Un bien beau film que ce biopic sur le premier artiste noir de la scène française, de facture très classique mais interprété par un duo d'acteurs exceptionnel. Un idéal de divertissement populaire, instructif, nécessaire, et pour tout public. On lui souhaite un joli succès.
En transposant au cinéma l'histoire vraie de Rafaël Padilla, premier artiste noir de la scène française, Roschy Zem confirme qu'il est plus qu'un excellent acteur, mais bel et bien un réalisateur sur lequel il faut compter. Pour son quatrième long-métrage, il choisit ainsi de nous faire redécouvrir ce personnage ô combien important dans l'Histoire " récente " de notre pays, et pourtant paradoxalement injustement oublié de tous.
s'apparente donc à une œuvre presque nécessaire, ou qu'il faut du moins montrer au plus large public possible. En en faisant un divertissement populaire accessible et instructif, Roschdy Zem sait parfaitement qu'il ne pourra pas aborder le récit dans toute sa complexité ni peindre le portrait de ses deux personnages principaux sans rester évasif sur certains aspects de leur caractère. Un choix que l'on comprend aisément, et qui n'empêche pas le long-métrage de toujours trouver le ton juste, surtout lorsqu'il élabore un parallèle discret mais profondément justifié avec le monde contemporain. De facture académique, très honnête dans sa démarche même si peu risqué, le film trouve sa force dans les liens qu'il tisse entre deux époques, nous renvoyant en pleine figure que le racisme et les discriminations, quelles que soient leurs manifestations, n'ont bien entendu jamais été annihilés. Chocolat Chocolat interpelle, et c'est déjà ça de gagné.
Drôle, émouvant, touchant, révoltant, le film fait preuve d'une très grande subtilité lorsqu'aux détours de quelques scènes relativement prévisibles la caméra s'attarde sur un regard ou un geste qui en disent plus long que tout le reste. La relation entre Chocolat et Footit - lui-même contraint de se protéger des autres en raison de son homosexualité - est particulièrement bien retranscrite, toute en finesse et en non-dits, les deux hommes partageant la même passion pour l'art, la même ambition et la même crainte de ne pas s'intégrer dans cette société encore engoncée dans ses idées rétrogrades et d'une incroyable ignorance. Omar Sy apparaît comme une évidence, dans ce qui est jusqu'à présent son plus beau rôle. L'acteur y est encore une fois prodigieux, gagnant à chaque film une assurance lui donnant toujours plus de charisme. L'on ne niera pas la symbolique de le voir endosser un tel costume, et il n'est pas difficile de trouver un certain écho dans le parcours des deux hommes. A ce titre, la scène dans laquelle Rafaël Padilla interprète Othello est troublante, donnant à Omar l'occasion de montrer aux spectateurs toute l'étendue de son talent en s'affranchissant de cette étiquette de comique qui le définit depuis ses débuts. Il ne faut surtout pas oublier la prestation de James Thierrée, qui livre non seulement une performance physique époustouflante (des numéros de mime et de cirque qui ne sont pas sans rappeler la gestuelle de son illustre grand-père Charlie Chaplin), mais aussi et surtout d'une retenue absolument exemplaire dans ses scènes intimistes.
Quelques réserves sur ce qui apparait être lié à un manque de moyens (notamment en
termes de qualité technique), mais la direction artistique est plutôt convaincante.Chocolat reste très classique et didactique, et c'est pour cela qu'il devrait satisfaire tout le monde. On souhaite un joli succès à ce très bon film.
Chocolat
Du cirque au théâtre, de l'anonymat à la gloire, l'incroyable destin du clown Chocolat, premier artiste noir de la scène française. Le duo inédit qu'il forme avec Footit, va rencontrer un immense succès populaire dans le Paris de la Belle époque avant que la célébrité, l'argent facile, le jeu et les discriminations n'usent leur amitié et la carrière de Chocolat. Le film retrace l'histoire de cet artiste hors du commun.