Exposer un poète, quelle drôle d’idée ! Il y faut sans doute beaucoup d’amour. Ugo Rondinone expose John Giorno. Et, pour titre de l’exposition, il affiche et multiplie cette affirmation, répétée en rouge sur les murs du Palais de Tokyo: « I ♥ JOHN GIORNO ».
On y arrive par ce qui, sans doute, présente le mieux le poète : debout sur une scène de théâtre, pieds nus, vêtu d’un costume blanc ou noir (alternativement), filmé par Ugo Rondinone, il dit son poème Thanx 4 Nothing. Écrit pour ses 70 ans, c’est un retour sur sa vie, remerciant tous ceux qui n’ont rien fait pour lui, ou l’ont abandonné ou trahi, et remerciant ses amants, remerciant parce qu’il est là, debout, vivant, porteur d’une poésie active, que l’exposition va démultiplier comme il a toujours voulu le faire, imprimant des slogans, imaginant un numéro de téléphone pour que chacun puisse y écouter un poème, distribuant des textes dans la rue, disant dans tous les lieux possibles ses poèmes debout mains ouvertes. L’exposition est foisonnante, colorée, et, même si je n’ai pas le goût des archives, à feuilleter, à écouter, à regarder. C’est une véritable immersion dans la poésie de John Giorno, une oeuvre qui veut être accessible, et s’adresse à chacun.
L'exposition est visible jusqu'au 10 janvier 2016. C'est aussi jusqu'à cette date qu'on peut écouter un poème en appelant (gratuitement à partir d'un numéro français) le 0 800 106 106. Un journal propose une traduction en français de la majorité des textes en anglais présentés dans l'exposition.