Steve Jobs, film de Danny Boyle

Au cœur de la révolution industrielle du XXème siècle, celle de l’informatique individuelle, un homme aura marqué l’histoire : Steve Jobs (1955 – 2011). Pour notre génération qui a découvert dans les années 80 cette innovation sans la laquelle nous n’imaginons plus survivre, le film ouvre des perspectives inattendues, même si nous avons suivi de loin les péripéties industrio-financières de la firme Apple. Je me souviens de l’achat de notre premier ordinateur familial Apple II, avec les logiciels Visicalc et Word, et la réflexion de Claude lors de ce premier achat : « C’est tout de même un peu cher (20 000 Francs en 1983, avec l'imprimante à aiguilles) pour une machine à écrire … ». Aujourd’hui, je regrette tellement de ne pas avoir conservé cette machine … digne d’un musée !

En trois temps forts, le film retrace les minutes qui précèdent les conférences de présentation par Steve Jobs des produits révolutionnaires (le Macintosh 124K, le NeXT et l’IMac). Le scénario d’Aaron Sorkin (celui de la célèbre série « The West Wing ») met en scène les contradictions, les violences, les paris financiers, et aussi les déboires de cet entrepreneur génial ici incarné par Michael Fassbender, lui qui n’a jamais codé une seule ligne mais conçu des machines révolutionnaires tout en se brouillant avec ses proches collaborateurs : Steve Wozniak, le concepteur de l’Apple II, John Sculley (Jeff Daniels), le PDG de l’entreprise qui débarque Steve Jobs mais que celui-ci forcera onze années plus tard à le réintégrer … Il y a aussi la fidèle d’entre les fidèles, Joanna Hoffmann (Kate Winslet), qui reste à ses côtés pendant toutes ces années. 

Mais encore l’étrange déni de paternité de sa fille, Lisa, dont on comprend le pourquoi : Steve Jobs cache une terrible et intime blessure … et méprise la mère instable de cette enfant (incarnée par Katherine Waterston – la fille de Sam, le rédac-chef de « News Room » et l’inoubliable procureur de "New-York police judiciaire").

C’est acéré, très bien joué (même si Michael Fassbender ne cherche pas tellement à ressembler à son modèle), prenant, un peu complexe pour les non-initiés en informatique mais certainement plus compréhensible pour les geeks.

Le point de vue du côté des coulisses est original, avec les enjeux de pouvoir entre inventeurs et actionnaires, le heurt de conceptions totalement opposées entre les ingénieurs bidouilleurs et le visionnaire génial qui se plante à plusieurs reprises mais finit par avoir, contre tous, raison : que ferions-nous aujourd’hui sans nos IMac, nos smartphones, l’internet, l’Ipode et les tablettes ?