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Juillet en décembre

Publié le 18 décembre 2015 par Paulo Lobo
Juillet en décembreBonjour tout le monde. J'espère que vous allez bien. Alors aujourd'hui, je vais vous raconter une histoire. Il y a un début, un milieu et peut-être bien une fin, tout dépendra de votre temps et de votre patience, car aujourd'hui j'ai envie de parler, j'ai envie de reconstituer un moment particulier de mon existence.Tout a commencé un matin en juillet, il faisait beau, il fait toujours beau en juillet, même s'il pleut. Notre héros était jeune, les héros sont (presque) toujours jeunes, il faut que tout le monde puisse s'identifier à eux, en mieux. Il se réveille comme tous les jours de sa vie, il regarde par la fenêtre, il fait beau, on est en juillet, et il ressent une sorte de jouissance à penser à ce mois précis du calendrier. Dans sa tête, il est un héros véritable, il vit dans une vision copernicienne des choses : tout ce qui arrive dans ce monde tourne nécessairement autour de sa personne. "Tous les matins sont à moi! Pourvu qu'aujourd'hui une belle jeune fille croise mon chemin !" Il en croisait beaucoup, des belles jeunes filles, malheureusement il n'était pas encore à cette époque l'intrépide Don Juan qu'il allait devenir quelques décennies plus tard. Il avait de bons atouts qui plaidaient en sa faveur, des traits fins et harmonieux, une silhouette allongée, une bonne santé, et il savait parler. "Je pensais aussi avoir de l'humour, un humour bon enfant, en ce temps-là déjà je lisais du Boris Vian et j'essayais par tous les moyens de ressembler à ses personnages pleins de verve et de désespoir." Ainsi, quand par chance il se retrouvait face à une belle jouvencelle, il s'évertuait à pimenter ses phrases de moult calembours et notations ironiques. "Je me voulais intelligent, j'étais surtout en pâmoison devant les yeux de la colombe..."
Donc, comme d'habitude, il se lève, s'habille, fait sa toilette, boit son café et sort pour prendre le bus. En marchant vers l'arrêt de bus, il lance un coup d'oeil au ciel qui le lui rend aussitôt avec un grand sourire. Un air de musique : "Mr Blue Sky". A l'époque (je reprends le passé imparfait), le ciel était d'un azur pur et cristallin, la pollution n'avait pas encore le vent en poupe, c'était l'azur des années 80, autrement plus chatoyant, plus cinématographique, que le bleu pâle et sordide qui caractérise nos années 2010. "Il y avait du bleu au ciel, et du jaune et du rouge dans les rues, un ballet de couleurs virevoltantes, les couleurs étaient en émoi et en moi. Certes, j'avais beaucoup moins de soucis qu'aujourd'hui, même si, en général, j'avais l'air lunaire et mélancolique, c'est normal j'étais jeune et romantique. Je ne me rendais pas compte du bonheur qui était le mien, celui d'être jeune, naïf et d'avoir la vie devant moi."  Il attend à l'arrêt avec quelques autres compagnons de galère.Tous plus ou moins plongés dans leurs rêveries intérieures. Lui scotché à un grand écran blanc au fond de sa boîte crânienne, une musique herrmannienne en arrière-fond créant un climat émotionnel propice à l'angoisse esthétisante, il se repasse les images du film qu'il a vu hier soir à la télé.
Soudain, un méchant crissement de pneus se fait entendre, une Berline de grande cylindrée dévale dans la rue, se fige net devant l'arrêt de bus, en jaillissent deux gaillards armés de mitraillettes, l'air passablement énervés. "Tout le monde au sol, les mains en l'air!!"
Moi, instantanément éjecté de mon univers mental, je prends conscience au millième de seconde de la dangerosité de la situation. J'ai l'idée saugrenue de m'écrier, probablement inspiré par les influences romanesques subies depuis ma plus tendre enfance : "Faudrait quand même vous décider, soit c'est tout le monde à terre, soit c'est mains en l'air, mais dur dur de faire les deux..." J'ai employé mon ton le plus pacificateur, je ne suis pas du genre à chercher querelle. Mais j'aurais mieux fait de me taire, le plus grand des malabars semble désormais particulièrement remonté contre ma personne. "Ah Monsieur fait de l'esprit, Monsieur n'a pas peur, Monsieur veut jouer au héros." Il est à un mètre de moi, et le bout de la mitraillette est encore plus proche. "Embarquons-le avec nous", intercède l'autre zouave, qui a l'air nettement moins écervelé."C'est certainement lui le meneur, il nous sera précieux comme monnaie d'échange."
Je ne sais pas comment ça se passe pour vous, mais moi je n'aime pas d'être traité de monnaie d'échange.
Mon objection reste cependant totalement intériorisée, et j'obtempère avec zèle à l'injonction d'entrer dans l'automobile, surtout au vu de la politesse armée de la requête.
Je suis donc à partir de ce moment officiellement détourné de ma vie quotidienne, et invité surprise dans une histoire d'aventures rocambolesques qui vous réserve bien des surprises, cher lecteur.
Mais la suite vous sera proposée dans le prochain épisode.   

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