Catherine Harding est venue donner un atelier à Paris et ce fut une joie de l'entendre parler de l'éveil et de la vision de notre propre nature. Catherine a de gros problèmes physiques et d'intenses souffrances; et pourtant elle a témoigné par sa présence et son sourire qu'on peut voir sa vraie nature même dans ces circonstances difficiles.
Sa présence lumineuse a touché, je pense, ceux qui ont eu la chance de venir l'écouter et partager le trésor de ce que nous sommes vraiment.
Qu'elle soit remerciée d'être venue.Voici comment elle a commencé l'atelier :
photo: J.C. César
"Catherine : La première fois que j'ai rencontré Douglas, et que je suis arrivé dans son atelier, il a commencé en disant : "Je ne suis pas ce que je parais être." Je me suis dit :" Mais qu'est-ce qu'il raconte?"
Eh bien ce matin, je peux vous le dire en toute sincérité, je ne suis pas ce que je parais être. Et je comprends enfin totalement ce qu'il disait, et qui est la vérité. Pour vous je suis une vieille dame de 84 ans, qui a plein de problèmes physiques. J'ai été victime d'un accident de voiture il y a un an, en plus de la vieillesse. J'ai eu les deux épaules cassées et je ne peux les bouger. J'ai mal tout le temps, ce qui n'est ni facile, ni très amusant. Bref, je me bats contre ses douleurs depuis plus d'un an.
Voilà pourquoi je ne suis pas ce que je parais être, parce qu'au-dedans de moi, cela va très bien. Ce que je suis vraiment au coeur de moi-même va très bien et heureusement que j'ai Cela. C'est grâce à Cela que je traverse toute cette période : le vieillissement, les douleurs...Je ne veux pas dire que la douleur disparait grâce à la vision : ce corps n'est pas très bien, mais au centre de moi-même, cela va très bien et je suis si heureuse d'être là avec vous. J'accepte ce qui est.
Les trois quarts de ce corps ne sont plus du tout ce qu'ils étaient quand j'étais plus jeune : j'ai des prothèses de hanche, des prothèses dentaires etc...Il n'y a plus rien qui reste de ce qu'on appelait Catherine, c'est simplement un véhicule qui continue de marcher, de fonctionner. Je ne suis pas au centre ce que je parais être."
Catherine Harding a notamment cité ce poème de Jacques Goorma :
"Le séjour n'a lieu qu'en mon absence. Personne n'est là pour en jouir. Il n'est pourtant que jouissance. Le séjour n'a lieu qu'en mon absence et pourtant je suis ce séjour et non ce personnage en costume qui tient salon. Le costume est utile pour apparaître, mais il est inutile de se limiter à ses coutures. Le séjour est derrière. La lumière silencieuse de la conscience. Nos corps sont l'expression de ce silence et n'ont lieu nulle part ailleurs que dans sa lumière." Le Séjour, Ed. arfuyen
Elle a commenté ce texte en disant : "Goorma appelle cet espace, cette transparence que nous sommes "le séjour". C'est là où on se repose : le séjour. Et c'est là qu'on est bien. Ceci, le corps, n'est que le costume ; parfois il a mal, mais la conscience est toujours pareille ; elle n'a pas changé. En fait la souffrance ne peut l'atteindre vraiment."