Magazine Culture

Le Maure de Barbès

Publié le 10 janvier 2016 par Le Journal De Personne
Il paraît que les deux policiers qui ont tiré sur l'étranger sont en congé... de maladie...
Des acouphènes et peut-être même une méchante migraine ont été occasionnées par cette mort soudaine...
Ils ne s'y attendaient pas à ce genre de trépas... à l'heure du repas.
Ils avaient peut-être même un petit creux, que leur devoir accompli a bien rempli d'autant plus que le sens de la République donne de l'appétit.
À part une langue de vipère, qui oserait leur jeter la pierre ?
Les dés sont jetés, on n'a plus aucune chance de tirer les choses au clair.
On ne peut pas réécrire la prose en vers... probablement à cause de l'atmosphère... un peu délétère.
L'air est devenu irrespirable depuis le vendredi 13, les forces de l'ordre cherchent désespérément les forces du désordre. Et les trouvent même là où elles ne s'y trouvent pas.
À la goutte d'or, est-ce qu'elles y étaient ou pas ?
Non, je ne fais pas semblant de croire que dans cette histoire tout le monde a fait semblant. Il leur a semblé, seulement semblé que l'étranger allait tout faire sauter et ils n'ont pas hésité à le cribler de balles réelles.
Et ils ont été presque aussitôt félicités par la hiérarchie qui s'apparente à une monarchie qui agit et réagit à la place du peuple.
Mais le peuple, on le sait, ne peut s'empêcher de retourner le couteau dans la plaie, de chercher à savoir si la viande est bien hachée... savoir pourquoi on a débouché sur une petite boucherie, je veux dire : une tragédie.
Pour qui ? Pour un cœur libre, pour une âme sensible, pour une conscience incorruptible...

J'ai envie de réécrire l'étranger de Camus, pour reconfigurer le sens de l'absurde, le rendre plus pathétique en exigeant de la République d'aller plus vite que la musique. Faire du Boulez avec tous les boulets. Éliminer toutes les notes de trop, toutes celles qui sonnent faux.
Selon certains témoins, forcément indignes de Foi, le forcené n'était pas armé. Il n'avait pas de bombe sur lui, ni réelle, ni factice...
À la première sommation, il s'est arrêté, levé les bras et n'a pas ouvert la bouche ni prononcé le nom d'Allah. Mais pour son malheur il avait la tête de quelqu'un qui vient d'ailleurs.
Il faisait peur. Il fut abattu sur le champ : pour que la paix civile demeure.
Pour faire encore plus court, on va dire qu'il s'est donné la mort en se présentant à un commissariat de police sans y avoir été convié comme un vulgaire intrus. On n'allait pas lui souhaiter la bienvenue. Il avait surtout la tête d'un suspect. On a tiré et on l'a interrogé après. C'est l'usage, l'usure, le nouveau visage de la police, de la Justice et du vice.

La mère de cet agneau qu'on a pris pour un loup a paraît-il témoigné pour laver son fils de tout soupçon en disant qu'on a assassiné son fils alors qu'il n'avait pas l'ombre d'une mauvaise intention... il ne fut pas terroriste et s'il l'était, il aurait opéré autrement. Il ne fut pas suicidaire et s'il l'était, il aurait pris par exemple le train... sur la gueule.
Il ne fut pas tout blanc et s'il l'était, c'est la police qui aurait procédé autrement.
On me reproche de desservir les arabes en les défendant, de servir tous les mal venus à cause de mon embourgeoisement, d'avoir de l'empathie pour les islamistes au lieu d'être opportuniste en épousant les forces vives de la nation.
C'est grave comme accusation : je vous interdis de m'assimiler à une petite bourgeoise... parce que si je l'étais... je dirais la même chose que vous : merde au lieu de dire merci.
Au nom du peuple et pour lui rendre service, j'exige un complément d'enquête de la police des polices, sinon je fais appel à une commission d'enquête parlementaire pour tirer les choses au clair.
Et pour finir, c'est à la Tunisie que je présente mes plus sincères condoléances.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Le Journal De Personne 76484 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte