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Le retournement du désir

Publié le 16 janvier 2016 par Anargala
Afficher l'image d'origineUne vie sans connaissance de soi vaut-elle la peine d'être vécue ?Et, de même, à quoi bon une vie de désir sans retournement du désir ?Je veux dire, la fin de la connaissance est la connaissance de la connaissance, la connaissance de ce qui connaît tout le reste, et que j'appelle "conscience" ou Lumière consciente. La conscience se néglige, s'oublie, s'ignore, ne se connaît elle-même qu'à travers les choses qu'elle connait, et jamais directement elle-même. D'où une grande souffrance d'un genre particulier. Mais nous ne sommes pas que connaissance. Nous sommes aussi désir. Or, nous désirons les choses et nous nous égarons dans ces désirs multipliés, sans nous désirer nous-mêmes. Il y a bien des narcissiques. Mais eux ne désirent que des images d'eux-mêmes. Ce n'est donc pas eux-mêmes qu'ils aiment, mais leur reflet. A quoi bon cette chaîne, cet enchaînement de désirs, l'un menant à l'autre, sans fin ? La fin du désir n'est pas dans l'obtention de la chose désirée, mais dans le retournement du désir vers sa source, comme un saumon. Car en son jaillissement, le désir ne fait qu'un avec son objet, de même que la perception, en son premier instant, ne fait qu'un avec l'objet perçu. Et, au fond, connaissance et désir ne font qu'un, il n'y a pas de perception qui ne soit habitée par un élan, ni de désir qui ne soit aussi conscience. Au premier instant, tout désir est désir de soi, toute connaissance est connaissance de soi. Et, en vérité, ce qui se révèle ainsi à nu au premier instant, ne disparaît jamais, mais se trouve seulement comme recouvert par des choses, et provisoirement. Le désir de soi devient désir d'une carotte (par exemple). La conscience de soi devient conscience de la carotte (par exemple). Ainsi, chaque désir, chaque perception est l'occasion d'une révolution radicale de tout l'être et de se reposer en la fin à laquelle nous aspirons vraiment. Ce n'est que par précipitation et ignorance que nous passons outre, pour nous perdre tout entiers dans les choses. Au lieu que, si nous nous offrons à la révolution intérieure, à la conversion du désir-regard, nous serons comblés avant même d'être satisfaits - ou non. Ainsi, au lieu d'être un manque, le désir sera débordement de plénitude. Notre existence deviendra ainsi de plus plus conforme à notre essence, la pratique rejoindra la théorie. 

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