Expérimentations sur la matière ou inclusion dans le tableau de l'écriture et de la vie quotidienne, le travail de Tàpies accompagne les grands mouvements artistiques de ces cinquante dernières années.
La Fundació Antoni Tàpies à Barcelone et les Abattoirs ont un lien commun : l'œuvre d'Antoni Tàpies. Ce dernier est représenté à travers 8 œuvres dans la collection française (dont une rare peinture de sable de 1956), et la Fundació détient un ensemble exceptionnel de ses travaux, de par la volonté même de l'artiste. Davantage encore, c'est sur un moment historique partagé de l'histoire de l'art, celui de l'expérimentation artistique dans l'après-
guerre dans un contexte international nourri par les leçons des avant-gardes, que les deux institutions se retrouvent. Au début de l'année 2016, les Abattoirs et la Fundació Antoni Tàpies collaborent sous la forme d'un échange de leurs collections. Leur ambition est de permettre au public de situer l'émergence et le développement de l'œuvre de Tàpies dans le contexte d'une redéfinition forte de l'art dans les années 1950 et d'approcher le caractère résolument expérimental de son travail sur plus d'un demi-siècle.À Barcelone, l'exposition " Documents d'acció. Obres de les col·leccions Denney i Cordier (1947-1965) " (27 janvier
2015 - 22 mai 2016) de la Fundació Antoni Tàpies propose la présentation d'une soixantaine d'œuvres de la collection des Abattoirs - et plus particulièrement du fonds Anthony Denney, un des premiers collectionneurs de l'artiste autour de la notion d'un " art autre " développé par le critique Michel Tapié en 1952. Cette présentation situe l'œuvre dans une constellation où se croisent Henri Michaux, Alberto Burri ou encore les peintres japonais du mouvement Gutaï, tous engagés selon les mots de Michel Tapié dans une " fantastique proposition d'aventure totale de ce que nous savons être notre avenir. " À Toulouse, l'exposition débute par la présentation complète de la série Història natural (Histoire naturelle) réalisée par Tàpies en 1951. C'est par cette entrée, qu'elle entreprend, à travers une soixantaine d'œuvres, un parcours qui culmine avec Parla, Parla, une des œuvres maîtresses de l'artiste. L'exposition est conduite sur l'hypothèse d'une lecture de l'œuvre qui procède par analogie, par sympathie pour agglomérer à partir de ses formes une suite de discours sur le quotidien, la mémoire, la nature ou encore l'illusion.L'exposition ne se déroule pas selon un parcours chronologique mais se décline en sept ensembles, déduits à partir d'une œuvre ou d'un groupe de travaux. " Terre d'illusion ", " Histoire naturelle ", " Complémentaire ", " Combinaisons ", " Envers ", " Dépose " et " Quotidien " sont les sept chapitres de cette exposition.
Si elle est notée comme centrale dans la seconde moitié du XX e siècle, l'œuvre de Tàpies garde une pertinence
contemporaine décisive. Aussi, c'est dans une structure conçue par Guillaume Leblon en 2012 ( Je jouais avec les chiens et je voyais le ciel et je voyais l'air) que sont présentées certaines de ses sculptures. Ce dialogue est prolongé par la présentation à l'étage inférieur de National Monument, œuvre offerte aux Abattoirs en 2014 par l'artiste français.