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Révolution sur canapé

Publié le 12 mai 2008 par Leblogpolitique

Vivement_Dimanche.jpgDevinette : il est assis sur un canapé rouge, à côté d’un dalmatien, et arbore un gentil sourire ; de qui s’agit-il ? Michel Drucker ? Raté ! C’est Olivier Besancenot, le facteur révolutionnaire qui s’est installé dans les chaumières françaises dimanche après midi. Révolution sur canapé…

Et le brouhaha derrière lui, vous entendez ? Ce sont les cris d’orfraies de ceux qui dénoncent la « pipolisation » de la politique. Débat stérile. Oui, les politiques participent désormais à des émissions à la teneur intellectuelle douteuse, et expose le revers de la vie publique : leur vie privée, avec la désacralisation de la politique inhérente. On a entendu les mêmes dénonciations lors de sa participation aux Grosses Têtes en 2003. Circulez, rien à voir.

Ainsi le sympathique révolutionnaire participe à une émission consacrée à sa petite personne : pas très fair play pour un parti qui la joue plutôt collectif d’ordinaire. Mais Besancenot se retrouve sur le divan d’un confesseur cathodique complaisant sans toutefois jouer le jeu de la transparence et en imposant ses thèmes, forcément politiques. Il maîtrise indéniablement sa communication : évoluant dans le système, sans que celui-ci le pervertisse, le jeune révolutionnaire garde le contrôle sur sa vie privée. Aucune photo de sa compagne, pas d’information sur son enfant. Gavroche refuse de verser dans le côté complaisant de la célébrité. Enfin presque : la Révolution a ses raisons que la Raison ignore.

La LCR peut chaleureusement remercier Michel Drucker : il a donné au leader trotskiste l’occasion de peaufiner son image de gentil gavroche presque rassurant, prônant le bon sens, se présentant comme une alternative crédible, bien éloignée de la figure du révolutionnaire le couteau entre les dents encré dans l’imaginaire collectif. Mieux qu’une campagne de communication en 4X3, demandez le Michel Drucker !

Alors au final, quelles conclusions tirer de ce passage télévisé si médiatisé et décrié ? Une irrémédiable « pipolisation », certes, mais surtout une prise de conscience peut-être, du moins faut-il l’espérer, de la part de la gauche. Et si Besancenot devenait un adversaire politique ? Certains le voient déjà en Sarkozy de l’extrême gauche. Il inquiète. En moins de 7ans (il apparaît en juin 2001 en tant que candidat successeur de Krivine), il est devenu un personnage incontournable du paysage politique français. Avant hier il était un nain politique, un candidat négligeable. Hier il passait devant tous ces petits camarades et se payait le luxe d’améliorer son score présidentiel de 2002 malgré l’effet vote utile pour éviter un nouveau 21 avril. Aujourd’hui, il construit son parti anti-capitaliste, et est devenu un acteur politique qui compte. C’est pour cela que le Parti Socialiste s’affole enfin : Gavroche est redoutable et loin de tomber dans l’oubli  il est devenu un adversaire bien coriace.

Le Nouvel Obs présentait récemment un sondage sur son site internet : quel leader pour le PS ? Parmi les réponses proposées, les traditionnels Delanoé, Royal ou Fabius. Mais le journal se paye le culot de mettre Olivier Besancenot comme dirigeant potentiel. Dernière devinette : savez-vous qui a remporté le sondage ? Olivier Besancenot ! Comme si, pour certains, la vraie gauche c’était lui…

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