Récemment j’ai lu un ouvrage assez intriguant de Jonathan Nossiter, écrivain et cinéaste, connu surtout pour son documentaire Mondovino Insurrection culturelle, paru chez Stock en fin d’année dernière. Dans cet essai , coécrit avec Olivier Beuvelet, professeur en esthétique et sciences de l’art à Paris-III Sorbonne-Nouvelle,
Le cinéaste s’essaie un plaidoyer aux accents très personnels, une méditation sur le rapport entre la culture et l’agriculture, et j'ai surtout été interessé par les premiers chapitres de son livre, lorsqu'il parle surtout cinéma- après on va surtout parler de vin, ca me passionne moins et lorsqu'il prend pour contre exemple à sa démonstration l’œuvre de Wim Wenders, un cinéaste qu’il admirait beaucoup dans sa jeunesse pour son intégrité artistique et politique, et qui selon lui, n’a pas cessé au fil des ans et des films de le décevoir, complètement happé par le système.
Pour Nossiter, si le point de bascule de ce déclin dans l’œuvre de Wenders a commencé avec Paris Texas, pourtant palmé à Cannes, le film Jusqu’au bout du monde, son projet fleuve de road movie futuriste sorti en 1991 et qui a été un échec financier sans conséquent en était l’illustration la plus frappante.
Si je me souviens vaguement de la sortie de ce film en 1991, au moment où je m’intéressais déjà énormément à l’actualité du cinéma, le coté science fiction et existentiel de l’autre avait refroidi mes ardeurs pour le voir, et comme le film a longtemps été invisible, j’ai profité de sa réédition en DVD et de l’opération organisé récemment par ciné trafic pour me faire une idée sur ce film, bien que contrairement à Nossiter, je n’ai jamais été un fou du cinéma de Wenders, et ce n’est pas ma chronique de son dernier film en date Everything will be fine qui changera cela.
Les œuvres de Wenders m’ont toujours parues très belles esthétiquement, mais très froides et surtout dénuées de densité psychologique intéressante. A part peut être dans Alice dans les villes e tà un degré moindre l'Ami américain, sa description des relations entre les différents personnages dans les films de Wenders mont souvent semblé trop désincarnées, trop schématiques, voire trop convenues, et jamais vraiment convaincantes et malheureusement ce n’est pas la vision de cet interminable Jusqu’au bout du monde qui changera la donne.
Interminable car le film tel qu’il est présent sur sur le Blu-ray édité par Tamasa, ne reprend pas la version sortie en salles de 1991 qui ne plaisait pas au cinéaste mais bien la version director's cut sur laquelle il a planché en 1994 : une version de 4h40 ( quand même) qui est pour lui la seule capable de restituer totalement l’esprit de cette ballade décomposée en trois partie distinctes, chacune de la longueur d’un film chacun.
Mélangeant les genres : road-movie, film d'aventure et science-fiction, le résultat est superbe visuellement et esthétiquement, comme toujours chez Wenders, également et notamment appuyé par une magnifique bande sonore (où l’on entend du Dépêche Mode, Lou Reed...), mais m’a très vite semblé virer au pensum métaphysique et philosophique abscons, dans lequel le sens et les personnages semble vraiment une préoccupation mineure pour l’auteur
Le film qui nous amène à Paris à Tokyo, Moscou San Francisco, et même en Australie nous plonge dans une course-poursuite sans fin avant de plonger dans le conte de science-fiction assez déroutante et assez incompréhensible se déroulant chez les aborigènes!
Et surtout sa fable d’anticipation pouvait certainement intriguer au début des années 90, mais désormais elle semble bien dépassée et peu pertinente comme pas mal de films d’anticipations anciens…Bref, un bel ennui élégant et glacé, mais un ennui profond tout de même que cette vision de Jusqu'au bout du monde...
Reste, outre le plaisir des yeux, celui de retrouver des acteurs phares des années 90, que ce soit l’immense Solveig Dommartin (la compagne du cinéaste à l'époque et décédée depuis ) mais aussi William Hurt Max Von Sydow, Jeanne Moreau sans oublier un duo étonnant formé d’Eddy Mitchell et de l’oublié Chick Ortega dans le rôle de Chico un braqueur qui fait de la batterie, un de ses rares moments de détente et de légèreté d’une œuvre avant tout plombante par sa prétention et son sérieux revendiqué.
Bref, ce n’est pas avec ce film que je vais suivre l’ami Wim jusqu’au bout du monde, mais je veux bien croire que ce film a ses grands défenseurs, que ce soit par son coté maudit et méditatif, et que d’autres que moi sauront le défendre bien mieux…
Jusqu'au bout du monde (W.Wenders)
Si ce beau combo dvd-blu ray rend parfaitement hommage au travail technique avec une belle restitution de couleurs, ce qui est un pari pour un film de 4h50 ramassé sur un seul disque, on déplorera l’absence totale de bonus.
Il parait que la version commerciale contient un superbe livret riche et complet sur le film, mais hélas la version DVD test que j’avais ne le conetnait pas pas, donc pas facile de rattraper le coup à ce niveau là non plus :o)
Plus d'information sur l'éditeur du DVD sur la page facebook de Tamasa.
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