Deux galeries voisines, avec deux artistes qu’on croirait de prime abord bien lisses, et qui dévoilent à travers leurs oeuvres un aspect profond, ténébreux qu’on ne soupçonnait pas.
A la BANK (jusqu’au 21 juin), Katia Bourdarel, derrière ses contes de fée charmeurs pour petites filles sages, fait voler d’énormes corbeaux noirs dans le château de la Belle au bois dormant et baigne ses héroïnes sagement lascives dans des flaques de sang rouge, crime ou menstrues. Des papillons virevoltent de lèvres en lèvres. De l’innocence à la perversion, nous savons tous qu’il n’y a qu’un pas.
C’est une même féminité à la fois attirante et terrifiante qui marque les pièces de Vanessa (Freedom) Fanuele à la galerie Defrost (jusqu’au 14 juin); tout nous renvoie au corps féminin, à ses moiteurs, à ses mystères. Des rideaux de pleurs s’estompent pour laisser apparaître un coeur, des déchirures sommairement recousues parsèment la surface d’un tableau (Not enough time), laissant voir les plaies, les macules de sang impur : coutures qui réparent, qui maintiennent ou coutures qui mentent, qui dissimulent, qui virginalisent. Une boîte reliquaire noire présente d’étranges formes rouges obscènes, repoussantes, mais qu’on aimerait toucher, caresser (Naufrage). “La féminité peut être effrayante“.Photos courtoisie des deux galeries.