Jeudi soir dernier, nous sommes allés, Michel et Moi, au Comoedia pour assister à une rencontre exceptionnelle autour du film "Je vous souhaite d'être follement aimée" en présence de la magnifique et si talentueuse Céline Salette et de la cinéaste Ounie Lecomte.
Ounie Lecomte, c'est cette cinéaste née en Corée qui ont été confiés à des institutions d’Etat adoptée par une famille française qui a signé en 2010 Une vie toute neuve, son premier film tourné en Corée, qui lui permettait très probablement de tenter de regarder dans le rétroviseur, en prenant comme personnage principal une fillette laissée dans un orphelinat dans la région de Séoul et confrontée à la violence dont elle ne pouvait s’échapper.
Dans JE VOUS SOUHAITE D’ÊTRE FOLLEMENT AIMÉE, on est toujours dans la même thématique, d'une quête idenditaire autour d’un abandon et, mais qui se déroule en France et qui est vu du point de vue d'une personne qui n'est plus une jeune fille mais une trentenaire devenue femme et mère, mais qui ne ne s’est toujours pas débarrassée de ce sentiment d’abandon, qui porte en elle un malaise indicible, un désir irrépressible de combler les blancs sur un manque, sur un vide.
Avec ce magnifique titre tiré d'une phrase d'André Breton, qu'il adresse à sa fille dans son livre L'amour fou, JE VOUS SOUHAITE D’ÊTRE FOLLEMENT AIMÉE situe cette quête identitaire du côté de Dunkerque, un choix qui, comme nous a expliqué la cinéaste lors de la rencontre arpsèsfilm n'es pas anodin, tant la ville, lieu de conflit au cours de la seconde guerre mondiale, possède un passé et des paysages industriels
Magnifié par la lumière de Caroline Champetier, le décor de cette ville donne sans doute le relief qu'il faut à cette rencontre fortuite entre cette mère qui a accouché sous X et sa fille se rencontrent par hasard, sans savoir qui elles sont l’une pour l’autre…
On pourrait d'ailleurs tiquer sur cette coeincidence de scénario, mais on se laisse plutot largement emporter par ce film d'une belle sensualité.
Il faut dire que le métier du personnage d'Elisa- la kinésithérapie est une belle idée de scénario tant le film prend son essor dans ces scènes très corporelles ou le toucher et la sensation entre Elisa et Annette renvoient aux premiers « corps à corps » entre la mère et l’enfant qui ont tant manqué .
Dans le rôle d'Elisa, la merveilleuse Cécile Salette- qu'on avait quitté un peu dépité dans les rois du monde de son époux Laurent Lafargue- a sans doute un de ses meilleurs rôles à ce jour, dégageant aussi bien une sensation d’assurance que de vulnérabilité et de fragilité, de luminosité et de désaroi.
Et son duo avec la trop rare Anne Benoit, formidable actrice de théâtre trop rare au cinéma est vraiment une des clés de la réussite de ce joli film, qui en dépit de (légères maladresses) nous a laissé un formidable souvenir pour une soirée qui fut très belle, et pour un plaisir visiblement partagé par les deux protagonistes principales de cette belle oeuvre qui on l'espère, devrait toucher pas mal de spectateurs .