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Chaïm soutine

Publié le 05 février 2016 par Aelezig

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Chaïm Soutine, né dans le village de Smilovitchi, près de Minsk, dans l'actuelle Biélorussie, le 9 juin 1893 et mort à Paris, le 9 août 1943, est un peintre français, d'origine biélorusse.

Il a développé précocement une vision et une technique de peinture très particulières en utilisant, non sans raffinement, une palette de couleurs flamboyantes dans un expressionnisme violent et tourmenté qui peut parfois, dans ses portraits, rappeler Egon Schiele. Il est l'un des peintres majeurs rattachés, avec Modigliani et Chagall, à ce qu'on appelle l'Ecole de Paris.

Peu expansif, introverti et secret, Chaïm Soutine n’a tenu aucun journal et n’a laissé que peu de lettres. 

Il naît dans une famille juive orthodoxe d'origine lituanienne de Smilovitch, un shtetl (village) de quatre cents habitants en Biélorussie. Les conditions de vie étant pénibles pour les juifs sous l'Empire russe, il y passe une enfance pauvre, dans les traditions et les principes religieux du Talmud. Son père gagne sa vie comme raccommodeur chez un tailleur. Chaïm est le dixième de onze enfants. Timide, il se livre peu. Le jeune garçon préfère dessiner au détriment de ses études, souvent des portraits de personnes croisées ou côtoyées. La tradition rabbinique étant très hostile à la représentation de l’homme, le jeune homme est souvent puni. En 1902, il part travailler comme apprenti chez son beau-frère, tailleur à Minsk. Là-bas, à partir de 1907, il prend des cours de dessin avec un ami qui partage la même passion, Michel Kikoine.

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Un jour, il est violemment battu par le fils d’un homme dont il réalisait le portrait. La mère de Chaïm porte plainte, obtient gain de cause et perçoit une vingtaine de roubles en dédommagement. En 1909, cet argent permet au jeune Soutine de partir en compagnie de Kikoine, pour Vilna. Les deux amis sont accueillis chez le docteur Rafelkes et trouvent un emploi de retoucheurs chez un photographe.

En 1910, les deux jeunes hommes sont admis à l’école des beaux-arts. Là, un trio se forme avec la rencontre de Pinchus Krémègne. Les conversations tournent autour de la capitale de la France où, dit-on, de nombreux artistes, venus de tous horizons, créent un art totalement nouveau.

Voyant là l’occasion de s’émanciper, Krémègne part le premier pour Paris bientôt suivi par Kikoïne en 1912. Soutine espère fermement les rejoindre. Devant ce désir irrépressible, le docteur Rafelkes finance son voyage. En partant, Chaïm rompt avec son entourage et son passé. De ses travaux réalisés jusque-là, il n’emporte ni ne laisse aucune trace.

Krémègne l’accueille à Paris, le 13 juillet 1913 et l’emmène à « La Ruche », une cité d’artistes du quartier de Montparnasse. Il y a là de nombreux peintres étrangers — que l’on désignera bientôt comme l’Ecole de Paris. Dès son installation, il court au musée du Louvre découvrir ce qu’il ne connaît que par les gravures vues à l’école des beaux-arts de Vilna. Faute de pouvoir récupérer l’atelier que Chagall vient de quitter, il partage celui de ses deux compatriotes retrouvés. Quelque temps après, il s’inscrit à l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts, où Kikoïne est élève. Pour subsister, il travaille de nuit comme porteur à la gare Montparnasse. C'est à cette époque qu'il ressent les premières douleurs stomacales ; symptômes consécutifs à des années de privations. Par ailleurs, il est obsédé par les souvenirs morbides de souffrances et de pauvreté de son enfance. Il se voit toujours traqué par la misère et tente de se pendre pour en finir. Il est sauvé in extremis par son ami Krémègne. Ces souffrances intérieures, aussi bien physiques que psychiques, lui provoquent une telle tension nerveuse qu’un ulcère gastrique ne tarde pas à se déclarer. 

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Le samedi 2 août 1914, l’ordre de mobilisation générale est donné. Soutine se porte volontaire et creuse des tranchées, en tant que terrassier. Il est cependant rapidement réformé à cause de son fragile état de santé. Recensé comme Russe, il obtient de la préfecture de police un permis de séjour au titre de réfugié.

Solitaire, il se tient à l’écart de toutes tendances artistiques et s’installe à la cité Falguière. C’est là que le sculpteur Jacques Lipchitz lui présente Amedeo Modigliani — également réformé car atteint de tuberculose. Modigliani, son aîné de dix ans, lui voue une réelle affection. Il devient son ami et son mentor.

Ne mangeant presque jamais à leur faim, ils s’adonnent à la boisson, vont voir les prostituées. Soutine se partage entre les ateliers de ses amis de « La Ruche » et de Falguière, se rend souvent à Livry-Gargan où Kikoïne vit avec sa femme. 

Modigliani le présente à son marchand, Léopold Zborowski. À la vue de son travail, ce dernier n’hésite pas à le prendre sous son aile. En 1918, Modigliani doit partir se soigner à Vence, dans le Midi de la France, et demande à Soutine de le rejoindre.

À Céret, il retrouve le peintre Pierre Brune. Michel Kikoïne vient le voir pendant quelques mois. Fin janvier 1920, il apprend la mort de Modigliani. Ébranlé par la disparition de son ami, il cesse de boire et observe les recommandations des médecins pour s’alimenter. Il est cependant trop tard pour son ulcère. Ombrageux, colérique et sauvage, il vit à l’écart de la communauté artistique. Pendant près de deux ans, il peint énormément. En été 1920, Zborowski vient chercher près de deux cents toiles.  

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À cette époque, l’arrivée d’un riche collectionneur américain, le docteur Albert Barnes, met le Paris artistique en émoi. Celui-ci désire réunir une collection d’œuvres contemporaines pour sa fondation à Philadelphie. Zborowski réussit à lui vendre une soixantaine de toiles peintes à Céret, assurant ainsi la renommée de Soutine. 

Soutine part pour Cagnes-sur-Mer où il peint une série de paysages aux couleurs lumineuses. Hanté par des questions de formes et de couleurs, souvent insatisfait de son travail, Soutine renie et brûle un grand nombre de toiles peintes à Céret au cours d’accès de désespoir. La région ne lui plaît pas et il en avise son marchand pour revenir à Paris en 1924.

Désormais, il vit confortablement, soigne sa mise, perfectionne son français en lisant beaucoup et se passionne pour la musique de Bach. Il habite près du parc Montsouris et loue un atelier spacieux. Il revoit Deborah Melnick, qu'il avait connue à Vilna, et entame une brève liaison. Le couple est déjà séparé quand Deborah met au monde une fille en juin 1925 Soutine refuse de reconnaître l’enfant.

Il ne cesse de peindre. Les animaux écorchés ou éventrés qu’il prend comme modèle sont des visions de son enfance qui hanteront une bonne part de sa peinture, comme la série des carcasses de bœufs et celle des volailles. Les voisins, horrifiés par les cadavres d’animaux qu’il conserve dans son atelier, se plaignent des odeurs qui émanent de son atelier. 

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En juin 1927, le peintre ne se montre pas au vernissage de la première exposition de ses œuvres. Hostile à ce genre de manifestation, il en limite le nombre de son vivant. Il séjourne souvent dans la maison louée par Zborowski dans la ville de Le Blanc, dans l’Indre, et dans la propriété de Marcellin et Madeleine Castaing à Lèves, près de Chartres. Il s’est lié d’amitié avec le couple, grand amateur d’art, lors d’une cure à Châtelguyon en 1928. 

Ses tableaux sont maintenant présents dans de prestigieuses collections. En 1929, il peint la série des arbres à Vence lorsque survient la crise économique aux Etats-Unis. Les acheteurs américains se font rares. La crise gagne l’Europe. En 1932, Zborowski est ruiné. En mars 1932 à 43 ans, il meurt d’une crise cardiaque. Soutine réserve alors sa production aux Castaing. En 1935, vingt de ses tableaux sont exposés à Chicago. En 1937, Paris organise une exposition au Petit Palais, il s'installe à la villa Seurat, dans le quartier d'Alésia. Cette année-là, il rencontre Gerda Groth, réfugiée juive allemande qui a fui le régime nazi. Quand la guerre éclate, ils partent ensemble dans l’Yonne à Civry-sur Serein.

Le 15 mai 1940, Gerda est arrêtée et envoyée, en tant que ressortissante allemande, au camp de Gurs dans les Pyrénées-Atlantiques. Libérée sur intervention elle se cache à Carcassonne jusqu’à la fin de la guerre. Elle ne reverra jamais plus Soutine.

Sous le régime de Vichy, les juifs ont l’obligation de se faire recenser. Soutine, traqué, mène une vie clandestine, retournant souvent à Paris pour se faire soigner. Bien que conscient du danger auquel il s’expose, il ne semble pas avoir fait les démarches nécessaires pour fuir la France. Suite à une dénonciation, il se réfugie à Champigny-sur-Veude, près de Tours, avec sa nouvelle liaison, Marie-Berthe Aurenche, ancienne épouse de Max Ernst. Bientôt, son ulcère s’aggrave. Le 31 juillet 1943 au matin, il est fiévreux et doit être hospitalisé. Avant d’être transporté, il se rend à son atelier et brûle ses toiles. À l’hôpital de Chinon, son état est jugé critique : une hémorragie interne est diagnostiquée. Il faut l’opérer. On le dirige vers une clinique parisienne. Les contrôles de la France occupée doivent être évités et le voyage se révèle plus long que prévu. Opéré dès son arrivée, le 7 août, il meurt deux jours plus tard.

En haut à gauche : portrait par Modigliani

D'après Wikipédia

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