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« Si je reviens », Ernest Pignon-Ernest à la galerie Openspace

Publié le 16 décembre 2015 par Miss Acacia @GrainedAcacia
« Si je reviens », Ernest Pignon-Ernest à la galerie Openspace

Ernest Pignon-Ernest avait inauguré la galerie Openspace en 2012. Il revient 3 ans après avec " Si je reviens ", une exposition consacrée à Pasolini, du 12 décembre 2015 au 23 janvier 2016.

Un pionnier de l'art urbain engagé

En 1966, Ernest Pignon s'installe dans un petit village du Vaucluse pour peindre des tableaux inspirés par les grands maîtres qu'il admire (tels que Picasso, Le Greco ou Bacon). Mais, très vite, il va délaisser ses pinceaux et les remplacer par des pochoirs et des bombes de peintures pour s'exprimer sur les murs des villes.

Cet artiste est engagé, tant politiquement que socialement. Ses collages ou ses pochoirs se font toujours l'écho d'événements passés ou actuels qui se sont déroulés dans la ville. Ainsi lorsqu'il colle le portrait de Rimbaud à Charleville-Mézière (ville natale du poète) il rend hommage à la révolte des adolescents de 1872 qui rejoint celle des jeunes d'aujourd'hui. Ou encore, sa série " Les expulsés de 1977-1979 " témoigne du rejet d'une population à l'extérieur de Paris lors de sa rénovation en 1978 mais prend aujourd'hui un autre sens et tente de mettre en lumière tous les oubliés, ceux qu'on ne veut pas voir, les SDF ou les migrants.

Il a également collé ses immenses portraits de résistants dans les ghettos de Soweto ou en Algérie pour rendre hommage aux morts de l'apartheid ou de la guerre d'Algérie. Il veut, à travers eux, créer un face-à-face avec les passants pour les rendre témoins de l'injustice.

Je ne cherche pas à représenter, mais à rendre présent

Qu'a-t-on voulu faire taire en le tuant ?

Il y a 40 ans, Pier Paolo Pasolini était assassiné. Pendant longtemps, la version officielle a été qu'il avait été tué par un jeune prostitué après un rapport sexuel qui aurait mal tourné. Une sordide histoire de moeurs, rien de plus. Mais cette version est contestée par les amis de Pasolini. Ils relèvent l'incohérence des faits et la différence de corpulence entre le frêle garçon et l'écrivain de 53 ans, sportif et karatéka. On parle alors de règlement de compte politique ou mafieux. Il faut dire que l'artiste était très engagé et adepte des prises de position provocatrices qui lui valaient des ennemis, à droite comme à gauche.

Aujourd'hui encore plusieurs hypothèses existent et il semblerait que le procès ait été bâclé en 1976. Le jeune prostitué est revenu sur ses aveux à 2 reprises. L'enquête a été relancée en 2010 à l'initiative de son cousin car on sait aujourd'hui que le procès a été bâclé, les traces effacées, les pièces à conviction disparues, de nombreux témoignages oublié.

Ernest Pignon-Ernest a toujours admiré Pasolini justement pour ses prises de position pour dénoncer la société de consommation et un " génocide culturel, éthique, moral ". A l'approche des 40 ans de sa mort, l'artiste s'interroge sur ce destin tragique et cet assassinat. Il pose la question " Qu'a-t-on voulu faire taire en le tuant ? ". Pour nous interroger, il a réalisé une oeuvre qui mêle iconographie religieuse et monde profane : Pasolini, comme dans la Pieta de Michel-Ange, tient dans ses bras son propre corps supplicié. Puis, il l'a collée sur les lieux où a vécu le réalisateur (du quartier populaire du Trastevere de Rome à la plage d'Ostia où il a été assassiné) et l'a photographiée.

Mon dessin veut être ce questionnement, toujours sans réponse, colporté par les rues et sur les murs de Rome, d'Ostia, de Matera et de Naples, en des lieux qui ont un lien avec sa vie, son oeuvre écrite ou filmée, lien le plus souvent direct, mais parfois seulement en résonance complice, suggestion plastique ou symbolique : du marbre blanc rageusement tagué de noir et de rouge, anneau d'acier scellé dans la pierre, béton rouillé sur du sable.

La galerie Openspace expose une quarantaine de ces photos ainsi que des dessins (réalisés à la pierre noire et encre sur papier) qui ont servi d'étude à l'oeuvre finale. Un magnifique (et immense) dessin marouflé sur toile nous accueille dès nos premiers pas dans la galerie.

Quelques images en avant-goût

Comme d'habitude je vous offre quelques photos ici mais l'ensemble de l'album ce trouve là : Ernest Pignon-Ernest à la galerie Openspace

La galerie sera fermée du 20 décembre 2015 au 5 janvier 2016 mais je vous invite vivement à aller voir l'exposition dès la réouverture. Notez la date du 9 janvier 2015 dans vos agendas ! Ernest Pignon-Ernest sera présent à la galerie pour dédicacer le livre publié à l'occasion du quarantième anniversaire de la mort de Pasolini : " Dans la lumière déchirante de la mer ".

« Si je reviens », Ernest Pignon-Ernest à la galerie Openspace

Galerie Openspace
56 Rue Alexandre Dumas
75011 Paris
Ouvert du mardi au samedi, de 14 à 19 heures

Conclusion musicale avec forcément la B.O. d'un film de Pasolini. Signée Ennio Morricone.


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