Depuis quelques années, la scène entrepreneuriale kényane a fleuri et semble avoir un avenir prometteur malgré les attaques qui ont eu lieu dans le pays ces récentes années.
Actuellement, le Kénya est le pays africain dont les start-up attirent le plus d’investissements, dépassant même l’Afrique du Sud avec 4,7 millions de dollars levés en 2014. Nous avons échangé avec Sam Gichuru, le fondateur de Nailab, un incubateur de start-up kenyan basé à Nairobi qui veut développer l’écosystème entrepreneurial local.
Nailab a pour but de développer et soutenir des projets tournés vers la technologie, si possible avec un fort impact économique et social. Le programme d’une durée de six mois dispense conseils, support technique et mentoring aux start-up. L’incubateur a été lancé par Sam Gichuru, en partenariat avec les fondateurs de la plateforme de crowdfunding 1% Club, Bart Lacroix et Anna Chojnacka. En 4 ans, 45 idées ont été incubées.
Mais Sam Gichuru n’est pas le seul à oeuvrer. Beaucoup de jeunes entrepreneurs ont décidé de venir s’installer au Kenya récemment et une grande part d’entre eux sont européens. Ils se disaient frustrés par le manque de dynamisme de leur pays d’origine et ont l’impression d’avoir vraiment de l’impact en se lançant en Afrique. Cet écosystème entrepreneurial porte d’ailleurs un nom à la hauteur de ces promesses: Silicon Savannah.
Entretien.
Quelles sont les principales difficultés que vous avez rencontrées, à entreprendre au Kénya ?
Au cours des dernières années, les challenges ont beaucoup évolué. Au début par exemple, il s’agissait surtout de trouver un moyen d’avoir plus de candidatures intéressantes reçues. Ce n’est maintenant plus un problème et nous avons des solutions bien pensées pour cela. Une grande difficulté actuelle au Kénya est de réussir à aligner le système éducatif et la façon de penser propre aux start-up. Pour résoudre cela, nous incitons à la mise en place de partenariats entre les universités locales des institutions tertiaires et notre incubateur. Il y a aussi la question de l’adoption des solutions locales sur le marché kényan. Le gouvernement a lancé une grande campagne de communication à ce sujet et nous espérons qu’elle portera ses fruits.
Pour le moment, 10 des 45 start-up qui sont passées par chez nous ont réussi à avoir une très bonne croissance jusqu’à réaliser plus de 200 000 $ de revenus nets.
Et quels sont les succès dont vous êtes le plus fier?
Pour le moment, 10 des 45 start-up qui sont passées par chez nous ont réussi à avoir une très bonne croissance jusqu’à réaliser plus de 200 000 $ de revenus nets. Une autre start-up s’est implantée à la Silicon Valley et s’est vue valoriser à 100 000 $. Enfin, nous avons contribué à créer une plus grande liberté économique pour certaines personnes en bas de la pyramide sociale, avec nos start-up.
Y a-t-il un écosystème entrepreneurial fécond au Kenya?
La scène des start-up kényannes est vibrante et ceci s’explique par plusieurs raisons. Il y a d’abord une véritable collaboration entre les start-up et les entreprises locales. Le gouvernement est aussi très présent pour apporter son soutien à cet écosystème. Nous avons par exemple reçu en 2013 1,6 million de dollars de sa part dans le cadre d’un partenariat pour soutenir les start-up ayant trait aux technologies de l’information et de la communication. Il y a enfin une prise de conscience de l’importance des data sur le comportement des consommateurs et sur le traitement de toutes ces données.
Quelles sont les prochaines étapes pour Nailab en 2016?
Nous voulons nous étendre à d’autres régions kényannes, hors Nairobi, où nous sommes principalement représentés pour le moment. Nous savons en effet que le potentiel des start-up du pays est très important et que nous avons encore beaucoup de perspectives devant nous.