Et mince, bon pas le choix, il fallait bien que je passe par là pour aller à la gare. Les deux gars étaient encore là comme hier. Ce n’est pas possible, à croire qu’ils n’avaient pas de chez eux ces gars. On aurait dit qu’ils avaient pris racine, toujours dans le même coin, au même endroit comme des vigies. Toujours en train de mater les filles qui passent, ils n’avaient rien d’autre à faire de leurs journées.
J’avais espéré qu’ils ne seraient plus là mais manque de bol ils étaient là. Les deux relous de service l’un avec sa casquette et l’autre avec son sweat à capuches, de véritable caricatures qui roulent des mécaniques et qui se croient malins en sifflant les filles. Faudrait leur expliquer la théorie de Darwin et que normalement l’homme a évolué depuis Croc Magnon. Mais bon apparemment, il y a des exceptions qui confirment les règles.
A chaque fois, c’est la même chanson, peu importe comment je m’habille ou mes autres congénères avec moi, qu’on soit en robe, jean, costume strict ou coloré ; à chaque fois la même approche. Tous le monde y passe, ils ne font pas de sectarisme grande, petite, mince ou pas, âgée ou jeune à partir du moment où tu as une poitrine, tu sais que tu vas avoir droit à leurs remarques. Rien n’arrête leur bêtise et le pire c’est qu’ils doivent penser sincèrement qu’on trouve ça agréable de se faire déshabiller du regard ou d’entendre leurs commentaires salaces, l’horreur. Comment ne peuvent-ils pas comprendre que le minimum c’est de respecter l’autre et pas de le considérer comme un objet ?
Les « mademoiselle t’es trop belle »quand ils sont a peu près cleans et les remarques beaucoup moins polies quand on a le malheur de les ignorer ou d’accélérer le pas y en a vraiment marre. Bon qu’est ce que je fais ce coup si ? je sors mon portable pour faire mine que je suis au tél pour les dissuader, car là manque de bol personne d’autre en vue à part moi. Fais suer, ce coup ci ça va être mon tour de me faire emmerder.
Les 2 types étaient à 500 m de moi, j’essaye de mettre la main sur mon téléphone mais d’un coup je me rappelle que je l’ai laissé dans l’entrée. Une alerte se déclenche dans ma tête ; bon allez respire, ils ne vont peut être pas me calculer Mais à leur regard, je comprends que malheureusement, ils viennent de me répérer et vont m’aborder.
Je commence à bouillir intérieurement, j’en ai marre de leurs remarques débiles tout ça parce que je suis en robe et en collant. On ne peut même plus s’habiller tranquille parce que des tâches pensent que quand tu as une jupe ou un décolleté ça veut dire que tu leurs faits des avances. La distance avec eux rétrécit à vu d’œil, et m..e ils me matent ; le plus petit commence à me parler, « eh t’es bonne toi tu vas où habillée comme ça ? »
Que faire, si je lui réponds, il va continuer à me parler, si je l’ignore, il peut devenir encore plus agressif surtout que devant son pote il ne voudra pas perdre la face. Mon cerveau s’emballe, la peur, une bouffée de chaleur me monte au visage. Je sens mon estomac qui se contracte, mon cœur se met à cogner plus fort et je serre par automatisme un peu plus fort mon sac. Reflexe débile, si je lui balance un coup de sac ça ne sera pas suffisant.
Il faut que je trouve un truc à lui dire, il faut que je montre que je n’ai pas peur même si c’est l’inverse Une insulte bien sentie, un sourire poli. Ce genre de type c’est comme les animaux, ils sentent la peur et ils sont encore plus méchants. On se redresse, on allonge les foulées, tout va bien se passer tout va bien se passer, je me répête ça comme un mantra alors que j’ai la peur au ventre. Le mieux c’est de l’ignorer, allez il n’existe pas, je n’en ai rien à faire de ce qu’il me dit dans 2 min je serais à la gare et loin d’ici ça va aller courage.
Il se rapproche et m’attrape le bras, et là j’agis par automatisme, je tape de toute mes forces sur son bras pour qu’il me lâche et je hurle et le traite de tous les noms. le type est déstabilisé, de surprise, il me lâche et lui et son pote se barrent. Il me faut plusieurs minutes pour me calmer et sentir mon coeur battre à nouveau normalement.