Seconde année ciné complète en Australie (de janvier à décembre), dépendante donc des sorties locales. On se retrouve avec quelques répétitions et décalages inhérents aux sorties européennes et américaines (beaucoup de sorties propres à l'Europe n'ont pas eu lieu ici). Il y a je l'avoue beaucoup de manquements mais on tâchera d'amender si il le faut. Cette liste est garantie sans Star Wars, ni Jurassic World.
13. 007 Spectre, de Sam Mendes

Le film se montre remarquablement en contrôle de son image et des attentes qu'on peut en avoir, jusqu'à finir par jouer totalement de ses codes jusqu'à paraître absurdes par moments, mais dans une retenue tout classique : on ne compte plus les noeuds de l'intrigue démêlés par la grâce d'un scénario accommodant, car les principaux acteurs de la licence nous en détourne consciemment l'attention: Sam Mendes s'affranchit des impératifs de la licence et se permet de faire du cinéma, Roger Deakins compose cette année encore une photographie de folie (on n'a pas voyagé ainsi dans un Bond depuis bien longtemps) et Daniel Craig est d'une classe affolante dans les costumes taillés sur mesure, l'attitude crâneuse et le maniérisme animal. Quoiqu'un peu faible en terme de scénario et d'une durée record pas indispensable, Spectre est une jolie surprise, un sursaut de qualité depuis les débuts de l'ere Daniel Craig.
12 . Ex Machina, de Alex Garland

11. Knight of Cups, de Terrence Malick

10. The Imitation Game, de Morten Tyldum

9. Slow West, de John Maclean

Entièrement tenu du point de vue du garçon, le film se révèle être plus riche qu'on ne pouvait l'imaginer à premier abord, y compris dans sa dramatique chute, aussi symbolique que littérale et mise en scène de façon explicitement cruelle (impossible de spoiler tant les petites idées de mises en scène sont superbes et symboliques).
Slow West prend véritablement son temps à raconter le poids de l'innocence sentimentale et le pas fourvoyé d'un garçon qui se sait pas vraiment ce qu'il cherche, trop aveuglé par son amour pour penser qu'il devrait agir différemment.> La critique en entier.8. Far from the madding crowd, de Thomas Vinterberg

Entièrement dévoué à la cause de ses personnages et des terribles sursauts du coeur qui les accompagne, la réalisation de Thomas Vinterberg embrasse l'enchantement de la lande anglaise, le passage des saisons et propose en permanence d'ausculter les tourments de ses protagonistes par un recours systématique au gros plan, intraitable, filmant les visages et les profils avec pudeur et recul. Chez Vinterberg, les convenances de l'époque battent leur plein, les circonvolutions du cœur sont explicitement abordées et la superbe photographie embrassant toute l'Angleterre champêtre du Dorset complète le tableau admirablement. En soi, c'est presque un miracle.
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7. It Follows, de David Robert Mitchell

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6. Kingsman - The Secret Service, de Matthew Vaughan

En février dernier, lors de la sortie du film, on misait déjà beaucoup sur celui-ci malgré la pléiade d'autres films du même genre à venir (Spectre, Mission Impossible 5, The Man from UNCLE), et on avait bien raison : Kingsman est le plus fun et décomplexé du lot, un héritier certes bâtard de la tradition du film d'espions, mais aussi tellement plus rafraichissant, dingue et réjouissant
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5. Me and Earl and the Dying Girl, de Alfonso Gomez-Rejon

This is not a love story (en français) s'emporte un temps sur les terres du film indé d'adolescent en crise de mal-être pour s'en élever considérablement, et ce, assez rapidement : lorsque une connaissance lointaine, Rachel, se voit diagnostiquée d'une leucémie galopante, la mère de Greg pousse celui-ci à passer du temps avec la jeune fille en question pour lui remonter le moral… la suite, on nous le répète avec ténacité, "n'est pas une histoire d'amour".
Le réalisateur parvient sans mal à nous immerger dans le quotidien de Greg, jeune lycéen pas très assuré qui virevolte sans s'engager. Les premières scènes sont un modèle d'exposition qui assument ce rôle avec un humour ravageur et malin qui passe en revue les différentes facettes de la vie de Greg : son rapport au lycée et ses camarades de classe, la relation qu'il entretient avec ses parents (Connie Britton et Nick Offerman sont sensationnels), son amitié polie avec Earl et le passe-temps qu'il partage avec ce dernier : un amour irrationnel de vrai cinéphile qui les pousse tous deux à rendre hommage avec beaucoup d'humour aux films de Werner Herzog et à de nombreux autres titres de la collection Criterion (Powell et Pressburger, Kubrick, Truffaut pour n'en citer que quelques uns).
Vendu de façon erronée comme une tranche de vie aux dialogues malins et sans doute prétentieux, le film tourne inexorablement au drame d'une richesse quasi insoupçonnée. Le terrible sort réservée à Rachel résonne d'autant plus fortement en comparaison de la vie sans conséquence que mène Greg, refusant les engagements les plus basiques. Et à mesure que l'on tombe amoureux de ses personnages (c'est inévitable), se dessine les traits d'un joli film très ambitieux qui mine de rien refile ci et là quelques étonnantes leçons de vie. Malgré ses airs de dilettante, il s'agit là très probablement de l'un des films les aboutis de l'année, et une petite merveille de réalisation. Dès cet instant, il convient de garder son réalisateur en tête. Et Greg. Et Earl. Et Rachel, cette "fille mourante" qui nous a bouleversé.
4. Tomorrowland - à la poursuite de demain, de Brad Bird

Brad Bird a ainsi recours plus d'une fois à un imaginaire et un sens du merveilleux supérieur a bien des blockbusters de chez Marvel. À la poursuite de demain (chouette titre français, pour une fois) est un film aussi magnifique que nécessaire, qui fait entrevoir le futur avec optimisme et espoir plutôt qu'avec le pessimisme et l'anxiété actuelle relayés de films en films. Si à la vision du film certains se fourvoient en pensant Brad Bird obsédé par l'idée de nous asséner des théories fumeuses, on imagine plus volontiers que le réalisateur se revendique des rêveurs, optimistes et plein de confiance en ce en quoi l'être humain est capable.
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3. Sicario, de Denis Villeneuve

Il y a chez Denis Villeneuve un sens du cadre, de la composition et du plan qui déjouent toute attente. Les plans sont méthodiques et jamais gratuits, et dès l'ouverture du film, le montage au cordeau et l'inclusion du score inquiétant (marqué d'un tempo répétitif) concourent à faire monter la pression de façon remarquable. Sicario est définitivement l'une des réussites techniques les plus impressionnantes de l'année et évoque parfois le savoir-faire d'un David Fincher.
2. The Lobster, de Yorgos Lanthimos

En chemin, Yorgos Lanthimos en dit des tonnes sur la condition humaine aux travers de personnages désadaptés, dans un film grotesque et hilarant et au final, tout simplement brillant, qui dénote d'un humour tres particulier, parfaitement retranscris dans le rythme anxieux et parfois délicat du film. Une surprise incroyable.
1. Mad Max Fury Road, de George Miller

Le film de l'année, voire de la décennie est australien. Un film qui sera étudié dans les écoles de cinéma jusqu'à la fin du monde. Witness!
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Pas encore sorti/Pas vu: Vice-Versa, Macbeth, Everest, The Gift, Le Pont des espions, Bone Tomahawk, Arabian Nights, High Rise, The Duke of Burgundy, Phoenix, The Diary of a teenage girl, Beasts of No Nation, Queen of Earth, Room, Spotlight, Brooklyn.
Bonne année ciné !