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Concert : le Quatuor Zemlinsky au Théâtre des Bouffes du Nord

Publié le 15 décembre 2015 par Nicolas Bourry @nicolasjarsky
© Tomáš Bican

© Tomáš Bican

Nous sommes allés hier au si singulier Théâtre des Bouffes du Nord pour un concert du Quatuor Zemlinsky dans le cadre de La Belle Saison.

Prenons les choses dans l’ordre : La Belle Saison c’est un réseau d’une vingtaine de salles en France et en Europe au service de la musique de chambre. C’est le Théâtre des Bouffes du Nord qui est à l’origine de ce beau projet. Ce théâtre, on vous en a déjà parlé, a toujours su développer une programmation transdisciplinaire de qualité dans un cadre hors du commun avec cette salle brute à l’ambiance si particulière.

Le décor est planté et on y retrouve le Quatuor Zemlinsky dans un programme Haydn, Beethoven et Zemlinsky. Le quatuor est multi-récompensé de prix internationaux et poursuit une très belle carrière en Europe et Amérique du Nord. Il revient d’une tournée-résidence en Aveyron avec toute une série d’actions pédagogiques, toujours dans le cadre de La Belle Saison et conclut par le concert aux Bouffes du Nord, son année 2015.

Au programme, Haydn et le Quatuor op.76 n°3 dit « L’empereur » en quatre mouvements directement inspiré d’un hymne impérial qu’Haydn vient de terminer au cours de l’année 1797. Pour finir la soirée, le Quatuor op.130 de Beethoven qui à l’origine, se concluait par un mouvement très imposant, la Grande Fugue, mais qui sur demande de l’éditeur a ensuite été publié à part. Le Quatuor Zemlinsky fait le choix de jouer la partition dans sa forme d’origine. Enfin, entre les deux monstres sacrés Haydn et Beethoven, l’autrichien Alexander Zemlinsky avec le Quatuor à cordes n°1 op.4, premier des quatre quatuors du compositeur composé en 1896.

Compte-rendu :

Petite introduction du premier violon Frantisek Soucek dans un français impeccable avec un accent irrésistible, pour nous présenter rapidement les œuvres, le lien entre hymne austro-hongrois et quatuor de Haydn, République Tchèque et Zemlinsky, on adore.

Dans le Haydn, les musiciens abordent la partition avec concentration, pour un rendu plein de légèreté, qui nous plonge dans une vraie ambiance de salon viennois. En plus des souliers vernis et des nœuds papillon, on est véritablement dans la plus pure tradition dans l’exécution comme dans la présentation. Les musiciens se tournent vers le public (surtout l’altiste Petr Holman) et jettent des regards très souriants et ce tout au long du concert. On apprécie cette invitation au partage. Tout au long du quatuor du Haydn il se dégage une très grande maîtrise ce qui semble libérer les musiciens qui peuvent se concentrer sur l’interprétation qui est fraîche et vivante.

La pièce de Zemlinsky est très intéressante, mouvante et adaptée au Quatuor qui semble s’y déployer. Les quatre compères s’investissent physiquement et musicalement. Cela provoque-t-il la rupture d’une corde du violoncelle ? Un changement rapide et on reprend. Les musiciens arrivent à créer une attente, un suspens dans l’exécution. On attend la suite !

Programme très bien construit puisque, après le classicisme viennois de Haydn, le piquant de Zemlinsky on aborde la gravité de Beethoven avec le Quatuor à cordes op 130 avec Grande Fugue. Impressionnant, une sorte de bouquet final pour cette soirée de musique de chambre décidément très enlevée ! En rappel, le dernier mouvement du Quatuor à corder n°12 dit « Américain » de Dvorak. Le quatuor Zemlinsky y est ludique, presque déchaîné. Encore une fois très bon choix de programmation avec une vraie diversité et ce mouvement très relevé après la profondeur de Beethoven comme une franche accolade pour se dire « à bientôt ». Le  public apprécié et applaudit très chaleuereusement les musiciens. A juste titre.

Ça nous a donc beaucoup plus et on salue le Quatuor Zemlinsky qui en plus d’être excellent est souriant, aimable avec son public et avide de partage.

En parlant de Haydn, on a déjà abordé ses quatuors souvenez-vous.



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