J'ai été taguée par Martin et comme les tags, ça m'amuse, je me lance de bon coeur !
C'est assez simple : il faut d'une part raconter l'histoire de son blog et d'autre part donner des conseils à de jeunes blogueurs. La première partie risque d'être longue, parce ça fait un moment que je sévis sur la toile et que je suis très bavarde en écriture (en paroles, beaucoup moins) ; la seconde sera nettement plus courte car je n'aime pas trop donner des leçons.
Histoire de Mon cinéma jour après jour
J'ai commencé à bloguer... parce que j'étais au chômage. De licenciement en licenciement (compression de personnel, délocalisations, etc.), j'avais atterri dans une petite boîte où j'ai fait l'un des pires boulots qui puissent exister : du télé-marketing. Vous savez, ces gens qui vous appellent pour vous vendre des trucs dont vous n'avez nul besoin. Mais vu mon grand âge (48 ans à l'époque), et vu que mon "métier" (assistante commerciale trilingue) était en train de disparaître (merci à nos amis ordinateurs...), je ne trouvais rien d'autre. On m'a collé un casque sur les oreilles et basta. Ensuite, c'est la machine qui fait défiler le fichier et fait les numéros pour vous... Tout juste si vous savez sur qui vous allez tomber. Bien évidemment, parmi tous ces numéros, il y avait des erreurs, des fax par exemple... Vous connaissez la sonnerie stridente du fax ? Peut-être pas. Même ça c'est en train de disparaître. C'est on ne peut plus strident et ça vous vrille le tympan. Ca plus les recherches de tonalité, les musiques d'ambiance ringardes et trop fortes (impossible d'éloigner les écouteurs, c'est pas fait pour), puis les gens qui vocifèrent et vous raccrochent au nez... toot toot toot toot... Il fallait que je fasse 400 appels par jour.
A ce régime, mes oreilles ont lâché. Le sifflement aigu du fax... est arrivé dans mes oreilles et n'est plus jamais parti. Acouphènes, ça s'appelle. Ca vous accompagne jour et nuit. Ils ne m'ont jamais lâchée une seule seconde en neuf ans. Et vous devenez totalement intolérante au moindre bruit (c'est pour ça que je ne vais plus en salles... entre autres). J'ai cru devenir folle. Il n'y a aucun remède, aucun traitement. Comme je souffrais énormément, mon patron m'a envoyée à la Médecine du Travail, laquelle trois mois plus tard m'a remis un certificat d'inaptitude. Ce qui signifiait qu'il pouvait me licencier sans plus tarder... Sauf qu'après, tout le monde vous laisse tomber. Les acouphènes ne sont pas reconnus comme handicap. J'ai touché le chômage pendant six mois et ensuite plus rien. Pas d'indemnité, pas de pension, pas d'invalidité. Rien.
Il me fallait donc un job sans téléphone. Vous en connaissez vous ? Moi non plus, et chez Pôle Emploi idem. En plus, à l'âge que j'avais... je ne vous raconte pas ; on jette directement votre CV au panier sans le lire (si, si, je les ai vus faire...). Je n'ai jamais rien retrouvé et je vis gracieusement aux frais de mon mari. Sans lui... je serais peut-être SDF. Ca va vite, vous savez...
Bref. Il fallait que je m'occupe. Toutes ces longues journées, seule à la maison, sans sortir (trop de bruit dehors). Comme je rêve depuis l'enfance d'être écrivain, j'ai eu envie d'essayer cette curieuse chose dont on entendait parler partout : les blogs. Je me disais que j'allais y mettre quelques petites histoires et je verrais si ça amusait les gens. J'ai commence sur Skyrock en 2006. Et oui. Je ne connaissais rien à la blogosphère à l'époque ! J'ai rapidement eu quelques lecteurs, et constaté qu'il n'y avait que des ados... Je n'osais même plus dire mon âge ! Mais j'avais pris goût à la chose : trop marrant d'écrire, de publier, avec des illustrations, d'avoir des petits commentaires...
Alors que je me baladais sur le site d'un de mes féminins préférés, Elle, j'ai vu qu'ils avaient une plateforme de blogs. Voilà un lectorat potentiel qui me conviendrait mieux. J'ai abandonné mes petites histoires à deux balles et débuté mon Journal d'une chômeuse râleuse. C'était fun, je m'éclatais ! Mais je n'ai pas beaucoup de constance. Ou plutôt j'ai trop d'envies qui partent dans tous les sens. J'en ai eu marre de me regarder le nombril ; je voulais quelque chose de plus thématique.
Passionnée depuis toujours par le cinéma et agacée par les critiques stéréotypées que je lisais dans Première ou Studio, dans lesquelles je ne me reconnaissais pas du tout, j'ai eu l'idée - enfin - d'un blog de ciné. Bloquée chez moi, un de mes petits plaisirs est de regarder au moins un film par jour. D'où le titre du blog. Ensuite, j'ai choisi de ne rien analyser, contrairement aux professionnels, parce que la technique, je n'y connais rien. Je voulais transmettre mon ressenti, mes émotions. Et pour que ça soit le plus frais et spontané possible, je rédige mes billets dans les 24 heures après le visionnage. S'il se trouve que le lendemain, je suis occupée ailleurs (visites famille, amis, courses...), je mets mon article en mode brouillon. Comme je vois parfois deux films dans la journée, j'ai ainsi du stock d'avance, qui me permet de programmer un billet tous les jours, même si je ne suis pas là ! L'immense majorité des films qui passent ici ont été vus la veille. Et quand ça n'est pas le cas, de toutes façons, l'article avait été rédigé, au moins en brouillon, dans les 24 heures. TOUS les films commentés ont été vus. Mon blog, c'est de l'émotion et aussi des paillettes ; parce que les acteurs me subjuguent tellement que je n'hésite pas à mettre des petites anecdotes people. En tous cas, j'ai trouvé mon style et un monde fantastique s'est ouvert à moi.
C'est devenue une passion. Je suis totalement accro. J'adore écrire, choisir les images... J'ai changé plusieurs fois de plateforme parce qu'il y avait des bugs (Hautetfort, Canalblog...). Le dernier en date, c'était Overblog, qui a soudainement décidé de changer complètement son interface : des fonctions que j'utilisais énormément avaient disparu, ainsi que des dizaines de mes fiches acteurs/réalisateurs... La cata ! J'étais effondrée et j'ai pensé tout abandonner ; je ne me voyais pas tout transférer (je commençais à avoir un sacré nombre de films) sur un nouveau site. Mais je n'ai pu y renoncer et je suis donc revenue sur Canalblog, qui s'était bien amélioré (touchons du bois)... et j'ai importé tous les films que j'avais. Un travail de titan ! En ce qui concerne les fiches acteurs, je suis toujours en train de "rattraper" tout ce qui a été perdu.
Au tout début, mes billets étaient très courts : j'aime, j'aime pas. Peu à peu, j'ai essayé de davantage analyser mes impressions, de faire des comparaisons avec d'autres films, de chercher de l'info sur le net. Il faudrait que je les reprenne, ces anciens, et que je les étoffe.
Vous l'aurez compris, j'y passe des heures ! Un billet par jour, ça fait du boulot. Mais j'ai le temps, puisque je ne bosse pas. Mon mari qui avait tellement peur que je m'ennuie, ainsi recluse à la maison, se marre en rentrant quand il me voit sur mon clavier, ou quand le samedi en début d'après-midi, alors qu'il a à peine eu le temps de boire son café, je me lève en disant "Bon, c'est pas tout ça... j'ai du boulot, moi..."
Car la folie blog s'est étendue à mes autres passions : l'architecture, l'art, et puis un tout nouveau, une sorte d'encyclopédie sur sept pays, sept cultures, sept nations que j'adore et ratadore.
Ce qui me fait rire, c'est qu'à mon âge, beaucoup de mes congénères sont complètement à l'ouest. "Comment occupes-tu tes journées ?" me demande-t-on souvent. Comme si ne pas travailler ouvrait les abîmes de l'oisiveté et de la dépression assurée. "Je blogue" leur réponds-je. Et je vois bien un léger frémissement de sourcil, l'air de ne pas avoir compris, l'air de se dire "flûte, c'est quoi ce truc ? je vais avoir l'air idiot si je demande ?". Personne ne demande. Sauf les jeunes, toujours enthousiastes ! "Ah ouais ???".
Je viens d'atteindre mes 200.000 visiteurs. D'autant plus satisfaisant que, si je blogue depuis 2006, l'ouverture sur Canalblog ne date que de deux ans. Beaucoup de lecteurs m'ont suivie, certes, mais pas tous. Mon blog d'archi n'est pas loin derrière : 177.000. Bien sûr, mon objectif, c'est le million ! Après, j'aurai sans doute un âge bien avancé, j'arrêterai... et je relirai ma prose.
J'ai une petite bande de lecteurs fidèles, que je remercie du fond du coeur. C'est comme si j'avais des collègues, comme autrefois ; on papote, on discute. Cela met du lien social dans ma vie d'ermite. Vive la blogosphère.
Conseils aux jeunes blogueurs
D'abord, il faut faire joli, attrayant. Créer une bannière personnelle (c'est très simple, même moi j'y arrive), mettre des illustrations, soigner la présentation. Personnellement, un blog qui s'affiche tristounet ne m'attire pas et je passe mon chemin.
Autre élément tout aussi important : du bon français ! Rien de pire que des articles bourrés de fautes. Les gens devraient comprendre que l'orthographe est une politesse. Si tout le monde écrit n'importe comment, sans suivre les règles, la lecture est malaisée car la langue est un code, tellement ancré en nous, que nos yeux dès qu'ils se posent sur un texte "reconnaissent" visuellement, globalement, les signes avant même que notre cerveau en soit conscient. Donc, un texte plein de fautes heurte notre lecture, rebute et adieu Berthe.
Il faut du temps et de la passion. C'est vraiment un loisir prenant. J'ai parfois l'impression d'être un petit éditeur qui ferait tout lui-même : rédiger, mettre en page, publier, répondre au courrier.
Justement : toujours répondre aux commentaires. C'est la moindre des politesses...
Le goût d'écrire est indispensable. D'aligner les mots, de chercher des synonymes, de travailler la phrase, de trouver son style personnel. De faire rire aussi. C'est un truc qui marche bien ! Il faut donc - allez, envoyons-nous des fleurs - un petit talent...
Libérée, délivrée... I am the star of the web !
Etre régulier. Quand un lecteur est séduit, il a envie de revenir souvent. Si votre page reste vide pendant quinze jours, il ira ailleurs. C'est ce que je fais, moi, quand je vais à la découverte de nouveaux blogs... Quelquefois un article me passionne, et puis le blogueur ne met plus rien pendant trois semaines. Je n'y retourne jamais : il y en a tant d'autres qui n'attendent que ça, de nouveaux lecteurs !
Etre patient. Il faut bien compter un an avant de réellement capter un public, et puis ça vient, doucement, et là c'est l'explosion de joie et de fierté. Mais il ne faut surtout pas croire qu'au bout de dix posts, on va compter 50 lecteurs. Il faut bosser, bosser. Faire un peu de "commercial" : aller sur des blogs traitant du même sujet, laisser un commentaire... 9 chance sur 10 que la personne, ne serait-ce que par courtoisie, viendra vous faire à son tour une petite visite. Et si ça lui plaît, hop, un "client" de gagné !
Comme le dit très justement Tinalakiller, ne pas hésiter, même quand on n'est pas derrière son ordi, à prendre des notes sur un bout de papier ou son téléphone, jeter des idées, puis les mettre en "brouillons" sur le blog. Perso, j'ai beaucoup de stock et des milliers d'idées en attente.
Bien, je crois que j'ai tout dit !
Je ne tague personne, car mon petit cercle de lecteurs est à peu près le même que celui de Martin, et je crois que tous ceux auxquels j'ai pensé sont déjà sur le coup. Mais surtout, ceux que j'oublie (pardonnez-moi !) et qui ont envie, et tous les autres... ne vous privez pas !