
Je suis en secondaire II.
En secondaire I, nous sommes tous passablement sages. Mais notre classe, Secondaire 1-E est la plus tannante. C'est la seule qui a eu des élèves qui ont été expulsés de leur classe au moins plus d'une fois et qui ont subi des retenues le samedi matin. Parmi ces élèves: moi. Mais pas Raymond Fillion, celui de la télé, que l'on croit légèrement attardé car son humour est nettement trop poche. Il a de plus un statut particulier, c'est le fils du directeur gérant des Nordiques de Québec et actuel préfet de discipline de la Ligue de Hockey Junior Majeur du Québec, Maurice Fillion.

Ce secondaire I, on a beaucoup trop de fun. On sait qu'en secondaire II, on démantèlera ce groupe.
ET BEN NON!

Quand on découvre que notre classe de Secondaire II C est la seule des 5 classes de niveau à se situer dans les escaliers menant aux étages, on comprend qu'on a réuni les éléments les plus dissipés dans la même classe et qu'on les as isolé pour mieux les contrôler et les empêcher de contaminer les autres classes.

Quelle erreur titanesque.
On allait placer les ingrédients les plus explosifs ensemble et l'ébulition mènerait à l'explosion.
Cette année, qui fera légende dans cette école, sera notre préférée à vie, notre plus intense.
Et leur cauchemar absolu.
Je serai personnellement promptement expulsé de cette école à la fin des classes, et ce, même si le seul motif d'expulsion de l'époque devait être de ne pas être en mesure d'obtenir des notes scolaires acceptables. Problème, j'ai d'excellentes notes. À ce niveau, je ne suis pas expulsable. Mais j'ai aussi mis le feu dans mon bureau, ce que tout le monde et son frère me rappelle depuis 30 ans.

"Monsieur...Monsieur! AU FEU" avait dit Giguère (le nerd) à mes côtés.

"Mais non, mais non..." que je tentais de tempérer en me collant au bas de pupitre pour en cacher la fumée qui sortait mais qui du même coup me faisait mettre les deux coudes sur un pupitre de plus en plus brûlant. En soufflant dessus pour l'éteindre j'ai fait pire et bientôt la classe était évacuée. Et mon sort en fin d'année scellé.

Bêtes, je vous dis.



Moi j'étais resté extrêmement sage, comme un joueur de hockey regardant les autres se battre dans un bagarre générale avec dédain.
Je revois le directeur venir faire son discours de paix à des oreilles sourdes et les néons suspendus qui pendaient comme une balançoire avec un restant de cahier d'enseignement religieux suspendu entre deux pages dessus. J'avais ça dans mon champ de vision en regardant le directeur et celui-ci n'avait que moi dans son champs de vision car j'étais généralement au coeur de ces conneries, mais pas cette fois là.

J'avais pitié de ce prof en pleurs.
Je voulais baisser le feu de la marmite. Mais elle avait explosé quand même.
Je pourrais vous entretenir sur facilement 30 jours simplement de cet explosif secondaire II ou tout mon monde a changé.

Mais bon, on s'en garde pour une autre fois.
Leur laboratoire a été un violent échec. Tout le monde voulait être dans notre classe, trouvant leur classe drabe.
Si je vous en parle c'est parce que dans le temps des fêtes, ma soeur a réalisé qu'un de ses voisins était de cette classe avec moi à l'époque et a fait le lien d'une Jones à un autre.
Je ne l'aurait pas reconnu.
Il s'est bien entendu rappelé de ce feu peu futé de ma part.

J'espère un jour être autre chose que cet incendiaire du secondaire pour les gens du 418...
Mais j'ai ce que je mérite.
Je l'ai cherché.