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Vous pensiez que le jeu vidéo était une production exclusivement japonaise ou américaine ? Hé bien, vous aviez tort.
« L’art dans le jeu vidéo, l’inspiration française » se veut, comme son nom l’indique, une exposition uniquement centrée sur les entreprises françaises de développement. Surprenant ? Pas vraiment. Si le jeu vidéo nait principalement aux Etats-Unis, talonnés par le Japon qui s’empare d’une grande partie du marché dès les années 70 (1978 pour Nintendo par exemple), des développeurs du monde entier se sont aussi lancés dans l’aventure et ne sont pas en reste. C’est le cas de la France, Ubisoft étant la licence la plus reconnue aujourd’hui, avec un rayonnement mondial qui n’est plus à prouver (les séries des Rayman depuis les années 90, les Lapins Crétins, les Assassin Creed’s…).
Un tel succès peut s’expliquer par diverses raisons (gameplay novateur, diversité de l’offre…), l’une d’elle étant la qualité graphique des jeux et le soin apporté aux détails. C’est le second et principal fil directeur de l’expo, après la particularité française : en démontrer les qualités visuelles, qui méritent sans concession le qualificatif « d’artistiques ». Le fondateur du musée des Arts Ludiques et commissaire de l’exposition, Jean- Jacques Launier, n’hésite pas à parler « d’Art Total » en ce qu’ils réunissent de véritables ateliers d’artistes : dessin, peinture, sculpture, animation, musique sont en effet sollicités pour créer une interaction de qualité avec le joueur.
On trouve donc tout au long du parcours des dessins, des sculptures, des peintures numériques et des vidéos où les développeurs, qu’ils soient dessinateurs, sculpteurs, designers etc. expliquent la façon dont ils conçoivent les décors mentalement avant de les réaliser sur papier ou ordinateur (la préférence du support variant), et où ils piochent leur imaginaire.
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Car il s’agit bien de cela ici, trouver l’inspiration. Même si les techniques de création (numérique, terre cuite, dessin, conception 3D…) sont abordées, le propos se concentre sur ce qui inspire les créateurs. Ainsi, différents thèmes sont traités : les villes, l’Histoire, les voyages, les héros et créatures, le 7ème art et la féerie. La crédibilité étant un critère primordial, le travail de recherche est parfois très conséquent : les concepteurs sont par exemple allés jusqu’à reproduire la moindre gargouille, le moindre recoin de Notre-Dame-de-Paris dans Assassin Creed’s Unity avec une fidélité historique époustouflante.
Une dimension très spéciale de l’exposition est aussi de chercher en permanence à inscrire cet art, n’ayons pas peur des mots, dans une vision plus large de l’histoire de l’art. On trouvera donc d’étonnants et pertinents parallèles avec les ateliers d’artistes de la Renaissance où tous les types de savoir-faire étaient mêlés pour aboutir à des œuvres composites. Cependant, le discours est parfois moins justifié comme lorsque Léonard de Vinci et les Lapins Crétins sont mis en parallèle : une explication plus solide aurait été la bienvenue.
Finalement, on en ressort ébloui : les œuvres sont magnifiques à tous les égards, tant par leur originalité que par la maîtrise de tous les éléments artistiques nécessaires à l’immersion (perspective, ombres et lumières, couleurs, personnages…). Il est presque facile d’oublier que l’on a affaire à des jeux, tant on finit par penser que ce sont de véritables œuvres d’art, existant par et pour elles-mêmes. La scénographie est pensée en relation au thème : écran lumineux, salles plongées dans le noir, supports vidéos nombreux, et que dire de l’écran géant permettant une balade illusionniste dans le Paris de 1789 ?
C’est véritablement une exposition à voir, mais aussi à vivre, écouter et penser, et les néophytes comme les connaisseurs y trouveront leur compte, car la beauté des œuvres est saisissable immédiatement – et c’est l’un des gros avantages de cette présentation, et peut-être aussi de ces jeux vidéo contemporains en général.
Manon Durand
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Exposition L’Art dans le Jeu Vidéo, l’inspiration Française au musée Art Ludique
Jusqu’au 6 mars 2016
Plein Tarif : 15,50 € ; Tarif réduit: 12,50 €
34 quai d’Austerlitz Paris 13e
http://artludique.com/jeuxvideo.html
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