Titre : Wild
Auteur : Cheryl Strayed
Plaisir de lecture : Livre fantas… tique
Tout va mal dans la vie de Cheryl. Sur les rayonnages près d’une caisse de supermarché, ses yeux tombent sur la couverture du premier volume du guide du Pacific Crest Trail. C’est décidé, elle se lance dans l’aventure ; cela lui fera les pieds. Elle ne sait pas à quel point.
J’ai marché, marché, l’esprit en mode primal, vide de toute pensée à l’exception d’une seule : aller de l’avant. J’ai continué jusqu’à ce que mon corps se rebelle et que je ne puisse plus mettre un pied devant l’autre. Alors j’ai couru.
Début 2015, j’ai vu le film éponyme de Jean-Marc Vallée, avec la magnifique interprétation de Reese Witherspoon : le réalisateur nous a montré un peu des imposants paysages de l’Ouest et les émotions étaient au rendez-vous. C’est comme ça que j’ai su que ce long-métrage était tiré d’un livre.
Je l’ai acheté début octobre pour être parée sur le retour d’un voyage, alors que ma liseuse venait de me faire louper un battement de cœur – en refusant de s’allumer – et en me laissant désœuvrée sur l’aller. Valériane est passée par là et me l’a choisi en décembre dans le cadre de notre défi. Voilà comment il s’est enfin retrouvé entre mes mains (C’est déjà toute une aventure).
Cheryl Strayed a 26 ans, plus de famille, plus de mari, pas d’enfant. Elle n’arrive pas à faire le deuil d’une personne qui lui était très chère, elle se laisse flotter dans la drogue, son entourage se défait d’elle. Alors, forcément, une randonnée en comparaison, c’est rien.
Le Pacific Crest Trail « Le chemin des crêtes du Pacifique » (PCT), est un sentier de 4240 kilomètre, qui traverse les États-Unis, en partant du Mexique pour rejoindre la frontière du Canada en longeant la côte Ouest. Cheryl Strayed choisit d’effectuer le segment partant du désert des Mojaves au sud de la Californie jusqu’au pont des Dieux qui enjambe le Columbia, le fleuve qui sépare L’Oregon de l’état de Washington. 1770 kilomètres.
Quand on ne randonne pas – même pas le dimanche, un mois sur deux – il faut avoir beaucoup de volonté pour se lancer dans cette randonnée particulièrement âpre. Beaucoup de volonté ou alors une grosse dose de folie doublée d’une inconscience phénoménale.
Elle partira seule, accompagnée de son sac, qu’elle surnommera Monster. Ce sac, elle ne peut d’ailleurs le hisser sur son dos, qu’en glissant les bretelles sur ses épaules en position assise. Puis de passer à genoux, en espérant que Monster ne passe par-dessus la tête, pour se relever, les mains accrochées fermement à un meuble. Ses chaussures sont trop petites, elle souffre le martyre à chaque instant. Et ce n’est que le début de la liste des tracas de son statut nouveau de randonneuse PCT.
Ce récit de voyage pourrait être une histoire simple voire même convenue. Mais les flash-backs disséminés dans le récit nous apprennent Cheryl, elle et sa vie. Bien avant son départ de la petite chambre miteuse d’un hôtel aux pieds du désert de Mojave, on sait que cette aventure va largement dépasser ses capacités.
Plus grande que la douleur physique naissant de ses chaussures trop petites, la souffrance mentale va l’amener à un voyage intérieur terrifiant. Le dépassement personnel sera au sens propre et au sens figuré. L’introspection de Cheryl va nous serrer le cœur. La plume est très émouvante, nous avons de la peine pour la protagoniste mais aussi beaucoup de respect.
Ce livre ne devait pas faire moins de 496 pages car il est évident qu’à sa lecture, vous allez vous interroger sur vos tracas, sur le chemin de votre vie et sans doute vous lancez (ou continuez) dans votre introspection. Le livre m’a fait réfléchir longtemps après l’avoir refermé. Et j’ai cherché des informations sur le PCT – et des tas de photos des paysages.
« Wild » de Cheryl Strayed est le récit autobiographique d’une randonnée célèbre, le Pacific Crest Trail aux États-Unis. Bien plus que le compte-rendu des kilomètres, l’auteur nous entraine dans sa vie, ses difficultés et de ses blessures non-guéries. Point de pathos, elle écrit avec beaucoup de justesse, sa vie et toutes les actions qui font sa personne. Traversez émotions et panoramas superbes.
Citations (clic)
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Souvenir de lecture : Le toucher de la peau de ses hanches, savant mélange d’une peau de poulet plumé et d’écorce.
Via le défi Valériacr0, Valériane a choisi l’un des rares livres de ma pile à lire qui ne s’avère pas issus des littératures de l’imaginaire.
Mon avis sur l’adaptation cinématographique
On comprendra dès les premières minutes, que ce road-trip est surtout d’introspection. Au fur et à mesure des pas et des souvenirs, Cheryl revient sur sa vie. Et les bleus sur son corps ne sont pas les blessures les plus coriaces.
Côté « images » j’aurais aimé en voir un peu plus : quitte à filmer le fameux trek, autant en prendre plein la pupille. Humour et émotion se mélangent pour dresser le portrait assez juste d’une belle femme.
Point d’excessivité pour ce long-métrage américain, que ce soit sur l’action ou l’aspect mélodramatique. On ne peut que se prendre d’affection pour Cheryl, incarnée de manière impeccable par Reese Witherspoon. La particularité du film est d’inviter le spectateur à (re)méditer à propos de ses propres interrogations. Ce film n’est pas une version féminine de « Into the wild » (rien à voir)
Les singes de l’espace (Ludo), Margaud Liseuse se sont aussi assurés que leurs orteils possédaient tous leur ongle.
Illustration : #01 source inconnue ; #03 Cheryl Strayed, sur le PCT, dans le Sud de la Californie (juin 1995); #02 et #04 par Visuals for change.
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