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Le calme trompeur atelier 9 de bric à book

Par Eirenamg

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Un sentiment d’écrasement et de petitesse pesait sur mes épaules, la sensation d’être extrêmement lourde, ancrée dans le sol. Face à cette immensité, ce ciel bas et lourd pour paraphraser Baudelaire. Cette maigre lumière, cette mer à perte de vue. Quelle illusion ! Le sentiment de contrôler l’espace, le temps. Alors que rien ne se déroule comme prévu, que les secondes défilent de plus en plus vite, inexorablement. Et pourtant vouloir figer, imprimer, garder ce moment en mémoire. Comme un arrêt sur image, comme l’instant d’avant la photo où on cherche la bonne mise au point. Comme si cet instant maintenant était important, en équilibre, hors du temps. C’est marrant, ces impressions de déjà vu, de temps suspendu comme si tout devait nous amener à ce moment, cet instant là. Alors qu’on sait rationnellement que rien n’est écrit. Qu’une idée lumineuse va apparaitre, un code révélé qui nous fera comprendre la clef de nos erreurs.

Etrange sensation qui revient régulièrement face à la beauté du monde, comme cette mer immaculée, vierge avec  ces quelques bateaux. Comme si on l’avait mise sous bocal, rien que pour moi et mes pérégrinations matinales. Figée debout, avec ma tasse de café, à attendre que mon ami se réveille pour avoir une grande discussion. La fameuse discussion que je repousse depuis des mois, mais qu’il va bien falloir aborder. Est-ce vraiment le bon moment pour dire ça ? Est ce que je dois attendre ? Ne suis-je pas cruelle de vouloir tirer un trait comme ça ? Quasiment sur un coup de tête, alors que lui il n’est en rien responsable si je suis toujours figée, en retard sur les sentiments et bloquée dans le passé.

Attendre est ce vraiment la solution ? Pour un peut être ; une autre chance alors que le cœur n’y est plus. Vaste blague, et pourtant, une petite voix dans ma tête me dit qu’il faudrait mieux. Que cette beauté calme sous mes yeux est un signe qu’il faut rester immobile, se redonner une chance.

Avoir l’impression d’être happée par le vide, de tomber, chute vertigineuse et pourtant dont on ressort indemne, changée et pourtant encore là.  Un bruit me remet les pieds sur terre, derrière mon dos, petit bruit anodin du quotidien qu’il va falloir affronter. Et au même moment, un autre plus puissant déchire l’air, à l’extérieur sorte de sirène tonitruante, comme un avertissement ? Une mise en garde ? Symbolise t-elle une réconciliation ou l’oraison funèbre de cette histoire ? Pensais-je en me retournant lentement vers le lit.


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