien que de la matière brute.
Ou plutôt non, s’asseoir et ne pas regarder.
Il n’y a pas de « pour ». Être assis sans raison et sans but. Oublier le passé et le futur. Sortir du temps et n’être que dans un présent sans trajectoire. Sans histoire, sans préjugé, sans finalité. Ne plus rien savoir.
Ou plutôt non, ne pas être assis.
Il n’y a pas de banc et je n’ai pas de corps. La frontière entre le dehors et le dedans n’existe pas pour les molécules qui me transpercent. N’être plus qu’une portion du tout. Un morceau qui se trompe en se pensant.
(Rêverie vécue au Domaine Pine Grove dans le Nord du Québec en août 2014)