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(Enquête) de Poezibao : l’art, un recours ? / réponse de Marie de Quatrebarbes et de Maël Guesdon

Par Florence Trocmé

Poezibao a posé à plusieurs de ses correspondants la question suivante :
L’art est-il, pour vous personnellement, dans votre vie quotidienne, un recours en ces temps de violence et de trouble(s) et si oui en quoi, très concrètement, littérature, musique, arts plastiques ?
Réponse de Marie de Quatrebarbes et de Maël Guesdon
Totale lumière sur

Peut-être y a-t-il beaucoup d’inquiétude parce que l’on croit être en plein milieu d’une surface uniforme et de plus en plus profonde. Nous n’avons jamais apprivoisé la nuit. Nous nous en méfions comme si elle pouvait à tout moment nous engloutir et nous ramener à nos débuts de petits vers même pas luisants qui cherchaient, à la lampe de poche, les signes de cet amour secret, au-delà de toute paix, là où mon amour est ancré sans moi-même (1)
Le 24 décembre 2014, nous sommes au théâtre, cinquante spectateurs dos à dos, disposés de part et d’autre d’une rangée de fauteuils. Nos corps sont plongés dans le noir. Nous écoutons la voix d’Yves-Noël Genod. De temps à autre, un flash extrême illumine la scène absente et quelques silhouettes légèrement fluorescentes s’approchent de nous. Yves-Noël Genod lit Les Fleurs du mal et Le Spleen de Paris. Entre les poèmes, on reconnaît les intonations de Claude Régy et des passages d’un texte de Paul B. Preciado. Le titre du spectacle est rester vivant. C’est-à-dire que nous n’attendrons pas qu’hypothétiquement le jour se lève pour le fêter. Nous n’avons pas quitté le noir le plus total. Et les oiseaux auxquels on dit, d’une voix faible : il est tard, rentre chez toi. Et les arbres mobiles. C’est cela que nous avons vu dans le spectacle d’Yves-Noël Genod, une prémonition de l’obscurité plus sombre que notre obscurité, qui perpétuellement arrache l’enfance et la restitue à notre obscurité.
Marie de Quatrebarbes – Maël Guesdon

1 « Pourquoy le sauroit nul, fors cil qui je suis, qui en moy est ce mesmes ? C’est l’Amour secrete, qui oultre paix » (Marguerite Porete, Le miroir des âmes simples et anéanties, § 106).


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