Nous seulement, les français possèdent encore peu d'objets connectés, mais quand ils en ont, ils ne s'en servent pas forcément, selon la dernière étude sur la mobilité du Cabinet Deloitte. Principal frein à leur développement : le manque d'usages innovants.
Près des trois quart des possesseurs d'un thermostat connecté ne l'utilisent jamais, selon la dernière étude du cabinet Deloitte sur les français et la mobilité. L'idée paraît pourtant séduisante sur le papier. Utile de pouvoir allumer le chauffage avant d'arriver chez soi en période de grand froid, ou au contraire de l'éteindre quand on a oublié de le faire en partant en week-end. Mais visiblement les utilisateurs n'y trouvent pas leur compte et n'en voit pas suffisamment l'intérêt.
Des ventes encore très timides
« Le problème vient du fait que les usages grand public autour de ces objets ne sont pas encore assez développés » commente Alexandre Buselli, associé conseil responsable Télécoms et Médias chez Deloitte et co-auteur de l'étude. A côté des 71 % détenteurs d'un thermostat intelligent qui ne l'utilisent jamais, les 13 % qui s'en servent au moins une fois par semaine et les 8 % tous les jours font pâle figure. Surtout que le constat est identique pour d'autres dispositifs comme les systèmes d'éclairage à distance. « Ces dispositifs ont au départ un côté ludique, mais au final les gens ont autre chose à faire, et si la motivation financière n'est pas suffisante, ils ne s'en servent pas » conclut Alexandre Buselli.
Les usages liés à la santé via les montres intelligentes sont ceux qui sont les plus développés avec un nombre non négligeable d'utilisateur quotidien et hebdomadaire. (source : Deloitte, étude Usages mobiles 2015. A game of phones)
Le manque d'usages qui apportent réellement quelque chose de nouveau et d'utile aux consommateurs expliquent sans doute la faible pénétration des objets connectés dans la population française. Seuls 1% des Français interrogés par Deloitte possèdent ainsi un thermostat intelligent 2% une montre intelligente et 3% un traqueur fitness. Et, les objets connectés qui ont le plus pénétré le marché ne l'ont, a priori, pas fait grâce à leurs fonctionnalités connectées puisqu'il s'agit des console de jeux (18%) et des téléviseurs intelligents. Des objets présents depuis longtemps dans nos salons.
Les produits les plus innovants comme les montres intelligentes et les traqueurs fitness ont surtout été adoptés par un public technophile avec 15% d'utilisateurs dans cette catégorie. (source : Deloitte, étude Usages mobiles 2015. A game of phones)Les objets connectés ont beau faire beaucoup parler d'eux, les français n'y sont donc pas encore accroc. « La tendance est bien réelle, mais les ventes évoluent plus lentement que ce que les entreprises espèrent » résume Alexandre Buselli.
La santé, fer de lance des objets connectés
Le secteur le plus prometteur est celui de la santé, avec en particulier le marché des sportifs amateurs qui ont accès à de nombreuses données comme leur rythme cardiaques, leurs performances ou celles d'autres coureurs. « Les applications dans le domaine se développent doucement, mais sûrement » se félicite Alexandre Buselli. Mais de nombreuses autres applications liées à la santé sont en train d'émerger. «La sécurité des personnes âgées pourrait aussi devenir un marché important, avec la possibilité de lancer des alertes en cas de problème ou de réaliser un suivi de la prise des médicaments » anticipe Alexandre Buselli. Contrairement aux dispositifs existants, les objets connectés seront capable de réagir seuls en fonction des données recueillies pour inciter la personne à boire un verre d'eau, lui rappeler qu'elle doit prendre ses médicaments ou envoyer un SMS en cas de danger.
Pour l'instant, les usages et les gains B2B pour les entreprises sont souvent plus évidents que ceux du grand public. « Le compteur Linky a plus d'utilité pour ERDF que pour l'utilisateur avec un gain de temps et des informations remontées en temps réel » détaille Alexandre Buselli. Ces objets connectés ont l'avantage de faciliter la collecte massive de données sur les consommateurs, tout comme les smartphones, encore faut-il qu'ils soient utilisés.