
Du 17 janvier 2016 au 17 avril 2016
Vernissage samedi 16 janvier 2016 à 18h30
Une sélection d'oeuvres du FRAC LR, avec par ordre alphabétique :
Matthew Antezzo, Cécile Bart, Abdelkader Benchamma, Benoît Broisat, Julien Crépieux, Simone Decker, Philippe Decrauzat, Erik Dietman, Fred Eerdekens, Emmanuelle Etienne, Omer Fast, Joan Fontcuberta, Ross Hansen, Pierre Joseph, Véronique Joumard, Zilvinas Kempinas, Suzanne Lafont, Perrine Lievens, Rafael Navarro, Douglas Gordon/Rirkrit Tiravanija, Walid Raad, Man Ray, Samuel Richardot, Christian Robert-Tissot, Yvan Salomone, August Sander, Patrick Van Caeckenbergh.

Au printemps 2016, le Mrac entame une nouvelle et enthousiasmante phase de son développement avec la création de nouvelles réserves qui permettront d'accueillir un dépôt exceptionnel du Cnap (Centre national des arts plastiques), une extension de 25% de ses surfaces d'expositions, une œuvre pérenne de Bruno Peinado sur la façade du nouveau bâtiment et un espace librairie repensé par le designer Erwan Mevel.
L'exposition Se souvenir des Belles Choses tente de matérialiser de manière métaphorique ce moment de transformation du musée en jouant autour de l'idée de mémoire active, celle du spectateur comme celle des œuvres elles-mêmes et des artistes qui les créent. Que reste-t-il dans nos mémoires de nos expériences passées, qu'elles soient collectives ou individuelles, et comment notre mémoire peut-elle s'activer dans le futur? Comment notre relation au présent se forge-t-elle en partie de l'expérience ou de la connaissance d'un passé révolu? Par quels moyens l'histoire de l'art active-t-elle des strates successives du passé pour se constituer et se renouveler? Comment le musée, en tant qu'espace identifié et construit, organise-t-il dans le temps et l'espace cet accès au voir et au savoir?

À travers la sélection d'une quarantaine d'œuvres du Frac LR, l'exposition Se souvenir des Belles Choses envisage l'art sous l'angle de la mémoire. De nombreux artistes de l'exposition manipulent ainsi d'autres temps et d'autres œuvres, cinématographiques ou plastiques, où s'observe un jeu de négociation entre la mémoire d'un passé reconnu comme une autorité et l'ouverture d'un futur, d'un espace de création.
Deux oeuvres de l'exposition évoquent ces images rémanentes : avec Véra d'Or (2010) d'Emmanuelle Etienne, le spectateur pénètre dans une maison de verre dont l'intérieur est invisible depuis l'extérieur, la structure étant recouverte d'un film sans tain qui reflète son environnement immédiat. Les parois intérieures quant à elles révèlent le dessin d'un palais italien qui évoque les relevés de plans des bâtiments baroques, ces tracés se superposant avec la réalité existante, en une fulgurante métaphore de ces temps brouillés, entre passé et présent. Ghosts (2004) de Simone Decker, oeuvre majeure de l'artiste, consiste en douze répliques

réel et à la fiction.
Car la mémoire peut aussi être un leurre, aussi bien individuel que collectif, qui enjolive le réel pour le rendre supportable, ou qui est

Cette bascule entre mémoire individuelle et mémoire collective est à l'oeuvre dans le travail pictural de Samuel Richardot. Par l'apparition d'objets isolés sur la blancheur de la toile, par ce silence qu'induit le blanc et qui force le regard à s'attarder et à s'interroger sur des formes à la fois familières et énigmatiques, Richardot évoque la société de consommation ou le travail de la terre, entre histoire personnelle et héritage collectif. De famille il est encore question chez Pierre Joseph qui nous livre avec MNEP 1,2,3 (2014) une réflexion toute en finesse sur la question de l'héritage familial et culturel, et au-delà, sur la question de la transmission. Si la question de la mémoire individuelle et collective est un point central de l'exposition, Se souvenir des Belles Choses est également une invitation à la déambulation rêveuse, la
mémoire peut aussi tout simplement être le souvenir d'un souffle chaud sur la nuque un après-midi d'été ou l'émotion ressentie à collectionner les coquillages sur une plage de Normandie : les oeuvres de Patrick Van Caeckenbergh, Zilvinas Kempinas, Fred Eerdekens ou encore celles de Abdelkader Benchamma nous invitent à faire l'expérience de ces émotions non contenues. Avec Distance variable (2007) de Perrine Lievens, la mémoire se métamorphose en promesse, lorsqu'une des cimaises de la maquette du futur Mrac, portée par un ballon gonflé à l'hélium, ondule et flotte, comme à la recherche de son devenir. Ce que deviennent les images et les objets qu'elles représentent est au coeur du projet fou de Benoit Broisat : avec Les Témoins (2009-2011), l'artiste s'attarde sur une image de presse qui l'a marqué puis part en quête de l'un des objets la composant. La mémoire devient ici le déclencheur d'une véritable chasse au trésor dans laquelle le corps s'engage, et qui permet à l'artiste de sonder et d'activer le réel à partir de sa représentation figée dans le temps.
À travers la sélection d'une soixantaine d'oeuvres du Frac LR, l'exposition Se souvenir des Belles Choses envisage l'art sous l'angle de la mémoire. De nombreux artistes de l'exposition manipulent ainsi d'autres temps et d'autres oeuvres, cinématographiques ou plastiques, où s'observe un jeu de négociation entre la mémoire d'un passé reconnu comme une autorité et l'ouverture d'un futur, d'un espace de création.
Commissariat: Sandra Patron
MRAC, 146, avenue de la plage - BP 4 - 34 410 Sérignan. Tél : 04 67 32 33 05