Titre original : Labyrinth
Note:
Origines : États-Unis/Royaume-Uni
Réalisateur : Jim Henson
Distribution : David Bowie, Jennifer Connelly, Shelley Thompson, Christopher Malcolm, Toby Froud…
Genre : Heroïc-Fantasy/Fantastique
Date de sortie : 3 décembre 1986
Le Pitch :
Sarah, une jeune fille, est passionnée par un livre de fantasy intitulé Labyrinthe. Un soir où elle contrainte de garder son demi-frère, elle lui raconte une histoire. Agacée par ses pleurs qui ne semblent s’arrêter, elle récite une formule qui convoque Jareth, le roi des gobelins (ou kobolts dans la version française). Ce dernier prend le bébé dans son château. Pour le récupérer, Sarah devra traverser un labyrinthe qui mène à ce château. Mais ce ne sera pas si facile qu’elle le pense…
La Critique :
Dans les années 80, David Bowie est à nouveau au top de sa célébrité, grâce aux succès énormes de tubes comme Ashes to Ashes, Let’s Dance, ou China Girl. Cinégénique et campant à merveille des personnages variés, il est très sollicité par le cinéma, où son excentricité et son charisme sont très appréciés. Mais, alors qu’il aurait pu camper un méchant dans Dangereusement Vôtre, il refuse ce rôle d’une franchise grand public et préfère tourner pour des projets plus personnels, plus risqués, de cinéastes transgressifs ou complètement décalés. C’est ce qu’il a fait pour L’Homme Qui Venait d’Ailleurs, Moi Christiane F, Les Prédateurs (où il joue pour un débutant dans le cinéma, venu de la pub), Furyo du très controversé Ōshima ou le bien barré Absolute Beginners. Labyrinthe s’inscrit dans cette logique.
Première contribution de Bowie à un film pour enfants (il récidivera dans…Bob l’Éponge en 2008), Labyrinthe est réalisé par Jim Henson. Si Henson n’a pas eu une carrière de réalisateur prolifique (Labyrinthe est son quatrième et dernier film), en revanche, c’est un personnage important de la télévision, véritable magicien du petit écran. Marionnettiste, il est à l’origine des shows cultes Sam and Friends, Muppets Show,1, Rue Sésame, Fraggle Rock, ou encore Dinosaures. Il a également créé le Jim Henson’s Creature Shop, atelier de fabrication de marionnettes et de créatures en animatronique pour le cinéma et la télé, excusez du peu. Comme pour son précédent film, Dark Crystal, co-réalisé avec son comparse marionnettiste et cinéaste Frank Oz, les créatures de Labyrinthe sont inspirées par l’illustrateur Brian Froud (également à la direction artistique et aux costumes sur ce film) et portent vraiment la patte de Henson. On croise une sorte de fox-terrier qui chevauche un berger des Pyrénées, des gobelins, des fées pas si gentilles, un monstre cornu gentil ou encore des murs qui parlent.
Comme dans les films de heroïc-fantasy classiques, il s’agit d’un parcours initiatique où un héros pourtant pas taillé pour l’aventure, va devoir affronter des dangers dans un univers magique afin de mener à bien une quête. Ici, c’est une adolescente qui a fait expédier, sans le vouloir vraiment, son jeune demi-frère dans un château tenu par un roi maléfique et facétieux. L’héroïne est campée par une Jennifer Connelly adolescente, fraîche et candide. Face à elle, David Bowie, excentrique, se parodie et régale. Ses tours de chant, avec sa coiffure pour le moins originale et son collant moulant, sont très drôles et chacune de ses répliques font mouche. Cet univers si particulier donne également beaucoup de charme à l’entreprise, tout comme les effets-spéciaux artisanaux et les décors en carton-pâte qui maintenant, à l’ère du tout numérique, peuvent paraître désuets mais qui agissent comme une madeleine de Proust dès lors qu’on garde une certaine capacité à s’émerveiller. Labyrinthe est taillé pour les enfants. C’est le genre de films qu’on peut leur montrer et qui ravira les nostalgiques. Le doublage en français, avec notamment Roger Carel, contribue également au charme vintage, tout comme les chansons, musicalement très en phase avec l’époque.
Produit, entre autres, par Georges Lucas, ce qui lui a permis d’avoir un budget très correct pour l’époque, porté par un duo excellent (Bowie dans un de ses rôles phares, Jennifer Connelly prometteuse) et surtout par l’univers graphique de Henson, Labyrinthe rappelle une époque où l’artisanat au cinéma faisait rêver. Avec Dark Crystal, L’Histoire Sans Fin, Conan, Princess Bride, Legend, et Willow (sommet du genre), Labyrinthe (certes le plus modeste du lot) fait partie des pionniers du genre au cinéma. Si l’heroïc-fantasy est passée à un tout autre palier avec les deux sagas de Tolkien adaptées par Peter Jackson, le genre n’aurait sans doute pas eu la même notoriété sans cette vague de films cultes précurseurs.
@ Nicolas Cambon