« Mes cheveux poussaient aussi mais ils étaient raides, blondissaient avec l'été et je ressemblais à un joueur tchécoslovaque dégingandé quand j'aurais voulu être un ange vert aux boucles brunes cascadant au ras de mes épaules. ».
Contrairement à ce que les allergiques au sport( dont j'en connais un certain nombre dans mon entourage) aurait tendance à le penser, on peut lire l'équipe et aimer la littérature et surtout trouver que certains journalistes possèdent une plume que certains romanciers pourraient leur envier..
C'est notamment le cas de Vincent Duluc, un journaliste du quotidien sportif dont je suis particulièrement les écrits et pas seulement car il suit depuis plusieurs années tous les matches de mon équipe locale, l'Olympique Lyonnais.
Il faut dire que le type, dont la chevelure abondante pourrait me rendre jaloux- on le voit aussi palabrer dans certains débats sportifs télévisés, notamment sur... l'équipe 21 :o)- possède un sens de la formule et un style vraiment singulier qui a tendance à accroitre le plaisir du lecteur déjà satisfait lorsque son équipe de coeur a gagné un match....
Autrement dit, rien d'étonnant à ce que l'homme ait voulu sortir un peu du carcan journalistique et des comptes rendus du match pour se lancer dans l'écriture littéraire et après un premier essai particulièrement remarqué et remarquable- "le cinquième beatles"- toujours chez Stock- qui relatait avec une beau lyrisme et pas mal d'ironie l'incroyable vie du footballeur anglais George Best- il nous livre en cette rentrée de janvier 2016 son second roman, le non moins formidable Un Printemps 76.
Un livre qui part forcément sous de bons auspisses : bien sur qu'elle était formidable cette année 76 - , vous voulez vraiment savoir pourquoi?- et l'est forcément pour les amateurs de foot tant elle a sonné l'apogée de la mythique équipe de Saint-Etienne, les fameux verts avec le non moins célèbre Dominique Rocheteau-- vous savez celui qui a fait l'acteur chez Pialat- en tête de gondole- l'année où elle a atteint la finale de cette compétition qu'on n'appellait pas encore la Ligue des Champions et où l'agent quatari ne coulait pas encore à flot...
Car avant de passer chez l'ennemi lyonnais, Vincent Duluc a âprement défendu le club de la ville où il a passé sa jeunesse et chantait comme des milliers de français : Qui c'est les plus forts, évidemment c'est les Verts" le foot étant pour les stephanois de l'époque, souvent en prise avec des conditions sociales très difficiles un vrai ballon d'oxygène si je peux dire..
Car plus qu'un simple livre sur le football, ce printemps 76 transcende largement le simple livre de souvenirs sur le football pour devenir grâce à la plume pleine d'humour et de sensibilité de Duluc, une chronique nostalgique et tendre sur une période révolue à tous les niveaux. Certes les allergiques au ballon rond risquent quand même de s'ennuyer un peu au fil des pages, mais les autres doivent en revanche se jeter sur ce très beau roman d'un de nos meilleurs écrivains journalistes, dans la droite lignée d'un Antoine Blondin contemporain, un compliment qui ne pourra, je pense, que faire plaisir à tout journaliste de l'Equipe...
Un printemps 76, Vincent Duluc ( Stock)