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« Chéri(e), je pars faire une course », de Gérard Ejnès

Par Lacritiquante

9782916400938_w250J’aime assez la course – enfin, la course pour les petites jambes, le jogging quoi – même si je ne pratique pas assez (mais alors vraiment pas assez). Je répète souvent qu’on trouve toujours des excuses pour ne pas écrire, mais je pense aussi que c’est un peu vrai pour se mettre sérieusement à un sport d’endurance comme le footing. Même si on ne vise pas le marathon, on n’a jamais les bonnes chaussettes, ou le temps est un peu trop gris, quand ce ne sont pas les « je ne trouve pas le temps » et les « je n’aime pas courir seul » qui prennent le relais. Heureusement, il y a des méthodes pour se booster et l’une d’entre elles qui fonctionne assez bien pour moi, c’est lire des ouvrages punchy sur la course. J’avais déjà testé cela avec Murakami (et je m’étais remise sérieusement à courir). Et aujourd’hui, j’essaie de remettre le couvert avec « Chéri(e), je pars faire une course », dictionnaire absurde du footing et du marathon de Gérard Ejnès.

Ce petit ouvrage, dont la conception est très réussie, vous fera parcourir l’univers de la course d’endurance en des termes bien choisies. Sourire, jeux de mots à chaque page, le livre se lit en un tour de main, puisqu’on dévore le dictionnaire tout en une fois tellement on se prend au jeu. Si vous ne connaissez pas du tout l’univers de la course, ce sera une petite découverte drôle, et si vous êtes vous-même coureur, je ne doute pas que vous vous reconnaîtrez dans ces quelques pages. Mais ce qui a joué le plus dans mon appréciation de ce livre, c’est le ton sans cesse décalé et les jeux de mots perpétuels. Tout vaut le coup d’être lu que ce soit la prononciation du mot, ses synonymes, sa définition et son exemple d’illustration. Une citation vaut mieux que mille mots :

Résistance [raie-zisse-tensse] n.c.f.

Si en course à pied l’endurance permet de durer, la résistance permet de sister (rien à voir avec sa propre sœur), vieux verbe moyenâgeux qui signifie peu ou prou « crever la gueule ouverte à la recherche d’oxygène ».

Syn. : souffrance, tragique occupation, sabotage.

Ex. : Eric avait programmé une petite séance pépère d’endurance sur son parcours secret, dans cette sombre forêt où, pour son plus grand bonheur, il ne croisait jamais personne. Il trottinait joyeusement quand, à sa grande stupeur, il se fit doubler par un bel éphèbe blond qui n’amusait pas la galerie et fonçait vers on ne sait quelle destinée. Si Eric avait prévu de faire quatre tours, son sang n’en fit qu’un. L’heure était à la rébellion. On ne pouvait pas tout laisser faire. Il décida illico presto d’entrer en résistance et de faire la peau à cette espèce de nazi qui avait envahi son territoire à toute allure.

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Bon, il est vrai que parfois l’humour est un peu lourd et bancal mais de façon général, je me suis beaucoup amusé à lire chaque définition et ce dictionnaire loufoque m’a refait penser à l’esprit de la course : à la fois compétition, douleur qu’on aime parce qu’elle nous fait du bien, et défi qu’on se lance à soi-même. Idéal pour se remettre en jambe ou pour se motiver la veille d’un marathon, car même les difficultés de ce sport sont traitées ici avec humour, et ça fait du bien. Une lecture légère et rapide que je vous conseille !

Gérard Ejnès, « Chéri(e), je pars faire une course », aux éditions Prolongations, 12€.



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