Titre : Nation
Auteur : Terry Pratchett
Plaisir de lecture : Livre à regrets
Ce soir sera à la fête : Mau quitte l’île des Garçons pour revenir en tant qu’homme à Nation. Malheureusement, un raz-de-marée s’abat sur sa communauté et il ne déplore aucun survivant. Alors qu’il doit partager le silence de sa terre avec les perroquets Grands-Pères, il rencontre une fille homme-culotte. Il n’a pas le choix, il va devoir bâtir une nouvelle Nation malgré les ennuis qui pointent le bout de leur nez.
Ce roman est indépendant, loin du cycle célèbre des Annales du Disque-Monde. L’univers alternatif se base tout de même après la guerre de Crimée, aux alentours de 1860. Terry Pratchett emploie un morceau de l’histoire : la famille royale d’Angleterre est décimée par la grippe. Un navire est envoyé pour récupérer l’héritier de la Couronne et sa fille de 13 ans qui était en route pour le rejoindre.Nous sommes sur une île pseudo-polynésienne, se situant dans un archipel très peuplé entre l’équateur et le tropique du Capricorne. Les îlots sont tellement nombreux que les explorateurs utilisent le calendrier pour les nommer.
À cause de la Vague, Mau se retrouve dans un monde vide de tout être humain. Après son initiation pour devenir un homme, la tradition chamane veut qu’il soit tatoué du symbole représentant l’île. Sans ce dernier, il n’est… rien. Sans âme, peut-être même au service du diable. L’histoire se concentre sur la définition d‘âme, se questionne à propos de religion, d’emprise du diable. Elle versera parfois dans le conte philosophique.
Ce roman tiré de la littérature jeunesse propose plusieurs niveaux de lecture. Le ton est sérieux, le sujet grave. Le récit renferme quelques facéties pratchettiennes comme les notes de bas de page instructives et quelques rebondissements comiques. J’ai noté quelques facilités : des arrivées sur l’île qui tombent à pic, le navire échoué Sweet Judy qui regorge de quelques outils bien pratiques, une personne qu’il faut considérer comme méchante et rien d’autre et une nouvelle langue maitrisée très vite.Le livre n’a pas fonctionné avec moi car j’ai trouvé les personnages très caricaturaux, et je ne suis pas sûre de me souvenir d’eux d’ici quelques mois. La mythologie de Nation n’est pas assez exploitée : la présence des Grands-Pères, ses règles et ses légendes. Si la narration bien que non linéaire est assez claire, j’ai flotté dans l’intrigue.
Le roman reste plein de bons sentiments et sert une version humaniste de la rencontre de deux civilisations. Peut-être j’avais des attentes bien plus fortes qu’il n’aurait fallu, de ce livre qui avait tant plu à d’autres lecteurs. Sans doute que ceux qui n’accrochent pas à l’humour du Disque-Monde seront séduits par celui-ci.
Bien que j’apprécie le travail d’Amandine Labarre, je n’ai pas accroché à l’illustration de la couverture. La traduction, très fluide, est de Patrick Couton.
« Nation » de Terry Pratchett raconte la rencontre utopique de deux mondes. Apprendre à se connaitre, se reconstruire et écrire une nouvelle histoire sans l’auréoler d’espoirs irréalistes n’est pas chose facile pour Mau et la fille homme-culotte. L’écriture est soignée et propose une immersion sérieuse dans des thématiques qui le sont tout autant. Pour moi, il manquait un peu de peps pour cette histoire si équilibrée et belle ; mais il saura sans doute aucun, charmer les fans de Pratchett qui s’essaie à un autre style.
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Souvenir de lecture : Le processus de fabrication de bière.
Nevertwhere aurait adoré pouvoir aller à Nation fabriquer de la bière.
Illustrations : #01 Couverture VO ; #02 The Moon was different par Hushabyhollo ; #03 Into the dark water par Teq-Uila.
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