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Quel avenir pour l’intervention publique dans l’économie ?

Publié le 23 décembre 2015 par Edelit @TransacEDHEC

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 La défiance envers les marchés n’a jamais été aussi profonde que depuis la crise de 2008. Paradoxalement, celle contractée envers l’Etat l’est encore plus. Les citoyens de ce monde n’accordent plus de crédit à leurs institutions. En Europe, nombre d’experts recommandent aux gouvernements de s’inspirer des politiques économiques menées en Allemagne. Aux Etats-Unis, le candidat républicain D.Trump, très populaire dans certains Etats, prône une baisse des taxes pour les plus aisés ainsi qu’un retour à l’Etat minimal. L’objet de notre réflexion est de dépasser ce clivage entre « plus d’Etat » ou « moins d’Etat ». Cette opposition n’a plus de sens à l’heure actuelle et il convient de penser « l’Etat autrement ».

 

Le conflit traditionnel entre keynésiens et néo-classiques n’a d’intérêt que dans un manuel de collège

Faisons tout d’abord un petit peu de théorie simple. Souvenez-vous de votre découverte de l’économie à l’entrée du Lycée. L’une des bases de la discipline est l’enseignement des pensées keynésiennes et néo-classiques. Pendant que la première prône l’intervention de l’Etat dans l’économie, la protection sociale, la régulation des cycles, la redistribution… la seconde se repose uniquement sur la loi du marché : l’Etat n’intervient pas.

Ce débat est encore présent aujourd’hui. Dans un pays comme la France, il est sans cesse répété que l’Etat dépense trop (les dépenses publiques représentent plus de 50% du PIB), qu’il occupe une place trop importante dans le système économique.

Le keynésianisme est en effet dépassé. La croissance (chose que nous connaissons peu en France depuis 2008) s’explique depuis les années 1980 non plus par l’imitation technologique mais par l’innovation. De nombreux secteurs sont en mutation permanente et il convient à l’Etat de réguler le monde de l’entreprise et non tenter de le contrôler directement.

Pour autant, voulant à tout pris donner les plein pouvoirs au marché, le néo-libéralisme oublie les plus vulnérables et l’impact que les entreprises ont sur la capital humain, l’environnement ou le climat social. Il ne s’avère donc plus d’actualité.

Repensons les modalités de l’intervention étatique

Les pouvoirs publics doivent tout d’abord privilégier certains investissements en insistant sur la mobilité et l’adaptabilité des individus, afin de stimuler leur capacité d’innovation.

L’éducation et l’immigration sont deux domaines sur lesquels il faudra s’appuyer.

Les études de Woessman montre qu’une bonne scolarité en primaire, au collège et au lycée stimule la croissance d’un pays et augmente la possibilité de générer un surplus budgétaire dans le futur. Un enseignement dit « horizontal », c’est à dire privilégiant les discussions en classe, les travaux de groupe et pratiqué dans les pays Nordiques, semble meilleur qu’un enseignement dit « vertical » où le professeur parle et les élèves prennent des notes, comme en France.

Concernant l’immigration, les chiffres et les études donnent tort au bon dire de Marine Le Pen. Les économistes Lionel Ragot et Xavier Chojnicki ont publié une étude en 2010 tentant de déterminer les flux migratoires nécessaires afin de stabiliser le ratio de dépendance (ratio entre le nombre de personnes de plus de 65 ans sur celles âgées de 15 à 24 ans). Le ratio est évalué à 45% en 2050. A ce rythme il faudrait 200 000 personnes en plus par an, soit presque le double d’actuellement.

Afin d’améliorer notre politique migratoire et d’en faire une force économique, plusieurs mesures sont possibles. Les investissements dans les capacités d’accueil, d’intégration et dans l’éducation des enfants doivent être plus conséquents. En Suède, il est proposé aux enseignants de travailler dans des quartiers difficiles moyennant quoi des effectifs réduits en classe et un plus gros salaire.

Le changement viendra également de la mentalité des citoyens français. Très attachés à la puissance publique, les français ont « peur » du marché et pensent toujours, en 2015, que l’Etat est une institution davantage créatrice de richesse que le marché. Il est important de prendre conscience qu’opposer Etat et marché n’a aucun sens. La complémentarité des institutions accompagnées de réformes profondes apparaît nécessaire.


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