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Prolongation de l'Etat d'urgence et d'un régime d'exception

Par Sergeuleski

   Si la mise en place de l’état d’urgence suite aux tueries du 13 novembre 2015 a pu être saluée par tous les « représentants » de la Nation, deux mois et demi plus tard, l’ambiance est tout autre, d’autant plus que le gouvernement Valls a sollicité une prolongation de trois mois de cet Etat d’urgence ; du côté de la l'Elysée, Hollande adepte d’une surenchère aux arrières pensées électoralistes évidentes, souhaite inscrire dans la constitution française cet état d’urgence qui a donné à la police des pouvoirs accrus : perquisitions, assignations à résidence, détention, garde à vue… sans l’intervention d’un juge car cet Etat d’urgence expulse de facto le judiciaire.

Or, rappelons ici que ça ne peut pas être, que ce n’est pas à la police ni à un gouvernement quel qu’il soit, de décider du maintien ou non de cet état à la fois d’urgence et d’exception.

   Aujourd’hui, de nombreuses voix se font entendre pour s’opposer à son renouvellement : parlement, sénat, médias et la rue.

rfi, état d'urgence prolongation

 

 http://sergeuleski.blogs.nouvelobs.com/media/01/01/2721998110.mp3
  

   Dans ce débat sur RFI (se reporter au podcast ci-dessus), un seul intervenant peut se targuer d’être indépendant : Pierre Tartakowsky, président d’honneur de la Ligue des droits de l’homme.

Le second intervenant présente une situation évidence de conflit d’intérêt : en effet, Louis Caprioli est disqualifié en tant que conseiller d’une société privée de sécurité ; société susceptible à tout moment de se positionner sur des marchés publics liés à la menace sécuritaire ; menace que le secteur privé a tout intérêt à entretenir par ses analyses et ses interventions dans des médias d’une complaisance inouïe.

Il est vrai que … tout comme en politique, la peur qui n’évite surtout pas le danger, est aussi et surtout pourvoyeuse d’affaires juteuses et de résultats électoraux aussi flatteurs que prometteurs.

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   Clairement, l’état d’urgence doit être suspendu pour les raisons suivantes :

1 – Le bilan de ces deux derniers mois n’est pas bon : des centaines de perquisitions et seulement 4 demandes d’enquêtes préliminaires pour terrorisme et une seule mise en examen.

2 – Le décalage entre les forces mobilisées et les résultats obtenus est d’un embarras humiliant pour tout le monde.

3 – Echec des prévisions et de la coordination de tous les services impliqués dans cette lutte.

4 – La défaillance depuis près de 20 ans des systèmes de sécurité qui ont tout misé sur les technologies et la désertion du terrain pour des raisons budgétaires et non d’efficacité, ne peut plus être ignorée même si les effets de manche de Valls et de son ministre de l’intérieur n’ont qu’un but : nous faire oublier le manque de moyens financiers pour mener à bien la lutte contre des actes meurtriers en bande organisée à caractère politique qui prennent pour cible une population civile.

   Pierre Tartakowsky nous rappelle que l’état d’urgence nous prive des moyens de débattre ; le projet catastrophique et infâme de déchéance de la nationalité ( en revanche très porteur sur le plan électoral) nous affaiblit, nous divise et empêche un débat éclairé.

Aussi, la loi du talion qui semble vouloir s'imposer à nous - loi qui nous est culturellement étrangère -, ne passera pas ! Car, n’en déplaise aux imbéciles et aux va-t-en-guerre, on ne cessera jamais d’interroger les causes tout en protégeant l’Europe d’influences extérieures (principalement anglo-saxonnes : ancien testament et cynisme géo-politique), de marchands de mort qui menacent notre sécurité ; une tradition qui a pour socle les Grecs, les évangiles et les Lumières doit prévaloir ; se départir de cette tradition-là, c'est nous mettre en danger ad vitam aeternam.

   Gardons à l'esprit ceci : il n’y aura pas de paix ni de sécurité pour aucun d'entre nous sans justice et sans le courage d’une indépendance de jugement et d’action de la France et de l'Europe. Or, il y a fort à parier que cette insécurité permanente déjà bien présente quotidiennement dans la vie de millions d'individus - insécurité sociale : travail, logement, précarité, pauvreté et misère -, ne soit pas fait pour déplaire à tous ceux qui souhaitent nous maintenir tous sur le qui-vive dans le but de nous fragiliser, de nous isoler et de nous diviser davantage encore et ainsi contrer toute opposition à leur projet mondialiste liberticide et socialement destructeur.

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Pour prolonger, cliquez : Institutionnalisation de l'Etat d'urgence


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