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La fille de son père

Par Gjouin @GilbertJouin
La fille de son pèreThéâtre de L’Archipel17, boulevard de Strasbourg75010 ParisTel : 01 73 54 79 79Métro : Strasbourg Saint-Denis
Une comédie de Bruno Chapelle et Camille SaférisMise en scène par Bruno ChapelleAvec Bruno Chapelle (Claude), Pascale Michaud (Jennifer), Camille Saféris (Thierry Flach), Marie-Aline Thomassin (Patricia de Personne), Olivier Yéni (de Personne)
Présentation : La fille de son père est un vaudeville sur l’ascenseur social, un Feydeau à la sauce d’aujourd’hui.Jennifer rêve de faire de la télé, mais quand on est la fille de personne, ce n’est pas gagné ! Heureusement, le hasard et les quiproquos font parfois bien les choses… et, paradoxalement, c’est la fille d’un certain « Personne » qui va permettre à Jennifer de devenir quelqu’un… mais ça c’est trop difficile à expliquer.
Mon avis : Franchement, en me rendant au théâtre de L’Archipel à pas comptés, je craignais une petite arnaque. En effet, je savais que sous le titre de La fille de son père se cachait en réalité une pièce que j’avais vue il y a sept ans qui s’appelait alors Merci Jean-Claude. J’appréhendais donc la présentation d’un plat réchauffé…Or, passées les dix premières minutes, j’ai complètement oublié la première version pour suivre sans déplaisir les péripéties survoltées de ce quintette au jeu parfaitement rôdé. Bon, d’accord, il ne faut pas être trop difficile sur la recherche de réalisme dans un scénario qui ne repose que sur un patronyme qui prête aisément à l’ambiguïté : Personne. C’est effectivement facile de jouer avec ce nom. A partir de là, les quiproquos abondent.
C’est la folle énergie déployée par les cinq comédiens et leur investissement total à tenir le cap de leurs personnages qui a annihilé en moi toute réticence. Une fois qu’on a digéré et oublié la grosse ficelle du vocable « Personne », on s’aperçoit que cette pièce en dit long sur les mœurs, non seulement du petit monde de l’audiovisuel, mais aussi sur les turpitudes de l’âme humaine en général. Ce qui est intéressant, c’est de découvrir les ressorts psycholiques sur lesquels les différents protagonistes vont rebondir.Thierry Flach est arriviste, opportuniste, veule jusqu’à l’obséquiosité… Monsieur de Personne est affairiste, arrogant, cassant mais, sous ce vernis que ripoline le pouvoir, se cache un faible et, surtout, un pervers… Jennifer, elle, elle est cash. C’est une ambitieuse qui est prête à tout pour parvenir à ses fins, y compris en (ab)usant de ses charmes… Patricia, de son côté, est motivée par sa haine et son mépris envers son père. Intelligente et fine mouche, elle se sert opportunément de la situation pour régler ses comptes… Quant à Claude, l’artisan, il est la mouche du coche, le trublion qui, en se mêlant de tout, va amplifier les malentendus et la discorde.
Dans l’esprit et dans le rythme soutenu de la pièce, on pense inévitablement à une comédie de boulevard. Les portes, et même les fenêtres, tiennent une place considérable. Les incompréhensions et les rebondissements s’enchaînent à toutes vitesse, dans une loufoquerie assumée, les traits de caractères sont exacerbés… On est dans un monde de dingues.
Si cette pièce peut recevoir l’aval du public, elle le devra avant tout à ses comédiens. Chacun, faisant fi de tout sens du ridicule, est à fond dans son personnage. La seule finalité est de faire rire. Et, dans ce domaine, c’est réussi car ils sont tous les cinq vraiment gratinés. Ce ne doit pas être si évident de jouer sérieusement des individus aussi déjantés.
Gilbert « Critikator » Jouin

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