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Bill Watterson – Calvin et Hobbes, Quelque chose bave sous le lit (Tome 12)

Par Yvantilleuil

Bill Watterson - Calvin et Hobbes, Quelque chose bave sous le lit (Tome 12)Le titre de ce douzième tome annonce quelques nuits traumatisantes pour nos deux amis qui ont une trouille bleue d’éventuels monstres qui se cachent sous leur lit. Si les deux scrutent chaque bruit suspect qui pourrait indiquer la présence de créatures horribles sous leur lit, la maman de Calvin est obligée de garder le lit pendant plusieurs épisodes. Et oui, la maman de Calvin est tombée malade et force est de constater que la survie sans elle ne sera pas évidente pour Calvin et son papa.

« Calvin : – Maman est malade. Je lui dessine une carte.
Hobbes : – Que c’est gentil à toi !
Calvin : – Regarde devant c’est écrit « Porte-toi mieux ». Et dedans : « Parce que mon lit n’est pas fait, mes vêtements doivent être rangés et j’ai faim. Bises, Calvin ». Tu veux la signer ?
Hobbes : – Sûr ! J’ai faim, moi aussi. »

Heureusement, je vous rassure immédiatement, la maman sera rétablie à temps pour confectionner le costume d’oignon de Calvin car ce dernier a décroché un « grand » rôle dans la pièce de théâtre de l’école, intitulée « La nutrition et les quatre groupes d’aliments ». Elle doit également intervenir lorsque son fiston se fait racketter par le méchant Moe à l’école. Et oui, les mamans ont un emploi du temps chargé… surtout celle de Calvin !

« Calvin : – Pourquoi elle voudrait un autre enfant ?? elle m’a déjà ,MOI!
Hobbes : – Oui, je pense qu’elle a compris la leçon… »

L’imagination débordante de notre ami ne se limite bien entendu pas aux monstres sous le lit. On notera notamment l’inévitable transformation en Spiff le Spationaute, que ce soit pour attaquer le Tapioca de la cantine de l’école, lors d’un exercice au cours de gym ou afin de décrocher un dix sur dix à l’interro de math. Notre petit chenapan s’imagine également en grenouille pour ingurgiter son lait à table, en tyrannosaure pour agresser Hobbes et il invente même un élixir magique pour devenir invisible quand sa mère à besoin de lui ou pour voler des gâteaux dans la cuisine. J’adore !

Si le lecteur à de nouveau droit à des récits plus longs centrés sur la famille, qui mettent surtout la maman à l’honneur, il a également droit à des gags plus courts où Calvin n’a besoin que de trois cases pour juger et évaluer le travail de son père dans son rôle de « Papa ». Si la cote de popularité du père n’est évidemment pas au beau fixe, j’adore également les passages où son père répond totalement à côté de la plaque aux questions naïves de Calvin et où la mère n’a besoin que d’une seule case pour démonter les explications de son mari. Savoureux !

« Calvin – Papa, raconte-moi une histoire !
Papa – Je travaille Calvin. Je t’en lirai une demain.
Calvin – JE NE DORMIRAI PAS SANS HISTOIRE !
Papa – Il était une fois un petit garçon nommé Calvin qui n’en faisait qu’à sa tête. Un jour, son papa en eut assez et l’enferma dans la cave pour le restant de ses jours. Dès lors, tout le monde vécut heureux. Fin.
Calvin – Je déteste ces histoires avec morale. »

Si la puissance comique de ces strips atteint des sommets, l’humour est également souvent d’une telle sophistication que plusieurs niveaux de lecture sont possibles. Au-delà de la simplicité apparente de ces gags burlesques se cache en effet un autre niveau de lecture, plus adulte, qui mêle critiques acerbes, réflexions intelligentes et cynisme ravageur. Les noms des personnages faisant respectivement référence à Jean Calvin et à Thomas Hobbes, le lecteur ne s’étonnera d’ailleurs pas de croiser quelques considérations philosophiques. L’auteur ne manquera d’ailleurs pas de critiquer une nouvelle fois le rôle de la télé dans le quotidien de nos enfants…

Heureusement, Calvin ne fait pas que regarder la télé (même quand celle-ci n’est pas allumée) car dans ce tome, il apprend également à rouler à vélo et il fera bien évidemment quelques fois déborder l’eau du bain. La seule personne qui parvient encore à mater ce petit brigand est bien entendu Rosaline, l’unique baby-sitter qui accepte encore de le garder. Sa petite voisine et souffre-douleur attitrée de Calvin s’en sort généralement moins bien lorsqu’elle croise notre ami…

« Susie – Alors Calvin, c’est quoi ton rôle dans la pièce de théâtre ?
Calvin – L’oignon et toi ?
Susie – La graisse.
Calvin – Wouah, ça te va super bien ! »

À l’instar des tomes précédents, celui-ci reprend donc des histoires de différentes longueurs, allant de trois cases à quelques pages. Chacune offre un plongeon mélancolique dans le monde de l’enfance et invite à découvrir les fantasmes, les rêves et le regard critique de ce petit bonhomme sur le monde des adultes et sur la société en général. Ce gamin doté d’un sens de la répartie incroyable est particulièrement attachant et l’idée de donner vie à une peluche dans son imaginaire est tout bonnement brillante. Cela résulte non seulement en une complicité incroyable entre les deux, mais permet surtout de donner vie à l’imaginaire de l’enfant. Ensemble, ils vivent des aventures mêlant absurde, tendresse, drôlerie, nostalgie et justesse.

Visuellement, le dessin de Bill Watterson est d’une grande simplicité, mais ces visuels aux décors quasi inexistants permettent de mettre l’accent sur les personnages et sur des textes d’une finesse rare. Il faut un talent énorme pour parvenir à partager des tranches de vie en seulement trois cases et pour pondre des gags purement visuels sur base de postures ou d’expressions.

Lisez Calvin et Hobbes !


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