"Désormais je ne pourrais plus dire que je ne connais rien de la précarité ni des dangers que court une étrangère en situation irrégulière."
Contrainte de fuir son pays sous le joug d'une dictature, comme tant d'autres femmes, ancienne comédienne reconnue, Lora se retrouve sur une barque à destination de Santarie, avec pour tout bagage son sac à main et son colt 45. Malheureusement, elle sait ce qu'elle quitte mais pas vraiment vers quoi elle se dirige. En Santarie, le danger est à chaque coin de rue, surtout pour une femme seule. Son colt, légué par son père, est une maigre sécurité. Pour autant, même quand son exil devient de plus en plus difficile, avec la perte de ses papiers, la vente de son colt, et la concupiscence des hommes, Lora sait reconnaître les belles rencontres, l'espoir...
J'ai lu ce petit livre d'une traite, assez impressionnée par le style particulier, la distance que l'auteure garde avec son personnage en une sorte de dialogue a posteriori, poétique, et assez impressionnée aussi par les épreuves traversées par elle. J'ai pensé bizarrement à une ancienne lecture, Skoda d'Olivier Sillig, qui contient pour moi la même violence extérieure mêlée de tendresse intérieure. Il y a cette même brieveté du récit, et il y a ces mêmes lieux, impossibles à situer géographiquement, et qui participent de l'universel... un pays sous le joug d'une dictature, une population qui n'a d'autre choix que de prendre un bateau vers l'inconnu, l'arrivée douloureuse et dangereuse, la perspective d'une vie meilleure qui s'amenuise de jour en jour, l'obsession de la survie. Une fable à portée politique.
Editions Le Tripode - 15€ - 7 janvier 2016
Un texte précieux pour Mirontaine - Keisha recommande cette découverte intéressante -