De la bioéthique à l’infoéthique : une réflexion de Joël de Rosnay à l’heure d’une “première guerre” des blogs ?

Joël de Rosnay pose la question suivante : l’internet de 2030 : allié, Big Brother ?

Une de ses pistes de réflexion repose sur l’idée d’une continuité entre bioéthique et info-éthique : puisque les biotechnologies, et même au-delà, les techniques permettant les usages sociaux, reposent sur de l’information, c’est-à-dire de la donnée retraitée par l’humain et son savoir-faire, il y a une passerelle et des enjeux évidents sur tout ce qui concerne l’identité numérique des citoyens.

Prenons un exemple concret, et qui se passe sous nos yeux en ce moment, en 2008 : je suis blogueur, je participe à une campagne pour une marque X. Or il s’avère que cette campagne est contestée par une frange des acteurs du web, ou tout du moins ceux qui ont une certaine influence sur les résultats de moteur de recherche : sachant que 90 % environ de l’accès à l’information des citoyens passe par un Google ou un Yahoo, l’enjeu est de taille si ces personnes parlent de moi; en effet, si je suis absent du web, ou si j’existe “moins” qu’eux pour le moteur en question, ils contrôlent une partie de ma réputation sur internet, donc une partie de mon identité.

Qu’est-ce que j’entends par “j’existe moins qu’eux” ? J’entends que les moteurs de recherche obéissent à une loi de puissance. En clair, “20 % des noeuds attirent 80 % des liens” (voir présentation ci-dessous)

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Donc si ces personnes “noeuds d’information” se mettent à me critiquer, je vais avoir du mal à reprendre la main sur ma réputation. Si j’ai fait quelque chose de mal, à la limite, je suis puni, normal, bouh ! pas bien ! (ceci dit, les risques de pendaison publique ne sont jamais loin, comme ici ahah). Par exemple, j’ai menti, le démenti “se venge“, c’est presque normal. Great. Par contre, si je participe à quelque chose non pas de mal, mais d’imparfait, et que mon nom, par la magie des liens, est associé à cette “imperfection“, je vais du coup non pas bénéficier d’un effet levier positif mais bien négatif. Pour résumer à outrance, ce sont les autres qui créent la propriété de mon identité privée, et pas moi.

Dangereux, donc, de s’associer à de tels projets. Car “selon que vous soyez puissant ou misérable, Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir“.

Dangereux encore, car les logiques de “camps” peuvent émerger et être favorisées. Et des logiques d’apôtres et de mini dieux horizontaux…

C’est d’autant plus vrai dans un espace, appelons le marché, où la “valeur” de l’information n’est pas encore tout à fait standard. Les effets de tension émergent, on n’a pas encore une vision claire de l’utilité marginale sur le web (cf : Francis Pisani, l’Alchimie des Multitudes). Dans le cas précité, “le concours de la blogueuse la plus con“, le débat est fortement crispé. J’ai retenu quelques commentaires intéressants :

Gaetan : “sincèrement, en quoi chacun(e) est tenu de NE PAS entrer en relation avec des agences/marques ? Et comme certaines le disent, elles le font librement, et si ça n’intéresse pas le lecteur, il zappe, point. Je sais pas trop quoi penser là, ton billet est complètement gratuit je trouve.”

Mox Folder : “Ahah j’aime bien ce passage, mais au fond les marques et agences ne font que reproduire bêtement et simplement ce qu’elle font ailleurs. Lors d’évènement et de manifestations, on a toujours des échantillons offerts, l’opportunité de participer à des concours, etc. En fait-on systématiquement un billet sur nos Blogs ?”

Maitre Eolas : “Et pour répondre à votre question, non, je ne lis pas les blogs dits “de fille”, et si vous vous demandez pourquoi, ce billet y répond. Je lis un blog pour y découvrir un auteur, un être humain, pas un plan média.”

Liiilooo : “Du proxénétisme ? faudrait qu’on soit sans défenses, ce qui n’est pas le cas, on est toutes libres de refuser les opés d’E-Buzzing ou des autres, mais voilà, si on les fait, c’est que ça nous amuse, et puis si ça peut en plus nous permettre de partir à Djerba !”

Amélimélo : “Perso, je suis tombée là, par hasard, sur ce blog un peu trop misogyne à mon goût, un peu trop provocant, un peu trop “je veux faire monter mes stats” parce que dans le fond, ce que tu veux, c’est faire monter tes stats n’est ce pas ? Avoir des commentaires sur ton blog jusqu’alors insignifiant ? Augmenter ton page rank et ton nombre de pages liées? Et moi, la première, je t’accompagne dans cet accomplissement… Mais pourquoi veux tu ça mon charmant esprit autocollant ?”

Peut-être que la posture à maintenir est une certaine vigilance, certes, mais dans un certain respect des acteurs; qu’on évite la morale, et qu’on garde (un peu) la fraicheur de nos échanges. Et puis non, finalement, ce n’est pas une première guerre des blogs, on est justes une bande de teenage

Pastaga ?