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[Critique] CHAIR DE POULE – LE FILM

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] CHAIR DE POULE – LE FILM

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Titre original : Goosebumps

Note:

★
★
★
½
☆

Origine : États-Unis
Réalisateur : Rob Letterman
Distribution : Jack Black, Dylan Minnette, Odeya Rush, Ryan Lee, Amy Ryan, Jillian Bell, Halston Sage, Ken Marino…
Genre : Fantastique/Aventure/Comédie/Adaptation
Date de sortie : 10 février 2016

Le Pitch :
Zach et sa mère viennent d’emménager dans une petite ville en apparence plutôt tranquille. Rapidement, l’adolescent fait la connaissance de Hannah, sa voisine. Cloîtrée avec son père, un homme autoritaire, dans leur grande maison, la jeune fille n’aspire pourtant qu’à faire plus ample connaissance avec Zach. Un jour, après avoir entendu des cris d’effroi en provenance de chez Hannah, Zach s’introduit chez elle et découvre que son voisin n’est autre que l’auteur à succès de la saga littéraire Chair de Poule, R.L. Stine. Il va aussi malheureusement s’apercevoir que toutes les créatures peuplant les ouvrages de l’écrivain existent bel et bien. Et justement, l’une d’elles vient de s’échapper de son univers de papier. Elle sera bientôt suivie par de nombreuses autres, et le chaos de s’installer à la vitesse grand V dans la bourgade autrefois si paisible…

La Critique :
R.L. Stine a été surnommé le Stephen King des enfants. Un auteur à succès qui a tout de même vendu plus de 400 millions d’exemplaires de ses bouquins depuis ses débuts, soit environ 50 millions de plus que le créateur de Shining. Déjà adaptée en série, sa saga Chair de Poule, aussi populaire en Amérique que chez nous, se devait donc tôt ou tard d’atterrir dans les salles obscures. Et c’est donc après le départ de Tim Burton, voilà quelques années, que Rob Letterman récupéra le projet pour le porter à l’écran.
Chair de Poule n’étant d’ailleurs pas l’illustration d’un livre en particulier, mais plutôt la synthèse de l’univers de l’écrivain. C’est ainsi que les personnages du film sont confrontés à des dizaines de créatures issues de l’imaginaire de Stine, comme Abby, l’abominable homme des neiges, Slappy la marionnette, le loup-garou, ou encore la horde de zombies ou la mante religieuse géante. Un procédé scénaristique intelligent, qui permet donc de saisir l’essence des écrits de Stine, au sein d’un spectacle à la fois drôle, rythmé et effrayant.
Cela dit, concernant ce dernier point, il convient quand même de nuancer, tant, on s’en doute, Chair de Poule n’entend pas faire peur aux adultes, plutôt habitués à frisonner devant des films comme Massacre à la Tronçonneuse ou Halloween, mais les spectateurs plus jeunes, auquel le long-métrage s’adresse en priorité.

Chair-de-Poule

Pour autant, Chair de Poule n’exclue pas les adultes. Telle la déclinaison « monstrueuse » de Jumanji qu’il est, le long-métrage se veut fédérateur. Avec ses créatures diverses et variées, il entend raviver l’état d’esprit d’un cinéma familial honnête et généreux, en s’inscrivant un peu dans la lignée des productions Amblin d’antan comme Gremlins, dans lequel il était déjà question de monstres mettant à sac une petite ville de l’Amérique profonde. Au fond, peu importe que l’on connaisse R.L. Stine ou même que l’on apprécie son boulot. Difficile de ne pas se laisser happer par le spectacle quand on a conservé quelque-part son âme d’enfant.
Basé sur un schéma scénaristique classique, Chair de Poule va directement à l’essentiel. Les clichés, il se fait un plaisir de les faire siens et ne se préoccupe pas de sonner avec originalité, mais plutôt de taper dans le mille, avec les éléments mis à sa disposition, soit, en l’occurrence, des monstres et Jack Black. Et les monstres, parlons-en ! Ici, ils sont légion. Un loup-garou dans un supermarché, une énorme mante religieuse, un pantin fait de bois ou encore des zombies, Chair de Poule balaie très largement le spectre du cinéma d’horreur. Illustrées avec soin grâce à des effets-spéciaux la plupart du temps inventifs, voire franchement excellents (la mante est parfaite), les créatures imaginaires répondent également à leur représentation séculaire. Les morts-vivants, si ils ne se livrent pas à des exactions gores (on est quand même dans un film familial), ressemblent vraiment à des êtres humains décomposés, le loup-garou fait honneur à ses ancêtres de la Hammer, et Slappy la marionnette, qui se pose en chef d’équipe (et qui parle avec la voix de Jack Black) s’avère aussi machiavélique que savoureux dans ses tirades et ses multiples interventions.
À vrai dire, le show ne souffre d’aucun faux pas. Respectueux, il s’appuie sur une montée en puissance classique et entretient un équilibre appréciable entre les divers genres auxquels il vient se rattacher. Suffisamment en tout cas pour faire frisonner les petits et rigoler les plus grands, grâce à des répliques à la fois référentielles et bien senties.

Jack Black pour sa part, comme sous-entendu plus haut, assure comme la bête de scène qu’il demeure. Son interprétation de R.L. Stine force le respect. Loin de prendre l’exercice à la légère, il habite son personnage avec la conviction nécessaire pour nous pousser à le suivre dans ses folles aventures. Et quitte à comparer Chair de Poule avec l’illustre Jumanji, on pourrait carrément avancer que sa présence et son charisme dans le cas présent, évoquent eux aussi le travail de Robin Williams dans le long-métrage de Joe Johnston. Conscient de sa position de leader d’un casting de jeunes acteurs, par ailleurs tous impeccables, le co-créateur du groupe Tenacious D n’y va pas avec le dos de cuillère mais ne tombe pas dans la surenchère, captant parfaitement l’esprit de cette production caractérisée par sa démarche savoureusement old school. Son évolution au fil du film apportant également un surplus d’émotion qu’il était difficile de soupçonner en premier lieu, devant ce qui n’aurait pu être qu’un énième ramassis d’images de synthèses à destination d’un public peu regardant.

Profondément honnête, Chair de Poule – Le Film se pose comme un divertissement à l’ancienne, boosté avec la technique d’aujourd’hui. Mis en scène avec pertinence et parfois même avec un certain brio, par un Rob Letterman toujours en place, il ne va certes pas révolutionner le style qu’il entend embrasser mais s’avère plus convainquant, touchant et spectaculaire que la plupart des autres longs-métrages situés dans la même catégorie.
Et il ne faut de plus pas négliger la portée de son discours. Avec ses monstres sortis de livres, Chair de Poule se pose pour ainsi dire comme une ode à l’imagination et à la création. Sans crier gare, il valorise et encourage la lecture et l’écriture, et redore au passage, à sa façon, un genre souvent décrié (le fantastique), alors que celui-ci a constitué pour de nombreux lecteurs, une parfaite porte d’entrée à la littérature. Voir un film prendre parti, peut-être modestement mais quand même, et « pousser » en quelque sorte les jeunes dans les librairies, en 2016, en pleine suprématie d’internet et des technologies ayant rendu pour beaucoup les livres obsolètes, est vraiment appréciable. Le tout sans perdre de son pouvoir d’attraction ni de sa capacité à émerveiller. Alors en effet, Chair de Poule n’invente pas grand-chose, mais rien que pour cela, il mérite non seulement qu’on s’y intéresse, mais aussi qu’on salue le message qu’il véhicule avec sincérité et passion.

@ Gilles Rolland

Chair-de-Poule-Jack-Black
  Crédits photos : Sony Pictures Releasing France


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