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Ma vie de pingouin, de Katarina Mazetti

Par Lacritiquante

La seule chose qui peut me donner envie quand on me parle d’hiver, de froid, c’est d’aller faire un tour sur la banquise. Tant qu’à avoir froid et être trempée partout, autant que ce soit pour voir des phoques de mer et des manchots dans leur élément naturel. C’est donc exactement ce que j’ai fait. Enfin, presque. Pour aller faire une croisière entre les glaciers de l’Antarctique, j’ai choisi le bateau de Katarina Mazetti et son dernier roman : Ma vie de pingouin. C’est toujours un plaisir pour moi de retrouver cette auteure que j’affectionne tout particulièrement, même si ma dernière lecture d’elle m’avait un peu déçue.

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Embarquons à bord de l’Orlovsky, navire russe, pour un voyage organisé suédois. Une cinquantaine de passagers mais seuls quelques uns nous intéressent. En effet, le roman se découpe entre trois personnes qui ont tour à tour la parole et nous dévoilent leur vision de ce périple, avec en cadeau quelques pastilles supplémentaires réservées à d’autres personnages, plus secondaires. Je vous présente donc Alba, une septuagénaire à la vie très remplie qui s’amuse à répertorier les différentes espèces d’humains présents sur le bateau et à les comparer à la faune de l’Antarctique. Il y a également Tomas, divorcé, le plus souvent triste et taciturne, tourmenté par l’absence de ses enfants partis vivre en Californie avec leur mère et son nouvel Apollon ; il est là dans un but précis, mais ne se l’avoue pas tout de suite. Et enfin Wilma, toujours joyeuse, souriante, drôle, optimiste, un vrai rayon de soleil, qui se devait de faire ce voyage de l’extrême avant de ne plus en être capable. Autour d’eux, une sœur tyrannique, une vendeuse de fer à repasser, des cuisiniers russes, des fous d’oiseaux, un médecin de bord qui effectue son dernier voyage, une nymphomane, des retraitées qui cherchent un veuf, etc.

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Vous l’aurez compris, c’est une vraie fresque de personnages que nous dévoile ici Katarina Mazetti. Et il est vrai qu’au début, on est un peu perdu, surtout avec ces noms suédois que personnellement je ne retiens pas du tout. Heureusement, on apprend vite à les reconnaître, l’auteure ne nous laisse pas patauger dans ce méli-mélo tout seuls. Cette croisière entre ancien port baleinier, musée des premiers colons, observation des pétrels et des albatros, verres au bar et mal de mer est un vrai prétexte pour nous faire explorer ce territoire si magique et dangereux. Et pour les personnages, c’est une occasion (voulue ou non) de partir à la rencontre d’eux-mêmes et des autres, d’affronter d’anciennes peurs ou au contraire un avenir incertain, faire des rencontres ou à l’inverse se séparer. On se rappelle le bon vieux temps, on affronte le présent avec appréhension ou avec le sourire, on tire des plans sur la comète. Je ne saurais mieux décrire ce livre qui brasse tellement de choses. J’ai vraiment été comblée par ce roman.

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Tout d’abord parce que les descriptions des paysages, des animaux, du bateau également ont été exactement à la hauteur de mes attentes. Katarina Mazetti ne fait pas l’impasse dessus mais les dissémine avec parcimonie tout au long du texte, au rythme de l’avancée du voyage, à travers les témoignages des héros. Et c’est vraiment très bien pensé, très bien construit, on découvre ce territoire avec frisson, respect et enthousiasme. C’est aussi l’occasion de rapidement revenir sur l’impact humain envers l’environnement et sur de nombreuses questions écologiques qui ont un écho tellement fort et particulier dans cette partie du monde, si fragile.

Parallèlement, les personnages sont extrêmement attachants. Vu que c’est eux qui nous parlent, on ne possède pas toutes les clés pour les comprendre dès le début et c’est une vraie découverte qui se fait petit à petit. Ils sont tous très différents, et les interactions entre eux ne manquent pas de piquant. On ne s’ennuie jamais à leurs côtés et ça tombe bien puisque c’est eux qui mènent l’histoire. Katarina Mazetti a un vrai talent dans le traitement de ses personnages : ils ne sont pas lourds mais ils ont quand même de la consistance. En fait, ils sont tout simplement comme nous, avec des cicatrices, des passions, des espoirs. Il y a une vraie humanité dans ces êtres de papiers. Quant à l’histoire en elle-même, j’y ai vraiment trouvé mon compte. Au début, cela paraît décousu, on ne sait pas vraiment où nous emmène l’auteure, mais très vite, une trame de fond se profile et on la suit avec patience, sans se presser, mais avec toujours autant d’intérêt.

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Bref, vous l’aurez compris, ce livre est une vraie réussite à mes yeux, c’est du « bon Mazetti ». Et je vous le conseille vraiment beaucoup, ça peut être un excellent cadeau pour les fêtes.

Katarina Mazetti, Ma vie de pingouin, aux éditions Gaïa, 21€.

PS : je vais me lancer dans la lecture de la deuxième moitié des Misérables. Ça + les fêtes = vous risquez d’attendre un petit peu pour lire la prochaine chronique, soyez patients ;)



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