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Boston 168 – Oblivion EP

Publié le 11 janvier 2016 par Le Limonadier @LeLimonadier

Boston 168 : la renaissance italienne du vintage « acid, dirty and rotten »

Pour démarrer l’année, le label ODD/EVEN a sorti le 7 janvier dernier des extraits du nouvel EP de Boston 168, Oblivion :

Le rythme acidulé et nappé de « Nightcall » lance notre déambulation dans un décor urbain, l’appel magnétique de la nuit. Le pas et la respiration s’accélèrent à « Oblivion » , le paysage défile de plus en plus vite. Avec « Seven Heads« , on se retrouve en pleine course, un tempo circulaire se glisse autour de nous comme sept assaillants. Puis vient l’affront, une danse martiale qui s’opère avec « Split String » dans un brin entraînant d’agressivité. Les dernières lueurs de tension s’éteignent finalement par une version instrumentale de « Nightcall » , un rappel au calme.

Et parce qu’un bon EP est un petit voyage, une expérience subjective en tête à tête avec la musique où les notes déclenchent une réaction en chaîne, pourquoi ne pas comparer notre vision à celle des artistes ? Leur réponse :

« Clairement, notre musique éveille les sens et stimule l’esprit des gens. En toute honnêteté, on n’approche pas toujours notre musique avec une intention particulière, autre que celle de créer ce qui nous paraît naturel. Et c’est ce naturel qui semble créer tout ce paysage sonore techno, entraînant ceux qui nous écoutent – nous y compris, dans un voyage acid et psychédélique. Mais au bout du compte, tout le monde l’aura interprété différemment. »

C’est donc avant tout par sa spontanéité que Boston 168 parvient à nous envoyer dans ses « voyages spatiaux », au cœur desquels chacun peut divaguer comme bon lui semble. Il semblerait que la recette fonctionne !

Après ces teasers, aventure d’une dizaine de minutes, on a hâte de découvrir la version intégrale.

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C’est à Turin que grandissent les deux amis Sergio Pace et Vincenzo Ferramosca, passionnés de musique dont les univers se sont progressivement rejoints jusqu’à l’alchimie, cristallisée sous le nom de Boston 168. Encore peu connus du grand public, ce n’est qu’en 2014 qu’ils ont sorti leur premier EP The Drill sur leur propre label, Old and Young.

De la techno oldschool qui insuffle un coup de vent acid à nos oreilles !

Ils gardent malgré tout une bonne marge de liberté, passant de tracks excitées et teintées de rouille… :

…à des versions plus vaporeuses, pas aussi atmosphériques et immersives que l’ambient des autres italiens de Voices From The Lake dont on vous avait parlés lors du Live Report du Weather Winter, mais d’un charme acidulé certain :

A l’ère du numérique et de la dématérialisation de la musique, Boston 168 prône un retour aux valeurs sûres, un retour au tangible : leur label sort uniquement des vinyles et supporte la création par machines analogiques. « Hype » ou « mainstream » nous dira-t-on dans le jargon hipster-râleur. On assiste certes à un vif regain d’intérêt pour les 45 Tours, tant du côté des collectionneurs que du DJing, mais ce choix, plus qu’un effet de mode, est pour nos deux italiens un choix métaphysique – c’est leur « seule arme contre le temps ». Rien que ça.

Intrigués par ce rapport presque fusionnel qu’ils entretiennent avec l’objet, on leur en a demandé un peu plus :

« Il y a de toute évidence des avantages et des inconvénients à tout. Certains seront probablement en désaccord avec ce que l’on va dire, mais pour nous le vinyle est essentiel. C’est réel, tu peux le sentir et le toucher, et parce que c’est physique, on y accorde davantage d’importance. A l’inverse, la musique numérique devient de plus en plus jetable. Parce que c’est stocké quelque part dans un disque dur et que ça n’a aucune matérialité, ça ne devient qu’un fichier de plus dans ta bibliothèque. C’est le même principe pour les livres, entre les télécharger et avoir l’objet dans la paume de ta main, ce n’est pas la même chose. Et tout ça sans mentionner la qualité son du vinyle ! »

Alors que les sons prolifèrent dans la fourmilière techno, démocratisée et popularisée grâce aux logiciels, ils risquent souvent de s’évanouir, engloutis dans l’océan de fichiers de la toile. A la production effrénée répond donc cette lutte contre l’oubli, petit clin d’œil peut-être au titre de cet EP. Oblivion, c’est immortaliser la musique mais aussi refléter l’étrange sentiment de perte des repères qu’elle peut nous procurer :

« Comme on le sait, Oblivion est en un certain sens l’état d’inconscience de ce qu’il se passe autour de soi, souvent entrelacé à l’idée d’espace, qui est lui-même incroyablement mystérieux. On s’aperçoit en écoutant notre musique que l’on a une approche particulière de l’espace, de l’atmosphère, et tout ce qui peut être psychédélique en fait. Le nom de cet EP semblait très simplement être en adéquation avec tout ça. »

Entre un profond désir d’ancrage dans l’espace et le déni du temps, leurs mains d’hommes réinvestissent les machines pour produire de l’authenticité et de la pérennité.

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                  Source : leur page Facebook

On pense alors à la petite anecdote de fin d’année, qui sentait l’ivresse à plein nez : « i prolly i shntnde downoied thi coz im drunki m ena uploaded.. afx ». Ce message accompagnait « Phase Out » , une courte track chaotique que seuls quelques-uns d’entre nous ont eu l’occasion d’écouter avant sa suppression, ou plutôt… avant le retour à la lucidité d’Aphex Twin, un des papas de l’analogique aux sonorités acid et particulièrement de la très rodée TB-303. Après la disparition du contenu de son compte soundcloud anonyme et de cette dernière petite frasque, bien embêtés furent ses auditeurs numériques.

Boston 168 aurait donc tout compris ? Avec eux, la scène italienne et le vintage ont de l’avenir.

La sortie sur le label ODD/EVEN est annoncée pour février, et un live est en préparation.
Ils nous auraient même glissé à l’oreille un premier passage par Marseille le mois prochain…

Restez à l’affût, une rafale acid risque bientôt de traverser la France !

Joana

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