Pimp C « Long Live the Pimp » @@@½
Sagittarius Laisser un commentaireComme celle de 2Pac, la discographie de Pimp C compte désormais plus de disques posthumes que d’albums solo parus de son vivant. Ce troisième opus posthume Long Live The Pimp arrive sept ans jour pour jour après sa disparition soudaine.
[Flashback] Le 4 Décembre, Chad Butler alias Pimp C, grande figure du rap texan et incarnation du swag comme nul autre rappeur, est mort subitement d’une crise cardiaque dans un hôtel de West Hollwyood. Son destin fut brisé à l’âge de 34 ans, alors que sa carrière redécollait après Pimpalation en 2006 (qui a suivi sa sortie de prison après avoir enduré 3 ans ferme) le succès triomphant du double-album Underground King, l’album tant espéré des UGK.
Ce n’est pas un projet excitant en soit mais dans l’ensemble, Long Live The Pimp est un ouvrage postmortem fidèle au personnage que fut Pimp C a/k/a Sweet Jones, que l’on peut entendre revivre exactement comme dans les souvenirs que nous en avions, avec ses fin de rime rallongées et son parler sans filtre. Pour info, cette sortie paraît non pas sur le label historique des UGK, c’est-à-dire Rap-A-Lot Records, mais sur la structure indépendante Mass Appeal fondée par Nas. Je vois des yeux qui s’écarquillent.
Cet album alterne entre effets de nouveautés (en invitant A$AP Rocky qui s’est beaucoup inspiré de lui ou bien Ty Dolla $ign pour la touche r&b) et préservation de son héritage musical, surtout sur la seconde partie, avec des instrumentaux teintés de blues avec ces guitares et ces orgues qui ont jalonné la carrière des deux underground kings depuis plus de vingt ans. Les producteurs sont des locaux comme Mr Lee et Cory Mo, plus Ray Murray des Organized Noise qui est sur le coup également, lui aussi ayant été très inspiré par le style des UGK au début des années 90. La majorité des guests sont avant tout des artistes qui l’ont cotoyé de près ou de loin de son vivant, tout ce gratin répartis en de belles brochettes comme l’imposant « Bitch Get Down » avec Juicy J (une parmi ses multiples apparitions sur Long Live The Pimp), Bun B et 8Ball & MJG ou « Trill » (un terme que Pimp C et Bun B ont lancé) avec Lil Keke, ESG et Slim Thug, pour rester entre camarades de H-town. Oh bien entendu on peut compter sur la présence de Devin the Dude, Lil Wayne, David Banner et logiquement Nas (sur « Friends« ), étant signataire de cette résurrection temporaire.
La question de l’originalité ne peut pas se poser véritablement car cela aurait impliqué de dénaturer l’oeuvre de Pimp C. On peut se réjouir du choix d’instrumentaux qui font preuve d’authenticité (« Country Thang » pour ne citer que celui-ci), comme le sample de Mint Condition sur « 3 Way Freak« , sur lequel le rappeur rechante les fameuses paroles de Leon Haywood (« I wanna do something freaky to you ») ou celui de Syl Johnson « Could Be Falling in Love » sur « Wavybone » (le même utilisé sur « Heaven & Hell » de Raekwon sur son classique Only Built 4 Cuban Linx). Quoique, « Butta Cookie » et son air de reggae entame une légère prise de risque. Hormis cet écart sympathique, l’esprit de Pimp C demeure intact et c’est en cela qu’il convient d’écouter et d’apprécier Long Live the Pimp. Le Pimp est mort, vive le Pimp !