par Alain Santacreu
Le FN est un leurre politique érigé par l’appareil idéologique d'État pour canaliser les forces vives du peuple. Le peuple est constitué par tous ceux qui n’ont aucun pouvoir dans la sphère de l’État. Rejeté à la périphérie de cette sphère, le FN est devenu un rouage fondamental du dispositif de l’aliénation sociale. Sa fonction est d’étouffer la conscience révolutionnaire des êtres sans identité d’aucun ordre, ni culturel, ni politique, ni religieux, ni économique, ni communautaire, rien.
Y a-t-il une possibilité de porosité dans cette grande muraille du FN qui permettrait à l’élan insurrectionnel spontané du peuple, maintenu dans l’inconscience du hors-les-murs, de pénétrer par effraction dans la sphère politique ? Une stratégie de résistance civile pourrait découler de la réponse à cette question.
Peut-être d'ailleurs serait-il plus exact de parler de fissure – du soupçon d'une faille – plutôt que de porosité. Quoiqu’il en soit, ce n’est qu’en osant s’approcher au plus près de la grande muraille du FN que l’on pourra constater ce qu’il en est vraiment; et, le cas échéant, essayer d'élargir cette faille pour creuser le passage qui permettra la libération du peuple de France.
La trahison des clercs, comme disait Julien Benda, ou des élites si l’on veut, consiste à faire volte-face pour diriger opportunément son regard vers le centre du pouvoir et le détourner de l’âme paysanne. L’espace de la périphérie, que le système a chargé le FN d’occuper, est celui de la liberté et de la création contre l'autoritarisme centralisateur de la pensée usurpatrice des « valeurs ». Ce n’est que depuis ce lieu, aussi paradoxal que cela puisse paraître, si l’on a une conscience historique, qu'une parole authentique, juste et artistique, peut encore surgir aujourd’hui, et cela malgré et à l’insu des « élites » qui sont à la tête du FN.
Aujourd’hui, il n’y a pas en France de bipartisme ni de tripartisme mais un seul parti unique d’État qui interdit toute accession effective de tout autre parti au pouvoir. Nous avons là une caractéristique de l’État fasciste.
Le peuple est un acteur, c'est-à-dire un « porteur de signes », comme disait Antoine Vitez. Les signes dont le peuple est porteur sont les signes du lieu spirituel et du milieu naturel où il s'est construit dans l’histoire en tant que peuple. La destruction d’un peuple ne peut réussir que si l'on détruit aussi ce lieu et ce milieu (d’où la débilité de la théorie du remplacement, son insuffisance théorique).
L’art émerge du lieu et non de l’espace ; il est d'une nécessité absolue pour l’artiste d’être constamment "tourné" vers le peuple. Art élitaire et non élitiste. L'extermination du peuple est la mort de l’art.
Le lieu est verticalité et l’espace étendue. La mondialisation consiste à aplanir le lieu et aplatir les hommes. Le peuple, c’est non seulement le groupe humain, ethnicisé par la langue qui relie ses membres, mais encore la faune, la flore, le minéral qui le relient au monde ecclésié, à la communauté cosmique. Porteur des signes de la religation, le peuple est la réalité religieuse intrinsèque.
L'extermination d’un peuple est une guerre de religion. Quel est le véritable exterminateur du peuple de France ? Daesch ? Valls ? Qui a créé Daesh et de qui Valls est-il le valet ? Il est essentiel pour le peuple de se poser les vraies questions pour cibler l’ennemi véritable.