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(poètes) Jackson Mac Low

Par Florence Trocmé

Jackson Mac Low (1922-2004) est un poète nord-américain. Dans les années 1950 il se joint au mouvement d’artistes conceptuels Fluxus : participant à des performances communes, dédiant des poèmes à ses membres, son anthologie rétrospective recevra un soutien de Yoko Ono. Quant à John Cage, les critiques sont divisés sur leur influence réciproque. Mac Low, voyant Cage introduire des processus aléatoires dans sa musique début des années 50, a transposé ce concept dans son écriture, et aurait peut-être donné en retour à John Cage l’idée de faire de même dans sa propre poésie fin années 50. Jackson Mac Low était un poète avec une vision d’artiste expérimental, et une conception très large des procédés de composition à employer dans l’art du langage, c’est pourquoi il sera reconnu comme pionnier par le mouvement de poésie avant-gardiste « Language » autour de Charles Bernstein dans les années 1980, ainsi que par les poètes conceptuels actuels comme Kenneth Goldsmith. Jackson Mac Low utilise donc des moyens de construction dans un but « non-intentionnel » influencé par ses idées bouddhistes, où l’ego de l’auteur tend à se réduire ou disparaître : tirage au sort de papiers contenant des fragments de phrases, contrainte de choix d’un mot pour un autre dans un dictionnaire, texte inséminateur transportant ses lettres dans un texte étranger, etc. Malgré ses manipulations, beaucoup de ses poèmes conservent une musicalité ou une humanité. La série des « danses » a un double aspect : d’un côté ce sont des injonctions sur cartes à des danseurs-performeurs pour improviser, mimer ou réaliser des actions, d’un autre côté Mac Low voulait les lire comme des poèmes à haute voix, avec ou sans les danseurs. Les « Light poems » et leurs répétitions obsédantes ont pour thème la « lumière » (physique ou peut-être conceptuelle, puisqu’elle existe aussi en métaphore symbolique positive dans la philosophie bouddhiste) : celui traduit ici porte en acrostiche au début de chaque vers une des lettres du nom des dédicataires (le compositeur de musique minimaliste La Monte Young et l’artiste Marian Zazeela). D’autres poèmes de Mac Low qui semblent assemblés avec des procédés aléatoires comme ses séries des Twenties (vingtaines, de vers) sont cependant rédigés « intuitivement » pendant des voyages, intégrant ce qu’il voit entend et pense en écrivant ; et les blancs au milieu des vers produisent en lecture publique des silences proportionnels à la longueur des espacements. Sa compagne l’artiste-poète Anne Tardos a édité après sa mort un vaste volume courant sur toute son œuvre, qu’elle a intitulé « chose de beauté ».
Bibliographie sélective :
22 Light Poems, Black Sparrow 1968
Stanzas for Iris Lezak, Something Else Press 1971
The Pronouns—A Collection of 40 Dances—For the Dancers,
Station Hill Press 1979
Asymmetries 1-260
, Printed Editions 1980
From Pearl Harbor’s Day to FDR’s Birthday, Sun &Moon 1982
Twenties: 100 Poems,
Roof 1991
Pieces o' Six: Thirty-Three Poems in Prose
, Sun & Moon 1991
42 Merzgedichte in memoriam Kurt Schwitters,
Station Hill Press 1994
Thing of Beauty,
University of California Press 2008 (anthologie)
The Complete Light Poems, Chax 2015
Traduction en français :
Les quarantains, Royaumont / Créaphis 2001, traduction collective par l’équipe d’Un Bureau sur l’Atlantique avec Juliette Valéry et l’auteur

Sitographie :
Jolie vidéo de Jackson Mac Low lisant son poème « Phone » en variations et déconstructions sur un thème quotidien (le téléphone), surveillant les rythmes avec son chronomètre à la main et atteignant pourtant un étonnant lyrisme
Neuf “Light poems” de Jackson Mac Low en lecture libre dans l’anthologie du site Light and Dust (en anglais)
[Jean-René Lassalle]


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