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Où Babelio présente une étude de lectorat sur la romance

Par Samy20002000fr

Dans le cadre de son cycle de conférences sur “les pratiques des lecteurs”, Babelio a présenté le 12 janvier dernier une nouvelle étude sur un type de lecteur bien spécifique, l’amateur de romance. Comment choisit-il ses lectures ? Qui sont ses prescripteurs ? Quelle image véhicule ce genre auprès des lecteurs ?

Pour tenter de répondre à ces questions et décrire ces nouveaux amateurs d’histoire d’amour, Babelio a mené une enquête durant la deuxième quinzaine de décembre auprès de 3 023 personnes au sein de sa base de donnée utilisateurs.

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Trois intervenants étaient présents afin de partager leurs réactions face aux résultats de cette enquête : Isabelle Solal, éditrice chez Hugo & Cie, Karine Lanini, directrice éditoriale chez Harlequin et Karine Bailly de Robien, éditrice chez Charleston. Le débat a été animé par Pierre Fremaux, co-fondateur de Babelio, à la suite de la présentation de l’étude faite par Octavia Tapsanji, responsable des relations éditeurs de Babelio.

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De gauche à droite : Karine Bailly de Robien, Isabelle Solal et Karine Lanini

Littérature sentimentale moderne dont l’intrigue repose sur une relation amoureuse au dénouement souvent heureux, la romance est un genre en pleine expansion. Composée de nombreux sous genres, parmi lesquels la romance paranormale, historique, policière ou encore la chick lit, elle est vaste et c’est pourquoi l’étude de son lectorat représente un enjeu de taille à l’heure où certains ouvrages réalisent des scores de ventes plus élevés que jamais.

Historiquement, c’est la maison Harlequin qui fut la première en 1978 à importer dans l’hexagone ce genre littéraire, jusqu’alors purement anglo-saxon. S’il a quelque peu tardé à acquérir ses lettres de noblesse, le genre est actuellement hautement diversifié. La parution et le succès phénoménal de la saga 50 nuances de Grey a jeté une lumière toute nouvelle sur le genre dont l’édition n’a pas tardé à s’emparer. Possédant désormais ses collections propres dans plusieurs maisons et au coeur de nombreuses questions relatives à son positionnement, nous avons choisi de nous intéresser à ce genre dynamique situé au coeur de la scène littéraire actuelle.

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De façon plus marquée encore que dans nos dernières études, le lectorat de la romance est à une écrasante majorité féminin. Bien que le lectorat Babelio soit déjà hautement féminin (80%), il s’agit là d’un fait bien plus accentué pour ce genre. Femme, le lecteur de romance sur Babelio est également jeune puisque 57% des interrogés ont déclaré avoir moins de 35 ans, ce qui différencie ce genre du polar par exemple. Ce lecteur est également un très grand consommateur de livres puisque 95% des interrogés ont  déclaré lire plus d’un livre par mois. Évidemment, cette spécificité propre à la communauté Babelio peut éventuellement avoir entraîné des biais à notre étude qu’il a justement été intéressant de commenter lors de la discussion avec les éditeurs.

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Comme évoqué en introduction, l’étendue des sous-genres recouverts par la dénomination “romance” est telle que la définition de ce genre reste un exercice difficile pour les lecteurs, comme le montrent les résultats ci-dessus. En tant que “romance”, le sondage montre que des genres tels que le Young Adult (représenté par Twilight dans le sondage) et le roman érotique (représenté par Cinquante nuances de Grey) sont pour la plupart des lecteurs considérés comme de la romance. Si cette dernière est difficile à définir avec précision, les lectrices savent en revanche très bien pourquoi elles en lisent. Les raisons de ces lectures sont clairement identifiées par notre panel de répondants : besoin de rêver, recherche d’un happy end, histoire d’amour… Bref, la romance apparaît comme une lecture plaisir, une lecture “doudou” selon les dires  de Karine Bailly de Robien.

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“Le lecteur de romance lit de tout”

Loin d’être exclusive à la romance ni homogène, la population interrogée se détache des autres lectorat par la diversité de ses lectures. En effet, la romance représente moins de 50% de lectures pour 76% des interrogés. Attention, loin de signifier que le grand lecture que représente le lecteur Babelio, ne lit pas de romance, ce chiffre révèle plutôt que ce lecteur est en revanche susceptible de lire de tout.

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C’est à ce sujet qu’Isabelle Solal, éditrice chez Hugo & Cie, prend la première la parole. Selon elle, cette diversité dans les lectures de l’amateur de romance est loin d’être nouvelle. “Les lectrices de romance sont des personnes qui aiment lire. Si auparavant elles tentaient de cacher ce type de lecture, elles l’assument pleinement aujourd’hui, en partie grâce à des succès comme Cinquante nuances de Grey.” La lectrice de romance pourrait donc très facilement passer d’un genre à un autre, car son intérêt se porterait avant tout sur l’univers ou encore le texte. “Dans l’écriture de la romance, c’est l’installation de l’univers le plus important” rappelle Isabelle Solal. D’ailleurs, puisque la romance comprend de nombreux sous-genres, elle pénètre plus facilement d’autres genres littéraires, ce qui expliquerait la propension élevée des lecteurs à ne pas se borner à un seul genre littéraire.

 

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Si pour elle, comme le montre notre étude, la romance apparaît comme une sorte de pause parmi des lectures plus éclectiques, Karine Lanini, directrice éditoriale chez Harlequin, ne semble pas de cet avis : “La romance appartient à la littérature grand public ; il est par conséquent normal que les lectrices lisent de tout. On ne doit pas pour autant parler de lecture de remplacement.” En revanche elle confirme : “Je ne suis que moyennement surprise par ce chiffre car en effet, la lectrice de romance peut désormais s’assumer et plus encore se regrouper avec d’autres pour partager cette passion, ce qui n’était absolument pas envisageable quelques années auparavant.”

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Malgré leur nombre important, les lecteurs de romance semblent faire la distinction entre les différents sous-genres de la romance. Ce constat apparaît comme une donnée invariable au fil de nos études, ceci pouvant être expliqué par l’extrême appétence de nos utilisateurs pour la lecture. La romance historique, la new romance et la romance paranormale apparaissent comme les sous-genres les plus identifiés par les répondants. Pour Karine Lanini, la segmentation de l’offre est très bien connue des lecteurs qui savent aller chercher ce qui leur convient et justement, la largesse de l’offre permet de pouvoir toucher tout le monde : “Il y a forcément un roman Harlequin pour vous” déclare-t-elle.

Par-delà leur simple identification, quels sont les genres préférés des lecteurs ? Loin de pouvoir répondre directement à cette question, il semblerait que notre panel exprime une préférence pour les romances dites “softs” que pour les romans aux contenus plus érotiques. Déconcertant résultat compte tenu des ventes astronomiques atteintes par la trilogie d’E.L James ces dernières années. Surprises par ce chiffre, les éditrices tentent alors d’y apporter une explication.

 

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“Cinquante nuances de Grey a lancé un pavé érotique dans la marre de la romance”

Pour Isabelle Solal ce résultat  montre une acceptation généralisée de l’érotisme dans la romance. “Je pense que l’érotisme fait partie intégrante de la romance, qu’il fait au contraire partie de l’attrait de ce type de lecture”. Dès lors, puisqu’elle est admise et intrinsèquement liée au genre, il n’est pas nécessaire que les éditeurs appuient sa présence dans un roman. Karine Lanini rajoute “Il y a toujours eu de la sensualité dans nos romans, et c’est moins discriminant aujourd’hui pour cette même raison. Voilà comment j’interprète ce chiffre.” Une intervention d’Aurélie Charron, éditrice chez Bragelonne et présente dans le public, confirme cette analyse : “Les genres totalement dépourvus d’érotisme se vendent d’ailleurs très mal en France, pensons notamment à la romance historique ou la romance inspirationnelle (religieuse). Même si les lectrices demeurent quelque peu discrètes sur le sujet, les romances érotiques se vendent beaucoup.”

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Concernant l’origine de la romance, seulement ⅓ des interrogés considèrent le genre comme anglo-saxon, face à 46% qui n’y associent aucune nationalité particulière. Ce constant permet d’émettre l’hypothèse que l’attachement à la notion d’auteur demeure moindre pour ce genre littéraire et que l’univers est un élément bien plus décisif dans le choix des lectures. Notons tout de même que 3% des lecteurs  associent le genre à des auteurs francophones et nous verrons d’ailleurs plus loin qu’il s’agit là d’une tendance que ces derniers souhaitent voir se développer.

Une nouvelle fois surprises, les éditrices rappellent à juste titre que la romance est très longtemps restée un genre exclusivement anglo-saxon. A ce sujet, Karine Lanini précise que c’est l’entrée des éditions Harlequin dans l’édition numérique avec la collection HQN qui lui a permis d’ouvrir son catalogue aux auteurs de romance français.

 

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Au sujet du lieu d’acquisition des ouvrages de romance, la grande surface culturelle apparaît comme le premier lieu d’achat, passant devant la librairie pour la toute première fois depuis le début de nos études de lectorat. Pour le polar et les littératures de l’imaginaire, la librairie demeurait bien en tête dans le classement. Ce chiffre, bien qu’apparaissant spécifique au monde de la romance n’a pas surpris les éditrices, au courant d’une telle tendance et soulignant bien la particularité de ce constat au genre de la romance.

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“C’est la première fois que la grande surface passe en tête”

Concernant la répartition des achats entre poche et grand format, pas de profil type concernant le lecteur de romance qui se procure à 59% ses ouvrages en poche ; chiffre très proche de celui concernant les littératures de l’imaginaire mais un peu plus élevé que pour le polar. Sans doute de façon corrélée à son lieu d’achat, le lecteur de romance est prêt à mettre un prix moyen de 7.7 euros dans un roman poche, alors qu’il en mettait 8.2 en moyenne pour le polar. Ce chiffre est également intéressant dans le sens où il est identique pour le format numérique. En effet, contrairement à toute attente, les lecteurs semblent enclins à dépenser autant pour du papier que pour un format numérique.

 

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A propos du numérique, 49% des interrogés déclarent avoir déjà lu sur un support numérique, une moyenne se situant entre celle de l’imaginaire et du polar. Toutefois, ce support est minoritaire, malgré la présence d’une population “d’addict” , puisque pour 15% des lecteurs, l’ebook est un support majoritaire à plus 75%.

Karine Bailly de Robien, éditrice chez Charleston dévoile pourtant sa déception au sujet de l’édition numérique : “Nous déplorons chez Charleston l’absence d’explosion du numérique. Nous exploitons cependant la formule du préquelle en téléchargement gratuit sur notre site, ce qui permet d’entraîner le public vers la lecture de l’ouvrage complet à parution.” Ce que l’éditrice ne manque par ailleurs pas de souligner, c’est la théorique propension du genre de la romance à s’adapter à un format numérique “On imagine facilement les lectrices exiger de connaître la suite des aventures de leur héroïne sans attendre et par conséquent beaucoup plus télécharger les ebooks que les lecteurs d’autres genres, pour les avoir à disposition rapidement. La romance demeure à mes yeux assimilable à une lecture pulsion.”

Chez Hugo & Cie, le constat est pourtant autre d’après Isabelle Solal. Dans sa maison, les ventes en numérique représentent près de 18% des ventes globales, ce que l’éditrice considère comme un chiffre important dans le milieu. “Les lectrices de romance se constituent très facilement en communautés sur les réseaux sociaux, elles sont beaucoup plus connectées que d’autres communautés littéraires, voilà pourquoi elles peuvent être tentées plus facilement par la lecture numérique.”

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“Le numérique est définitivement une manière de toucher un nouveau lectorat”

Précurseurs de l’aventure numérique, les éditions Harlequin ont décidé il y a quelques années de faire le pari du numérique, notamment en créant la collection HQN. Karine Lanini confie à ce sujet être actuellement très contente du résultat obtenu par cette gageure face à l’avenir  : “Le numérique représente aujourd’hui plus de 20% de notre chiffre d’affaire. Notre premier ebook est paru en 2008 et aujourd’hui, la totalité de notre catalogue est disponible en version numérique. En mettant à disposition l’intégralité de notre offre en numérique, nous avons pu constater que les ventes papier ne baissaient absolument pas. Le numérique nous a donc apparu comme une manière efficace pour toucher un nouveau lectorat.” Selon l’éditrice, le support n’est pas la principale préoccupation des lecteurs de romance, plutôt attachés selon elle à la disponibilité de la suite de l’histoire, comme Karine Bailly de Robien le soulignait précédemment. D’autres arguments en faveur du numérique sont également abordés lors de la discussion entre les éditrices : le gain de place par rapport au papier pour les grands lecteurs et surtout la disponibilité sur le long terme du catalogue, ce qui n’est absolument pas possible lorsqu’il s’agit du papier. “Le numérique permet d’accéder à une offre absolument gigantesque” souligne un nouvelle fois Karine Lanini.

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Le web est fortement représenté lorsqu’il s’agit pour les lecteurs de désigner les supports de découverte des ouvrages de romance qu’ils se procurent. En comparaison aux autres études menées par le passé sur Babelio, le web ne représentait que 18% des premiers choix pour le polar et 23% pour l’imaginaire. Comme expliqué un peu plus tôt, si l’on considère les lectrices de romance comme une population hyper connectée, il devient facile d’expliquer la part importante du numérique dans les supports de découvertes utilisés. Cette fois, les éditrices nous ont confié être confortées dans leurs impressions concernant cette question de la prescription.

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Les critères d’achat les plus mentionnés lors de notre étude concernent le thème du roman ainsi que le résumé et l’univers du récit. L’auteur, comme mentionné précédemment, n’apparaît que plus loin dans les résultats. Contre toute attente, l’étude montre également que la maison et la collection des ouvrages n’entrent que très peu en compte lors du choix de lecture des interrogés. En effet,19% seulement des interrogés se disent attachés aux maisons d’éditions contre 30% pour l’imaginaire et 32% pour les lecteurs de polar. Ce chiffre, somme toute surprenant, n’a pas manqué d’engendrer un débat animé entre les éditrices.

Confortant notre étude, Karine Bailly de Robien explique que chaque livre possédant sa logique propre, il est normal que la maison d’origine du récit n’importe que peu les lecteurs : “La littérature reste une sorte d’artisanat et chaque livre se lit à un moment donné dans une humeur précise. C’est pour cette raison d’ailleurs que les romans Charleston ne possèdent pas de charte de couverture.”

Présentes dans le quatuor de tête des maisons les plus identifiées, Harlequin (4e position) et Hugo & Cie (3e position), derrière Milady et J’ai Lu ont de leur côté souhaité exprimer leur désarroi face à ce chiffre : Isabelle Solal explique “Je suis étonnée par le résultat car nous sommes assez bien identifiés auprès de nos lecteurs et je pense que les lectrices suivent les nouveautés au sein de notre catalogue, notre marque servant de garantie de qualité.”

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Karine Lanini poursuit : “Je pense que les lectrices ont au contraire un réel attachement envers notre marque. L’identité d’un éditeur est également notre garantie et plus encore, c’est par l’intermédiaire de la “marque” que de nouveaux lecteurs arrivent chez nous, car elle est historique et très bien identifiée dans le genre de la romance.” Elle rajoute “Et si les lecteurs ne sont pas attachés aux maisons, ils le sont au moins aux séries qu’ils entament.” Sur ce sujet, les avis resteront tranchés.

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Un autre chiffre a suscité l’étonnement chez les éditrices : l’attente marquée des interrogés pour un renouvellement du genre. Comme nous l’avons dit précédemment, la baisse de la part de l’érotisme dans les romans est encore une fois soulignée ici, ainsi que l’augmentation de la part de romans francophone dans les parutions. Reconnaître cette envie de renouvellement est une chose mais y remédier en est une autre. C’est sur ce point que les éditrices invitées ont échangé par la suite. Isabelle Solal a exposé sa théorie selon laquelle la romance est en plein renouveau car elle explore depuis peu de nouveaux univers, comme la boxe ou le football. Plus encore, la romance est selon elle de plus en plus ancrée dans nos sociétés modernes, ce qui lui permet de proposer de nouvelles choses à son public.

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“Les thèmes exploités par la romance sont les mêmes depuis l’existence du genre”

De son côté, la représentante des éditions Charleston complète : “Les lectrices évoluent et souhaitent désormais trouver dans les romans des héroïnes pleines d’ambivalence dans leur féminité, incarnant leur réflexion personnelle sur la place des femmes dans la société” ce qui selon elle, n’était pas le cas auparavant. La modernité de la romance résiderait donc dans les destins des héroïnes, moins dociles que par le passé.

“Ces thèmes existent depuis toujours dans la romance” rétorque Karine Lanini, loin de partager l’avis de ses deux partenaires. “Et c’est justement parce que ces romans font réfléchir sur la place de la femme dans la société qui l’entoure que les hommes ne s’y intéressent pas. Si les femmes aiment la romance c’est parce qu’elles peuvent s’y reconnaître.” Pour la directrice éditoriale des éditions Harlequin, si la romance connaît un renouvellement, ce dernier passe davantage par la taille des textes : “Nous sommes passés d’un format relativement court avec des schémas plus ou moins identiques dans la construction du récit mais le succès de Cinquante nuances de Grey nous a montré que des histoires plus longues avec des personnages plus fouillés pouvaient trouver leur place sur le marché. Nous avions du mal à y croire avant de voir le phénomène se réaliser.”

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“C’est par l’ampleur des textes que la romance a acquis ses lettres de noblesse”

Le débat est suivi par une intervention d’ Isabelle Varange, éditrice aux éditions Milady  pour qui la new romance serait avant tout marquée par la multiplication des points de vue, permettant d’apporter une dimension légèrement moins féminine aux récits, loin de déplaire à l’ensemble du lectorat.

Isabelle Solal argue à ce propos que l’ajout de la voix de l’homme dans la trame narrative de la romance est effectivement un élément très contemporain qui marche une scission entre la romance d’antan et la new romance.

Karine Lanini explique : “L’alternance des points de vue n’est pas nouvelle, elle existait bien avant aujourd’hui. Cependant, c’est le renversement des rapports entre les personnages qui change la donne. C’est parce que le point de vue masculin a changé qu’il est désormais possible de le divulguer dans un récit sans casser l’intrigue et permettre le tant coutumier twist final des récits de romance.” En résumé, le rapport de domination entre l’homme et la femme s’étant réduit avec les années, les personnages n’en sont devenus que plus complémentaires les uns avec les autres, permettant la mise en place de romans chorale. Aurélie Charron de rajouter : “ Tout comme le présent de l’indicatif et l’utilisation de la première personne du singulier dans les récits, fournissant au lecteur une position supérieure vis à vis du déroulé de l’histoire.”

 

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“La solution d’enrichissement adéquate n’a pas encore été identifiée”

La question des innovations technologiques a également posé question aux éditrices présentes lors de la conférence, toutes trois relativement d’accord sur le fait que cette direction n’était pas leur priorité. Isabelle Solal exprime d’ailleurs son étonnement face à ce manque de projets car selon elle, la romance est le genre idéal pour expérimenter des méthodes d’enrichissement : “ Les lectrices se manifestent d’ailleurs beaucoup sur les communautés et s’adressent aux éditeurs beaucoup plus de pour les autres genres littéraires. C’est donc un bon vivier d’expérimentation digital.” Elle rajoute par ailleurs que de leur côté, les auteurs de romance sont également très attachés à leur fan system et pourraient en théorie être prêts à leur laisser davantage la parole dans le processus de création des ouvrages.

Karine Lanini exprime de son côté davantage de réticences face à ce type de procédés : “A mon avis, la solution d’enrichissement adéquate n’a pas encore été trouvée. Nous nous sommes souvent posé la question chez Harlequin mais nous concluons systématiquement que cela n’apporte pas grand chose en termes d’expérience de lecture.” D’ailleurs, il ne faut selon elle pas se focaliser sur la segmentation de la publication des récits en chapitres comme peuvent le faire certains réseaux américains, pour la simple et bonne raison qu’il ne s’agit pas d’une nouveauté : “Ce principe de publication par morceaux existait déjà au XIXe siècle ! Il s’agissait des romans-feuilletons qui paraissaient dans les journaux et ces derniers ont été progressivement remplacés par les romans complets comme nous les connaissons aujourd’hui. Bref, nous n’avons pas encore trouvé la bonne formule.”

C’est sur ce rappel historique que la conférence s’est achevée, laissant alors la place à un buffet offert à tous les participants, où les discussions ont continué de bon train.

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Merci à nos trois invitées

Retrouvez notre étude complète sur les lecteurs de romance.


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