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LA CHINE S’EST ÉVEILLÉE (1ère partie)

Publié le 12 décembre 2015 par Dubruel
Extrait d'un article du Figaro paru le 24/03/2015 relatif au dernier livre de Jean-Michel Quatrepoint : 'Le choc des empires. Etats-Unis, Chine, Allemagne : qui dominera l'économie-monde ?'

La stratégie d'investissement hors de Chine des groupes publics ou privés date d'il y a seulement quelques années. En l'an 2000, il n'y avait pratiquement pas d'investissements chinois à l'étranger. En quatorze ans, ils ont été multipliés par cent.

Les groupes chinois ont commencé par investir dans des pays où il y avait des matières premières puis dans de grands marchés, aux États-Unis puis en Europe. La destination principale de leurs investissements reste les États-Unis. Ceux-ci en absorbent près de la moitié. Les groupes chinois y ont racheté des groupes alimentaires et des start-up.

En Europe, ce phénomène est plus récent et s'explique en partie par le fait que les investissements chinois ont été bloqués dans quelques secteurs américains comme l'énergie et les télécommunications. En 2014, on estime qu'il y a eu 18 milliards de dollars d'investissement chinois en Europe, ce qui est relativement peu. La principale destination de ces investissements est le Royaume-Uni (plus de 5 milliards), l'Italie (3,5 milliards et demie qui vont augmenter avec Pirelli), le Portugal puis la France (avec seulement 1,5 milliards). Ils ne représentent aujourd'hui qu'un peu plus de 2% du total des investissements étrangers en Europe. C'est donc encore très marginal.

Les Chinois sont pragmatiques: ils réagissent en capitalistes et sélectionnent les secteurs qui peuvent leur apporter quelque chose. En France ils ont investi dans l'immobilier, le vin et l'agroalimentaire -notamment dans des usines de production de lait: les chinois n'ont plus confiance en leurs industriels de l'agroalimentaire en raison de nombreux scandales alimentaires. Les groupes chinois investissent donc à l'étranger pour avoir le label de qualité américain ou européen dont les normes de sécurité alimentaire sont plus importantes qu'en Chine, ce qui donne confiance aux consommateurs de leur marché intérieur.

Leurs stratégies sont de long terme: ils cherchent à acquérir des parts de marché ou des technologies, c'est une stratégie classique qui n'a rien de révolutionnaire. Mais celle-ci est très réfléchie et s'appuie sur leur considérable puissance financière: les réserves de la Chine sont, en effet, de 3400 milliards de dollars, le premier fond souverain chinois s'est hissé à 340 milliards de dollars et les grands groupes privés ont des capacités financières de dizaines de milliards de dollars.

Cette capacité financière bénéficie également de la baisse de l'euro par rapport au Yuan. Les Chinois peuvent donc acheter en Europe pour des prix moindres. Ce mécanisme va augmenter car la Chine a besoin d'augmenter et diversifier ses actifs à l'étranger, et les européens, notamment les pays qui ont des déficits de leur balance commerciale, de leurs comptes courants et également du chômage, ont besoin des investissements chinois.

Ils ont donc eu comme stratégie d'avoir une monnaie forte, qui est la deuxième monnaie mondiale après le dollar. Associée à des réserves financières importantes, cette monnaie leur permet d'acheter là où les monnaies sont faibles et où règnent les problèmes économiques.

Cela peut poser problème aux Européens si les Chinois cherchent à être présents dans des secteurs stratégiques mais, en même temps, leurs investissements sont intéressants car ils sont une alternative aux investissements américains.

Le marché chinois de l'automobile représente le double du marché américain. Il est le premier producteur mondial. Les chinois ont développé une politique selon laquelle leurs constructeurs sont généralement en partenariat avec des Occidentaux. Ils ont ainsi appris le métier mais il leur manque à présent les équipements. Or une bonne partie de la valeur ajoutée d'une automobile vient de ceux-ci. Ils n'avaient pas encore de grands constructeurs dans ce domaine et en achetant Pirelli, ils acquièrent le savoir-faire et une part de marché sur le marché des pneumatiques.

Il faut regarder où les Chinois investissent. En France, nos compétences dans le domaine de l'agroalimentaire, du vin, du numérique et du tourisme sont reconnues donc ils investissent dans ces secteurs.


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