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Zef et Mer au Centre Culturel Le Cap à Plérin ( Côtes d'Armor) le 9 janvier 2016

Publié le 09 janvier 2016 par Concerts-Review

Zef et Mer au Centre Culturel Le Cap à Plérin ( Côtes d'Armor) le 9 janvier 2016

Zef et Mer au Centre Culturel Le Cap à Plérin ( Côtes d'Armor) le 9 janvier 2016

Zef et Mer?

Un événement visant à présenter la scène bretonne, aussi bien aux non-initiés qu'aux programmateurs à la recherche de nouveaux talents.

Une troisième édition en 2016, étalée sur quatre dates à quatre endroits différents: Plérin, l'Université de Rennes, Guer et Plédran.

Ce 9 janvier le Centre Culturel Le Cap accueille le premier rendez-vous.

Superbe complexe que Le Cap: une médiathèque, un cyberespace, des salles d'exposition, un bar et un auditorium élégant à l'acoustique exemplaire.

Les festivités débutaient en matinée avec des séances jeune public, à partir de 14h, des éphémères de 20' doivent permettre à des talents locaux de se faire apprécier.

Horaire prévu:

Bèrtran Ôbrée (14h)

Le Bour-Bodros Quintet (14h30)

Ronan Le Gouriérec (15h)

Kaëlig (15h45)

Istan Trio (16h20)

Dañs er Jeko (16h50)

Matao Rollo (17h30)

Yann Raoul (18h10)

Bèrtran Ôbrée

Lorsque les tentures laissent apparaître la scène, le public aperçoit Erwan Bérenguer à la guitare et Julien Stévenin à la contrebasse, une voix off, légèrement voilée, se fait entendre, un chant plaintif, récitatif, grave, tu ne reconnais pas le vocable, ni français, ni breton, une légère ressemblance avec l'acadien, Bèrtran Ôbrée chante en gallo, la langue romane de Haute-Bretagne, il a entamé le spectacle avec 'Enn Aotonn', titre ouvrant son dernier disque "Olmon e olva".

Une sombre mélancolie se dégage de cette composition fort éloignée du folklore breton, tu peux penser à John Martyn ou à Richard Thompson, uniquement pour te faire une idée.

Le chanteur au visage anguleux, au crâne glabre, rejoint les musiciens et attaque 'La net s'etèn' un air plus rythmé au fond jazzy pour clôturer ce mini set par l' inquiétante ballade 'Olmon e olva'.

L'univers poétique de Bertrand Aubrée nous rappelle celui de chanteurs poètes d'autrefois, tels Claude Léveillée ou Gilles Vigneault.

Unartiste à découvrir d'urgence!

Le Bour-Bodros Quintet

Timothée Le Bour : saxophones alto et soprano/ Youen Bodros : accordéon diatonique/ Erwan Menguy : flûte traversière en bois/ Erwan Moal : guitares et Erwan Volant : basse sont des habitués des Fest-Noz et Fest-Deiz, leur musique invite à la danse et à la fête.

Le groupe a sorti un album, en 2014, bourré de scottishs, polkas, jigs ou de valses, il nous en présente quelques extraits en débutant par la valse 'Claire's Lullaby' composée par un des trois Erwan, le guitariste.

Le sax de Timothée colore la danse d'élégants accents jazzy.

Typiquement breton: la gavotte, 'Kannerez dour ' ou la bergeronnette des ruisseaux.

Un titre vif comme l'oiseau.

Ils embrayent sur la polka 'Kerguerwen', du nom d'un hameau des Côtes d'Armor, pour terminer une prestation appréciée.

Place au farfelu du programme: Ronan Le Gouriérec, armé d'un saxophone baryton à simple carburation circulaire.

Une espèce de Tintin à lunettes, arborant un marcel immaculé mettant en évidence des biceps de joueuse de rugby, se pointe et d'emblée s'adresse au peuple gentiment assis: pouvez-vous quitter vos confortables fauteuils pour danser à mes côtés?

Une dizaine de candidates à la sudation le rejoignent, comme toujours l'élément mâle reste en retrait.

On commence par un pilé-menu, Zoé, ma gamine, préfère le pilé-velu c'est pas au programme de la journée.

Au boulot, la chaîne tourne, Ronan imprime la cadence.

Au suivant, le rond de Saint-Vincent. J'explique, tu fais le pas du crabe, tu tiens ta voisine par le petit doigt et tu balances les bras, hop, hop, hop... Sont désormais 30 à entourer le facétieux jeune homme qui entame un rap breton avant de revenir au baryton.

Une petite polka avant de regagner mes terres, je vous signale que le spectacle complet, baptisé 'Little Big Noz' peut se jouer dans votre salon ou dans le poulailler, le 16 janvier je me produis en Loire- Atlantique.

Adieu!

Kaelig Couteller qui a remporté le concours de l'interprétation de l'hymne breton est accompagnée par Guillaume Lancou au piano et par Mathilde Chevrel au violoncelle.

Le trio entame le set par un traditionnel breton 'N'eo ket n'ho ti', la voix est limpide, l'accompagnement sobre, c'est le style de truc qui te refile des frissons dès les premières mesures.

Elle poursuit par 'Pe Trouz Zo War n Douar', une composition de son grand-père, le chanteur Sam Poupon qui, à l'époque, prévoyait déjà les catastrophes écologiques.

Un nouveau traditionnel faisant partie des archives du patrimoine oral pour suivre: la romance ' Loeizig ha Margeidig' et enfin un texte d'Anjela Duval, ' Karantez vro', dans lequel la poétesse paysanne choisit l'amour de son pays plutôt que celui d'un homme.

Grâce, pureté, sensibilité...un grand moment!

Ronan PELLEN: cistre/Julien STEVENIN ( encore lui): contrebasse et Sylvain BAROU: flûtes, mélangent musique celtique et harmonies orientales, le cocktail est à la fois hardi et convaincant.

La mise en bouche, une suite de gigues irlandaises, est relativement traditionnelle, quoique l'utilisation du cistre peut surprendre.

La suite sera plus aventureuse, Sylvain a sorti une courte flûte turque de sa panoplie de mirlitons pour nous proposer un voyage aux senteurs fleurs d'oranger nous invitant à traverser le Bosphore, question d'oublier la météo chagrine dans la baie de Saint-Brieuc.

Ronan a composé le morceau suivant en hommage à Julien Weiss, le champion des métriques compliquées, décédé il y a un an.

Une mélodie obsédante permettant à la flûte de virevolter à sa guise sur l'assise rythmique arabisante imprimée par ses compères.

Le dernier titre, effervescent, est signé Sylvain Barou et magnifie la ville de Quimper.

Dañs er Jeko

Un groupe emmené par le chanteur de Plouay, Jañlug Er Mouel, il est secondé par Tibo Niobé à la guitare, Gwylan Meneghin à la basse et Marcelo Costa aux percussions.

Si au sein du trio Le Mouel / Faucheur / Capitaine, Jañlug fait dans le traditionnel, la potion proposée par Dañs er Jeko se colore d'accents world chanté en breton.

'Didermen' sent bon le Brésil et remue généreusement, la suivante, balayée par un vent chaud s'autorise un plan funky puis Jañlug nous invite du côté de l'Ouganda où les filles sont jolies, lors d'un de ses voyages lointains, il s'est acheté un instrument à lamelles ayant appartenu à un griot pas chiant, il l'agite tout en chantant.

La croisière s'achève en Amérique latine par une salsa piquante.

Coloré et énergique!

Matao Rollo n'est pas chanteur, ni musicien, Matao c'est un rêveur qui raconte et émeut.

La scène est quasi nue, un siège, sorti du marché aux puces, traîne dans un coin, un grand type à l'air nunuche se pointe une valise à la main, il la dépose et se met à soliloquer pour nous présenter une série de personnages comme toi et moi, avec 40 ans de plus. Petit à petit, tu finis par t' attacher à ces vieux atteints d'Alzheimer, tu revois des proches abandonnés dans une maison de repos, refusant de parler ou racontant des bribes de leur vie passée, de leurs amours, de leurs manies...

C'est émouvant, attendrissant, drôle et terriblement juste.

Tandis qu'il raconte, le film défile dans ta tête, tu les voix, tu les sens, tu veux leur tenir la main à ces personnages qui ont désormais pris vie.

C'est toute la force de Matao, il a réussi à t'impliquer dans ses histoires.

Le spectacle complet se nomme 'Dans ta tour' et part bientôt en tournée.

Bravo, mec!

Yann fait partie du groupe Arvest et, en parallèle, mène une carrière solo, il vient de sortir un nouvel album intitulé 'Sausalito'.

Son univers est plus pop que celui de tous les prédécesseurs, il est accompagné par David Le Port : guitares, programmation et par Nicolas Kervazo, à la guitare électroacoustique.

Nous aurons droit à cinq extraits du dernier recueil, la voix est douce, les mélodies harmonieuses, elles t'invitent au voyage ou à la rêverie.

Après un premier titre en breton, Yann enchaîne sur le titletrack, ' Sausalito', te faisant penser à 'La maison bleue' de Maxime Leforestier.

La ballade 'Didrouz' ne laisse pas ta compagne indifférente, tandis que 'Quelle vie cool' dispose de tous les éléments requis pour faire un tube radiophonique.

La dernière, 'Les oiseaux de passage' n'a rien en commun avec le titre de Brassens, il permet la mise en évidence des talents des deux guitaristes accompagnant le chanteur.

Ce set généreusement applaudi met un terme à la première tranche des Zef et Mer!


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