Titre original : Dirty Grandpa
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Dan Mazer
Distribution : Robert De Niro, Zac Efron, Aubrey Plaza, Zoey Deutch, Julianne Hough, Dermot Mulroney, Jeffrey Bowyer-Chapman…
Genre : Comédie
Date de sortie : 3 février 2016
Le Pitch :
Jason Kelly, un garçon bien sous tous rapports, se prépare à épouser une fille de bonne famille et ainsi embrasser l’existence qu’on a planifié pour lui. Cependant, son grand-père, un électron libre principalement intéressé par le sexe et la fête, ne l’entend pas de cette oreille. Bien décidé à ouvrir les yeux de son petit-fils, il l’embarque dans un voyage en Floride, pendant le spring break, afin de le décoincer…
La Critique :
Le problème de Robert De Niro c’est… Non, en fait, De Niro n’a aucun problème. Ce sont plutôt certains spectateurs qui en ont un avec lui. Des spectateurs qui sont aussi parfois des journalistes, et qui ont largement utilisé, ces dernières années, des expressions du genre « De Niro touche le fond », « on a définitivement perdu De Niro », quand l’acteur s’amusait dans des comédies légères. Un phénomène particulièrement visible chez nous, en France, où il est très mal vu de changer radicalement de registre et de jouer avec son image. Dans l’Hexagone, on aime bien compartimenter. Robert De Niro a joué dans Les Affranchis, Il était une fois en Amérique, Taxi Driver ou encore Voyage au bout de l’enfer et en cela, il n’a absolument pas le droit d’apparaître dans une comédie dans laquelle il joue un grand-père vicelard principalement intéressé par la picole et le cul. Alors que son sort Dirty Papy, la presse se déchaîne sur la légende du cinéma américain, oubliant d’un coup d’un seul ses performances récentes dans Happiness Therapy ou Joy. Alors non, De Niro n’est pas fini, pas plus qu’il n’a touché le fond. Par contre, il fait un truc que beaucoup de critiques ne comprendront jamais : il ne se prend pas la tête, jouit de sa réputation, joue avec son image et prend du plaisir. Et puis même, admettons qu’il ne fasse tout ça que pour le fric… Peu importe non ? En quoi cela devrait-il l’empêcher de prendre du plaisir à incarner des personnages farfelus dans des films qui le sont tout autant ?
Ceci dit, il faut savoir que Dirty Papy n’est pas une grande comédie. Mais ça, on le savait déjà merci bien. Par contre, Dirty Papy va loin et pousse son concept jusqu’à la limite et même un petit peu au-delà. Tout ce que vous voyez dans la bande-annonce donne bien la couleur et le film de continuer dans cette voie, sans s’arrêter aux feux rouges du bon goût, y compris quand les vannes tombent à plat. Là est paradoxalement sa principalement qualité, si on fait exception de Bob De Niro justement, dont l’abattage force en quelque sorte le respect, face à un Zac Efron particulièrement bon en petit-fils coincé. Réalisé par Dan Mazer, le scénariste de Borat (et d’autres films avec Sacha Baron Cohen) et le réalisateur du très bon Mariage à l’anglaise, Dirty Papy décide de pousser tous les compteurs dans le rouge. Et plus l’histoire avance, en prenant un malin plaisir à n’éviter aucun clichés, et plus la vraisemblance se fait la malle.
Nous avons d’un côté des gags vraiment gras. Mais alors vraiment très lourds. De l’autre, on retrouve cette morale bien américaine, au centre d’un nombre incalculable de comédies bien-pensantes. Dans le cas présent, c’est d’ambition dont il s’agit et de l’importance de faire ses propres choix pour trouver ce fameux bonheur inscrit dans la Constitution des États-Unis. On nous cause aussi de la famille et de temps en temps, au détour d’une scène, on aborde la thématique du fossé qui sépare les générations. Les rôles étant inversés, puisque De Niro joue le mec festif et Efron celui qui préfère les soirées pantoufles-infusion devant la télé. Le stratagème étant d’ailleurs assez amusant, surtout dans la première partie du film.
Le mélange entre la bien-séance et la faculté du scénario à enfiler comme des perles les vannes qui tâchent, contribuent à conférer à Dirty Papy son identité propre. À la fois inscrit dans une tradition séculaire qui interdit au spectateur toute surprise quant au dénouement, il sait aussi se montrer insolent, quitte à en faire des tonnes, en tapant systématiquement au-dessous de la ceinture.
Un dernier point vraiment appuyé par la performance hyper borderline de la décidément rock and roll Aubrey Plaza, qui franchit ici un nouveau cap, dans un registre qui n’est pas sans rappeler le récent The To Do List (The Sex List en version française). Pas farouche pour deux sous, entièrement vouée à la cause du film, la comédienne, par ailleurs star de Parks & Recreation et tornade de la scène comique U.S., bouffe l’écran à chacune de ses apparitions, et son duo avec Robert De Niro de donner suffisamment de piquant pour maintenir l’intérêt à un niveau acceptable.
Amis du bon goût, rebroussez chemin ! Dirty Papy ne donne pas dans le light. Ça déborde de partout, c’est parfois n’importe quoi, tout le monde y va franchement, assume à 100%, et à la fin, c’est pire. Les amateurs se reconnaîtront et prendront leur billet.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Metropolitan FilmExport