Quand nous percevons les objets, nous pensons qu'un "moi" séparé les perçoit. Par exemple, nous pensons observer la fleur : "Je regarde la Fleur". "Moi, José Le Roy, je perçois cette fleur qui se trouve à un mètre de moi". Nous sommes deux : "moi" et la fleur.
Mais la réalité ne se présente pas du tout ainsi : si je suis vraiment attentif à ce qui est donné dans l'instant, il y a une fleur juste une fleur qui apparait dans une ouverture, dans un espace éveillé et sans limite. La fleur est regardée ; elle apparait dans l'ouverture de la vision sans qu'un voyeur soit nécessaire. J'imagine un observateur dans la relation, je l'invente quelque part derrière les yeux dans ma tête, mais ce n'est pas ce que l'attention me révèle : la fleur s'épanouie dans la splendeur d'une vision non-duelle.
Pas de sujet, pas d'objet.
Pas d'intérieur, pas d'extérieur.
Pas de dedans, pas de dehors.
Je ne peux trouver aucune distance avec la fleur : elle est ici, au centre du Voir.
Et en fait, la fleur est vision ; il n'y a pas d'un coté l'être de la fleur et d'une autre coté sa vision; je ne peux séparer les deux : La fleur est la vision de la fleur. Le voir est l'être; l'être est le voir. La vision est surgissement, naissance, éclosion, éveil.
Il y a dans ce regard essentiel tout le mystère du monde, et toute sa beauté.
jlr