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Romans policiers 2016: il y en a aussi pour février...

Par Filou49 @blog_bazart
01 février 2016

 On avait commencé le mois de janvier 2016 avec une revue de trois polars, on commence le mois de février en faisant de même. Voici trois romans policiers  de 2016 sélectionnés par nos soins par trois auteurs, deux britanniques et un grançais, qui vous feront très certainement arracher quelques frissons ou  faire patienter pendant vos éventuelles prochaines nuits d'insomnie :  

1. L'ombre du passé, Tom Volwer ( JC Lattès)

ombre du passé

 "Quand les choses vont mal, vous vous en remettez  à toutes les influences extérieures  auxquelles vous pouvez penser. Votre responsabilité : absolue à certains instants, inexistantes à d'autres"..

 Comment réagiriez-vous si un prisonnier s’échappait d’une prison et se baladait près de chez vous ? Que feriez-vous si l’on vous agressait et que tout le monde en doutait ? Est - il possible de se reconstruire après un viol? Voilà toutes les questions que posent le tout premier roman ( polocier) du noveliste Tom Vowler ,  "L’ombre du passé".

Anna, artiste à succès, bien mariée, et deux enfants aux compteurs, pourrait mener une vie heureuse dans sa jolie ferme du Devon , malgré quelques tensions inévitables au sein de son couple ainsi que le comportement un peu difficile de son fils adolescent.

Sauf qu'Anna, à l'époque où elle était une jeune professeur idéaliste, fut un jour violée par un de ses étudiants, qu'elle voulait faire progresser.

Bien des années après cet évènement tragique, son violeur ressurgit dans sa vie, mettant en danger son bel mais fragile équilibre qu'elle s'était construit. Comment Anna, si dévouée à sa famille, pourra se sauver des griffes de ce dangereux prédateur?

Ce thriller, dont les grosses ficelles sont parfois un peu voyantes nous fait néanmoins plonger avec une habileté certaine sur les traces de cette tentative presque désespérée... On ne pourra qu'entrer en empathie avec Anna, personnage attachant et parfois ambigu,  aux peurs et questionnements bien légitimes de ce page turner prévisible mais cependant efficace.

2.Les salauds devront payer; Emmanuel Grand ( Liana Lévi)

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«  Le coup qu’ils tentaient avec Pauline était sans doute la plus grosse connerie qu’il avait imaginée depuis des années, mais il avait cette fille dans la peau et il n’arrivait pas à se raisonner. S’ils réussissaient, et bon Dieu, il n’y avait aucune raison que ça ne marche pas… Ils avaient tout organisé. Tout préparé. Pendant des semaines. Si ça marchait…Ils étaient à deux doigts de changer de vie. Pour de bon. »

Wollaing, petite ville du Nord minée par le chômage. Pauline la fille du ferrailleur n’a qu’une envie, c’est de fuir. Fuir la grisaille qui est son seul avenir. Ce n’est pas avec un quart de temps chez l’épicier du coin que l’on fait des projets. Pourtant Pauline est une fille volontaire, elle s’est sortie d’une adolescence dévastée par la drogue et l’alcool. Partir avec son amoureux, à n’importe que prix. Dommage pour toi, Pauline, ton rêve aura été de courte durée. La veille du grand départ son corps git dans un sordide terrain vague en bordure de la ville. L’assassinat de la jeune fille ouvre la boite de Pandore de l’Histoire, et Dieu sait si l’Histoire est riche dans celle petite ville.

 Un titre qui fleure bon les années 50 pour un polar d’aujourd’hui à l’architecture complexe. Emmanuel Grand sème les pièces d’un puzzle tragique et le lecteur au fil des pages recompose des vies et l’Histoire de France de l’après –guerre jusqu’à ce début du XXIe siècle. Les guerres coloniales d’Indochine et d’Algérie, les luttes syndicales contre la désindustrialisation des années 70 servent de terreau toxine à ce polar réaliste qui parle du réel d’une France périphérique meurtrie.

Radioscopie d’une petite ville et d’une région, Emmanuel Grand retrouve l’inspiration des grands polars sociaux. Emotion et savoir-faire font toujours bon ménage en littérature.

Après la petite ile bretonne de « Terminus Belz », l’écrivain, complètement en phase avec son époque, nous livre une photographie géopolitique et sociétale d’un monde à l’abandon.

Michel D

3. Celle qui en savait trop ; Linwood Barclay ( Belfond)

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«  L’avant de la voiture plongea. L’eau s’engouffra. Recouvrit ses genoux. Puis monta jusqu’à sa taille. Le pare-brise devint noir. En quelques secondes, l’eau lui arriva au cou. La douleur intense, là où le couteau l’avait transpercée à deux reprises, s’estompa. Son corps s’engourdit peu à peu. Tout devint très noir, et très froid, puis d’une étrange façon, très calme. »

Keisha est une battante, une débrouillarde. Ce n’est pas parce qu’elle a eu  une enfance de merde que sa vie doit stagner. Son fils Mattew, 9 ans, mérite une belle vie. Alors Keisha a délaissé son job de femme de ménage pour celui, plus lucratif et tellement plus excitant d’arnaqueuse à la boule de cristal. Incroyable ce que certaines personnes sont prêtes à avaler pour un peu de réconfort. Mais parfois il suffit d’un grain de sable, d’une arnaque plus foireuse que les autres, pour que la vie prenne un autre tournant. Keisha est une battante et il y a beaucoup de choses qu’elle ne voit pas dans sa boule de cristal, alors elle s’adapte.

Ce n’est pas un polar, ce n’est pas un thriller mais plutôt un genre très peu identifié. Unité de temps, unité de lieu, unité d’action, des personnages classiques autour d’un meurtre, nous sommes dans du boulevard hard et drôle, du Feydeau trash. Les portes claquent, ça cavalcade et les protagonistes par leurs maladresses s’enfoncent un peu plus dans des situations inextricables.

Oups ! Je lui ai enfoncé une aiguille à tricoté dans l’œil. Oups ! La poubelle pleine de preuves sanglantes passe de mains en mains et se retrouve devant la flic de service. Oups ! Une jante alu dernier modèle fracasse un crane. Du White trash déjanté qui raconte l’Amérique profonde de la débrouille, de la poisse et des lendemains qui déchantent.

Ce n’est pas un grand Linwood Barclay mais l’intrigue, bien menée, est drôle et finalement très amorale. La fin justifie l’américain moyen.


Michel D


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